Un propriétaire d’une maison de Québec se questionne sur l’accompagnement et le soutien à l’intégration des nouveaux arrivants après avoir constaté des dégâts évalués à plus de 70 000 $ dans le logement.
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Il y a près de trois ans, Mario Montminy a loué une résidence en bon état située sur la 48e Rue Ouest, dans le secteur de Charlesbourg.
Un bail a été dûment signé entre les parties, mais l’entente incluait une participation financière à 75 % de l’Office municipal d’habitation de Québec (OMHQ).
Les locataires étaient également liés au Centre multiethnique de Québec, un organisme qui accueille les immigrants et facilite leur établissement avec de l’hébergement transitoire et un soutien à l’intégration.
Les locataires ont toujours versé leur part du loyer, excepté dans les derniers mois. Le propriétaire a dû avoir recours au Tribunal administratif du logement pour résilier le bail et expulser la famille pour non-paiement.
Insalubrité
Moisissures, humidité et insectes, l’endroit est désormais sale et inhabitable. Les dommages au bâtiment sont évalués à plus de 70 000 $ et les travaux devraient prendre plusieurs mois.
Lors du passage du Journal, des coquerelles se promenaient encore malgré deux visites d’un exterminateur. Il faudra bientôt ouvrir les murs.
« Au départ, c’était très propre. Là, c’est épouvantable. Il y en a partout. Ils n’ont pas détruit la place, ils ont négligé la place. Sauf qu’au final, ça me coûte la même chose », se désole M. Montminy.
Le propriétaire se demande si les locataires ont bénéficié de l’aide nécessaire. « Ce n’est pas mon rôle. Est-ce qu’ils ont été laissés à eux-mêmes ? S’ils ne savent pas comment ouvrir une fenêtre, il faut leur montrer et ils vont comprendre », ajoute-t-il.
Les dommages constatés sont principalement liés au chauffage, à l’aération, aux fenêtres et à la hotte de cuisine. L’électricité et la plomberie avaient été inspectées. Les anciens locataires ne pourront évidemment pas payer pour les dégâts.
Un cas d’exception
« Il y avait de l’eau partout dans les fenêtres. S’ils étaient une dizaine, à faire à manger, à prendre des douches, sans jamais ouvrir une fenêtre ou partir l’échangeur d’air, ça donne ça. Je pense que je vais être capable de faire payer l’OMHQ, mais ça va prendre combien de temps ? » se demande le propriétaire, qui souhaite vendre son immeuble après cette mauvaise expérience.
Heureusement, il s’agit d’un cas d’exception, selon lui.
« C’est comme une erreur de parcours. Sur 30 logements, je n’ai pas beaucoup de problèmes », résume-t-il, ne sachant toujours pas qui payera la facture.
Une négligence de la part des locataires
Le Centre multiethnique de Québec assure que la famille a reçu tout le soutien possible et nécessaire sur une longue période de temps. La directrice générale de l’organisme explique cependant que les locataires ont leur part de responsabilité dans les dommages causés au bâtiment.
« Oui, on a fait notre travail. Pour la majorité, ça fonctionne bien. C’est dans l’application que la famille a peut-être été négligente. Notre responsabilité est de faire au moins 5 à 10 rencontres de suivi. Tout ce qu’on pouvait faire a été fait », mentionne Natacha Battisti.
Cette dernière affirme que les locataires n’ont pas été laissés à eux-mêmes, bien au contraire. Sauf que cet accompagnement ne peut pas se faire 24 heures par jour, sept jours sur sept.
Manque de respect
« Il y a eu assurément un non-respect du bien d’autrui. C’est une situation déplorable », reconnaît Mme Battisti.
De son côté, le directeur général de l’OHMQ affirme aussi que le processus habituel a été respecté. La maison était effectivement en bon état au départ.
« Il y a eu de l’accompagnement. L’engagement de l’OMHQ, c’est d’envoyer la partie du loyer à chaque mois. On va prendre nos responsabilités », rétorque Claude Foster.
Par contre, le dirigeant précise que ce n’est pas le rôle de son organisation de faire de l’éducation.
« Je sympathise et je ne suis pas de marbre devant cette situation. Je comprends le désarroi de M. Montminy. »
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