Plusieurs causes de la hausse des prix
Cette hausse des prix peut s’expliquer de plusieurs façons. Tout d’abord, sur le plan mondial, le dérèglement climatique induit des inondations et des sécheresses, qui ont des répercussions sur les rendements en agriculture. « Qu’il y ait une pandémie ou non, c’est un facteur invariable qui complique les choses chaque année », souligne Sylvain Charlebois, directeur du laboratoire des sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie. Ensuite, la pandémie a chamboulé l’économie mondiale. Après une crise majeure comme celle-ci, « relancer la chaîne alimentaire mondiale, c’est un peu comme diriger un paquebot avec des rames : le redémarrage va être extrêmement lent », ajoute-t-il. Enfin, à cause de la pénurie de main-d’œuvre, la crise économique frappe de plein fouet les restaurateurs : l’inflation est de 3,4 % pour les aliments achetés en restaurant, comparativement à 2,1 % pour ceux achetés en magasin.
Le coût de la main-d’œuvre a augmenté de façon dramatique : il y a une rareté de main-d’œuvre, alors les employeurs augmentent les salaires pour garder l’attractivité.
JoAnne Labrecque, professeure de marketing à HEC Montréal
L’inflation au Québec en chiffres
4,4 % pour l’ensemble des biens et des services
2,5 % pour l’ensemble des aliments (restaurants et magasins)
2,1 % pour les aliments achetés en magasin
3,4 % pour les aliments achetés au restaurant
Source : BioClips 2021 du MAPAQ, sur la période d’août 2020 à août 2021
On peut attendre en espérant que l’inflation ne soit que temporaire : on a des problèmes d’approvisionnement, des pénuries de marchandises qui sont liées à la chaîne logistique, qui vont se résorber éventuellement.
Maurice Doyon, directeur du département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l’Université Laval
Quelques pistes pour le consommateur
Il est possible de modifier ses habitudes de consommation pour éviter la flambée des prix de certaines denrées. « En alimentation, il y a quand même beaucoup de substitutions possibles, donc en réalité, ce n’est pas vrai qu’on va être touchés à 2,5 %. Habituellement, on est capable de réduire cet impact », souligne Maurice Doyon, directeur du département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l’Université Laval. On peut par exemple remplacer la viande par le poisson, qui n’est pas touché par l’inflation pour le moment.
Les aliments particulièrement touchés par l’inflation
18,5 % pour le porc
13,8 % pour les graisses et huiles
11,1 % pour le beurre
8,7 % pour les œufs
Source : BioClips 2021 du MAPAQ, sur la période d’août 2020 à août 2021
Dans une situation comme celle-ci, on est tenté d’acheter « en grande quantité parce qu’il y a un rabais, mais ensuite, on en jette la moitié parce qu’on n’a pas eu le temps de tout manger », soutient JoAnne Labrecque, professeure de marketing à HEC Montréal. Autant que possible, il est souhaitable d’acheter local pour soutenir les entreprises alimentaires québécoises. Mais les produits locaux sont parfois chers et « il ne faut pas faire de recommandations qui culpabilisent », indique JoAnne Labrecque. Par exemple, « la tomate du Mexique est moins chère que la tomate locale, donc le choix s’impose pour les gens qui ont de faibles revenus ».
Dans la mesure du possible, il faut conscientiser les consommateurs sur leur capacité à contribuer à réduire le gaspillage, mais aussi à aider la santé de nos entreprises locales.
JoAnne Labrecque, professeure de marketing à HEC Montréal
Pour les familles à faibles revenus en particulier, le Dispensaire diététique de Montréal propose une liste de prix pour des produits nutritifs de base, mise à jour régulièrement, pour une famille de quatre personnes. Cette liste de référence permet de repérer les circulaires intéressantes et d’éviter les prix gonflés artificiellement. « Dans cette liste, on a très peu ou pas du tout d’aliments transformés », souligne Julie Paquette, directrice générale du Dispensaire diététique de Montréal. Pour varier son alimentation et adapter ses menus de la semaine en fonction des rabais, le Dispensaire accompagne également les familles en leur offrant la « possibilité de développer certaines compétences, dont celles associées à la cuisine », ajoute-t-elle.
Inflation | Les prix des aliments s'enflamment au Québec - La Presse
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