Le président du conseil d’administration de Cogeco, Louis Audet, a ouvert le bal lundi dernier en osant proposer une augmentation du salaire minimum de 13,50 $ à 20 $ l’heure. Ce serait un moyen de réduire les inégalités sociales qui vont s’accroissant et toute la société – même le patronat – en sortirait gagnante. Comme il le disait lui-même, « il faut avoir un peu d’audace! ».
Rapidement, on a vu le gouvernement se braquer contre cette idée, multipliant les appels à la sacro-sainte prudence et se bornant à évoquer le « choc économique important » que subiraient les employeurs si le salaire minimum était augmenté trop vite. Et malheureusement, il n’a rien proposé pour venir en aide rapidement à tous ces travailleurs et travailleuses à bas salaire qui ont de plus en plus de difficulté à joindre les deux bouts.
Les prix bondissent
Une telle position de fermeture du gouvernement est totalement irresponsable.
Pas plus tard que la semaine dernière, dans son discours d’ouverture, le premier ministre reconnaissait qu’il y avait eu une hausse rapide du coût de la vie dans la dernière année. Statistique Canada a chiffré la hausse de l’Indice des prix à la consommation à 5,1 % pour le Québec entre septembre 2020 et septembre 2021. Le prix des aliments a bondi de 4 % et celui du logement de 4,4 %.
Les personnes en situation de pauvreté sont les plus touchées par de telles augmentations, et les personnes qui travaillent au salaire minimum, même à temps plein, en font partie.
Justement, le Bilan-Faim publié le 28 octobre nous montre une augmentation de 37 % de la distribution de paniers de provisions entre 2019 et 2021. Et le nombre de travailleuses et de travailleurs qui ont eu recours aux banques alimentaires aurait augmenté de 40 %. Des augmentations en bonne partie attribuables à la pandémie, et Les Banques alimentaires du Québec nous rappellent que « la hausse du coût de la vie et l’inflation ne font qu’aggraver cette situation ».
Faisons preuve d’audace
Devant cela, comment le gouvernement peut-il rejeter du revers de la main une augmentation du salaire minimum suffisante pour faire sortir les personnes de la pauvreté? Que propose-t-il à tous ces travailleurs et travailleuses au salaire minimum qui vivent « un choc économique important » chaque fin de mois, quand vient le temps d’essayer de boucler le budget?
Les temps nous semblent particulièrement propices à un peu plus d’audace. En ce sens, le Collectif pour un Québec sans pauvreté revendique désormais un salaire minimum de 18 $ l’heure. C’est le minimum nécessaire actuellement pour permettre à une personne seule travaillant à temps plein de sortir de la pauvreté.
Virginie Larivière, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté
Pourquoi le gouvernement veut-il maintenir les gens dans la pauvreté? - Le Journal de Montréal
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