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Saturday, January 6, 2024

Fermeture de cinq restaurants: l'échec du chef Normand Laprise secoue ses collègues - Le Soleil

La propriétaire du bar à vin Soif à Gatineau, Véronique Rivest, s’est dite déçue de voir des restaurants d’un chef aussi connu et reconnu que Normand Laprise, connu pour sa présence à l’émission Les Chefs et pour son rôle central dans l’évolution de la gastronomie québécoise des 30 dernières années, tomber au combat. «C’est dommage vu que c’est un porte-étendard de la gastronomie au Québec, a-t-elle déclaré en entrevue. Je suis déçue et triste à la fois. On sait tous qu’il ne sera pas le dernier à fermer.»

La propriétaire du bar à vin Soif à Gatineau, Véronique Rivest

À Québec, le copropriétaire des restaurants Chez Boulay, Les Botanistes et Le Bedeau, Arnaud Marchand, est très triste de voir le grand plan de son confrère prendre fin.

«C’est tellement un beau projet qui n’a pas eu la chance de voir le jour avant la pandémie, dit-il. Il y a beaucoup d’entreprises qui ont investi au mauvais moment, malgré elles. Depuis quatre ans, le bateau brasse pas mal pour la restauration.»

Le propriétaire du restaurant Le Lupin, à Trois-Rivières, Benoit Laforce, ne s’attendait pas à la fin des Brasseries T!. « On reste surpris quand c’est un restaurant connu qui ferme, a-t-il dit, mais il y a en d’autres qui vont tomber, c’est certain.»

Après un mois de décembre «ordinaire», le propriétaire du restaurant ouvert depuis 27 ans est en réflexion sur l’avenir de son établissement.

«La clientèle est très aléatoire, on ne peut pas se fier sur un achalandage constant, explique M. Laforce. Les habitudes des gens ont changé. La situation n’est jamais revenue au point pré-COVID.»

À Sherbrooke, Benoit Duclos a eu «la gueule à terre» lorsqu’il a appris la nouvelle des fermetures. Même si «ce ne sera pas le dernier à fermer». Le propriétaire du restaurant L’Empreinte n’arrive pas à saisir les raisons de la fermeture de la Brasserie T!.

Les copropriétaires des Brasseries T, M. Laprise et Christine Lamarche, ont annoncé mercredi qu’ils fermaient cinq établissements, trois restaurants et deux comptoirs dans la région montréalaise. Ils ont évoqué les frais d’exploitation, l’effet négatif de l’inflation et le roulement de personnel. Malgré un «bon» achalandage, la pandémie s’est produite au pire moment du développement du réseau, a expliqué M. Laprise dans le communiqué. Le projet d’expansion lancé en 2019 comprenait une cuisine de production et l’ouverture de cinq tables Brasserie T!. Or cela n’a pas été possible vu les confinements et les investissements n’ont pu être rentabilisés.

Les restaurateurs disent qu’en prenant cette décision ils peuvent mieux assurer la pérennité de l’institution montréalaise Toqué!, qui a célébré ses 30 ans en 2023.

Véronique Rivest de Gatineau souligne que le milieu de la restauration joue un rôle important dans le tourisme au Québec. Par contre, lorsque l’économie vit des moments difficiles, c’est un des premiers secteurs à être touché, dit la sommelière.

«On n’arrête pas de parler du tourisme gastronomique au Québec. Des gens des États-Unis et d’Europe voyagent pour venir s’asseoir à nos tables. On aimerait que ça continue et que ça se développe, mais ça restera toujours un milieu difficile.»

Elle n’est pas découragée de la gastronomie québécoise pour autant. Le fait que le restaurant Toqué!, la première table de M. Laprise et son bateau-amiral demeure ouvert, la rassure.

Mme Rivest, établie depuis 2014 dans le Vieux-Hull, affirme que le chemin d’un entrepreneur se trace un jour à la fois.

«Il ne faut pas se décourager à chaque fermeture. C’est la vie d’un entrepreneur. Ces échecs-là nous nourrissent. Si ça va bien, on ne le tient pas pour acquis.»

—  Véronique Rivest, propriétaire du bar à vin Soif

Contrairement à bien des restaurants, les affaires chez Soif roulent mieux qu’avant la pandémie. Un nouvel établissement à la formule «pour emporter» est d’ailleurs dans les plans. Il ne reste que le local à trouver, mentionne Mme Rivest.

«C’est une entreprise qui est née de la pandémie, avec les plats à emporter, explique-t-elle. Des fois, je me demande si on est fou de faire ça, mais on a développé une clientèle à l’appui.»

Réapprendre le métier

Le chef Arnaud Marchand est très triste d'apprendre la fermeture des Brasserie T!.

Après 12 ans à gérer des restaurants, Arnaud Marchand à Québec dit devoir réapprendre à gérer ses finances pour assurer la pérennité de ses établissements.

«Ça me fait réaliser à quel point tout est fragile, souligne M. Marchand. Il faut être sensible à la gestion de nos restaurants. Avant je payais certaines assiettes 20$, maintenant je les paie 40$. Je ne vais pas doubler le prix de mon menu pour autant.»

Après un automne occupé en salle et un mois de décembre très achalandé, les mois tranquilles de l’hiver vont tout décider pour la situation de ses restaurants, observe-t-il.

«On retravaille la fondation du restaurant pour voir où l’on peut économiser, mais il y a une certaine limite. Je réussis à contrer certaines augmentations, mais c’est moi qui en paie le prix à la fin du mois pour conserver ma clientèle. Si je refile la facture aux clients, mon restaurant va se vider.»

Remboursement qui fait mal

Le remboursement des prêts COVID d’urgence accordés par le gouvernement pendant la pandémie affecte de nombreux restaurateurs ces temps-ci. L’échéance est fixée au 18 janvier pour remettre 40 000$ et conserver 20 000$ en subvention. Après cette date, la totalité des 60 000$ devra être repayée.

«Certains décideront de rembourser le 40 000$ et de fermer après », affirme le propriétaire du restaurant Le Lupin, à Trois-Rivières, Benoit Laforce. La fermeture de la Brasserie T! le fait réfléchir sur le futur de la restauration au Québec, dit-il. Car Normand Laprise figure très connue, était derrière le projet. «On sait qu’il a des liens solides et que l’achalandage n’était (quand même) pas suffisant pour qu’il reste ouvert. Si la rentabilité n’est pas là pour une vedette, nous, petits restaurants sur un coin de rue, on se pose des questions.»

À Sherbrooke, Benoit Duclos de L’Empreinte est plus optimiste. «Ce n’est pas une représentation du milieu, assure le propriétaire du petit restaurant ouvert depuis huit ans. Mon établissement va très bien, même en période creuse. Il faut s’assurer de ne pas dépenser les sous qu’on n’a pas. Les gens n’achètent plus de bouteilles de vin à 300$. Ils se concentrent plus sur la qualité d’un bon repas qu’ils ne peuvent pas cuisiner à la maison.»

Le restaurant Toqué! de Normand Laprise et Christine Lamarche va rouvrir ses portes à Montréal le 10 janvier, après la pause des Fêtes.

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