Meta, l’ex-Facebook, va dépenser 10 milliards de dollars américains pour jeter les bases d’un univers virtuel immersif appelé métavers. Et ce n’est qu’un seul des nouveaux produits qui sortiront au cours des prochaines années de ses Reality Labs. Au menu : montre intelligente, enceinte connectée, lunettes de réalité augmentée… alouette !
L’écran connecté Portal et des lunettes connectées réalisées de concert avec la marque Ray Ban ne sont qu’un début, dit en entrevue exclusive avec Le Devoir Andrew « Boz » Bosworth, qui, après 15 ans chez Facebook, accédera d’ici 2022 au poste névralgique de chef de la technologie chez… Meta, nom choisi par l’entreprise californienne pour signifier son développement futur.
« Meta, c’est ça : nous serons plus qu’un réseau social. Du côté matériel, nous fabriquons beaucoup de prototypes pour tester certaines fonctions très précises et quand un tel prototype deviendra assez raffiné, il se peut qu’on le mette en vente », dit-il. Le prochain grand produit est évidemment tout indiqué : un casque de réalité mixte, appelé projet Cambria. Il est attendu l’an prochain.
La réalité mixte est ce qu’on voit quand on porte un casque doté de caméras qui peuvent recréer devant nos yeux une image de l’environnement physique qui se trouve devant soi, et quand on y ajoute du contenu numérique entièrement virtuel. Cette définition vaut aussi pour le « métavers », un mot répété souvent jeudi dernier par le p.-d.g. de Facebook, Mark Zuckerberg, pour indiquer là où souhaitait diriger son entreprise.
Nous misons surtout sur la foi que nous avons dans le fait que le métavers finira par être plus grand que l’est le Web actuellement.
« Ce sera tout un écosystème. On y fera du commerce, on pourra s’échanger des articles de façon virtuelle, ce sera un lieu où les travailleurs pourront aller pour être plus productifs. Et ce sera très différent de ce qu’on fait présentement avec un téléphone. Le métavers est la prochaine grande courbe de croissance pour la technologie. »
Cette réalité virtuelle aidera aussi apparemment à se tenir en forme : Facebook a justement annoncé en fin de journée vendredi le rachat de l’éditeur de l’application de mise en forme par abonnement Supernatural pour mieux l’intégrer à sa plateforme virtuelle.
Un univers à bâtir… ou à acquérir
D’autres environnements numériques existent déjà : Microsoft et ses lunettes HoloLens s’approchent beaucoup de ce qui se trame dans les Reality Labs de Meta. Si on considère les plateformes de jeux vidéo ouvertes comme Roblox et Fortnite (Epic Games), la liste peut s’allonger drôlement.
Mais le métavers n’est ni un jeu ni une application d’entreprise. C’est quoi ? « C’est un environnement immersif qui n’a pas besoin d’être exploré à partir d’un casque de réalité virtuelle, mais qui est beaucoup plus riche et immersif s’il l’est. Il réunit en un seul endroit tous ces petits univers créés par chacune des applications de tous les jours que vous utilisez en ce moment séparément », dit Andrew Bosworth.
« C’est l’évolution du réseau social vers un monde virtuel où l’avatar des utilisateurs n’est plus seulement un nom et une photo. C’est un personnage en trois dimensions qui peut explorer un environnement physique et qui peut interagir avec d’autres personnes ou avec des entreprises », ajoute Nadia Seraiocco, chargée de cours à l’École des médias de l’UQAM et spécialiste des technologies numériques.
Ce que souhaite créer Zuckerberg n’est pas sans rappeler Second Life, selon elle, un monde virtuel qui a connu son heure de gloire entre 2003 et 2013. Le concept avait attiré de nombreuses entreprises. La canadienne Telus possédait sa propre boutique dans Second Life, où elle offrait du service à la clientèle à distance.
Ses meilleurs jours sont loin derrière, mais Second Life existe encore… D’ailleurs, si Meta échoue à faire décoller son propre univers numérique, il pourra toujours tenter d’acquérir un de ses environnements rivaux, ajoute Mme Seraiocco. C’est comme ça qu’Instagram a été acquis par Facebook en 2012…
« Second Life est une superbe technologie qui a vu le jour trop tôt », dit Andrew Bosworth. Le futur directeur de la technologie de Meta ne voit pas son propre environnement connaître le même sort, même si les casques Oculus, à l’heure actuelle, attirent surtout les plus jeunes amateurs de jeu vidéo.
« Oui, c’est vrai, nous misons surtout sur la foi que nous avons dans le fait que le métavers finira par être plus grand que l’est le Web actuellement. Il ne faut pas oublier que bien des technologies à leurs débuts avaient l’air d’un jouet, mais c’est comme ça que nous finissons aujourd’hui avec des téléphones intelligents dans nos mains. »
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