Élus, gens d’affaires et intervenants des milieux socio-économiques étaient réunis à l’Hôtel Levesque de Rivière-du-Loup afin d’assister à une mise au point attendue de la Société des traversiers du Québec (STQ) et de la députée Amélie Dionne dans le dossier du lien fluvial entre le Bas-Saint-Laurent et Charlevoix. La majorité sera restée sur sa faim, alors qu’aucune décision n’a été annoncée. C’est le conseil des ministres qui tranchera à une date ultérieure.
Lors d’une conférence de presse organisée le 21 décembre, à quelques jours des Fêtes, les militants en faveur du maintien de la traverse à Rivière-du-Loup n’auront pas eu de cadeaux, au contraire. Si plusieurs questions sont demeurées sans réponse, une chose a été réitérée et mise au clair : les défis du quai de Rivière-du-Loup liés à l’envasement, au dragage et à la profondeur de l’eau sont nombreux et il coutera très cher de les surmonter.
«L’option de demeurer à Rivière-du-Loup couterait plus du double», a souligné Amélie Dionne, députée de Rivière-du-Loup-Témiscouata dans son allocution. «Ça couterait beaucoup plus cher», a confirmé à son tour Greta Bédard, PDG de la STQ, sans toutefois donner une idée des proportions. Elle a indiqué que les investissements, dont la teneur n’a pas été dévoilée, concerneraient dans les deux cas la construction de nouvelles infrastructures.
Selon les informations de Radio-Canada, la facture pour l'amélioration des infrastructures au quai de Rivière-du-Loup pourrait couter entre 650 et 700 millions de dollars.
Jeudi, la STQ a répété à plusieurs reprises que les deux options, le maintien à Rivière-du-Loup ou le déménagement à Cacouna, étaient valables, prometteuses et de même qualité. Elles offriraient le «même niveau de service» si les investissements nécessaires étaient évidemment consentis par le gouvernement.
DÉFIS DE RIVIÈRE-DU-LOUP
Peu d’arguments en faveur de Rivière-du-Loup ont toutefois été évoqués lors de cet exercice public. Au contraire, on a rappelé que les normes environnementales et les difficultés liées au dragage sont nombreuses, complexes et restrictives. On a aussi confirmé qu’aucune autre méthode d’intervention ne viendrait diminuer le besoin en dragage du site actuel compte tenu de l’ensablement important et du type de sédiments dragué.
Il a aussi été mentionné que «les analyses complémentaires demandées en juin dernier […] portant sur les enjeux de dragage et sur la possibilité qu’un autre navire soit affecté à cette traverse, n’ont pas été probantes».
D’ailleurs, l’élaboration d’un prototype de navire adapté spécifiquement pour le présent site de Rivière-du-Loup, par une firme externe, a démontré qu’aucune bonification de service n’y est envisageable, même avec un navire à fond plat. On estime même que le service pourrait être diminué, car la configuration d’un tel navire le rendrait vulnérable aux mauvaises conditions et l’empêcherait de naviguer dans les glaces.
Tous ces faits font partie du dossier d’opportunité réalisé par la STQ. Celui-ci n’a pas été rendu public, bien que les résultats étaient attendus depuis qu’il a été évoqué une première fois il y a trois ans. Greta Bédard a assuré que les aspects socio-économiques en faisaient aussi partie, mais ils n’ont pas été abordés le 21 décembre.
Quant à Cacouna, peu d’informations ont été mentionnées. Il a été dit qu’il s’agissait d’une option intéressante, et que des investissements étaient aussi nécessaires de ce côté, mais sans plus. Devant les arguments évoqués contre Rivière-du-Loup, cette option s’est cependant révélée comme étant la plus avantageuse. Une lecture qu’a toutefois refusé de valider Greta Bédard, préférant ne pas se prononcer.
Aux côtés de Mmes Bédard et Dionne, le maire de Rivière-du-Loup, Mario Bastille et la mairesse de Cacouna, Suzanne Rhéaume ne semblaient pas confortables. M. Bastille était visiblement irrité par les propos tenus et le manque de réponses aux questions des journalistes.
UNE DERNIÈRE PIERRE À TOURNER
Malgré l’impatience de tous les intervenants dans ce dossier, force est de constater qu’il faudra encore patienter afin de connaitre le futur port d’attache bas-laurentien du lien fluvial. Un appel d’intérêt sera lancé en janvier 2024 afin de déterminer si un autre armateur pourrait assurer, pour le compte de la STQ, les opérations et le dragage sur le site actuel de la traverse de Rivière-du-Loup. Selon Amélie Dionne il s’agit de la «dernière pierre» doit être retournée avant qu’une décision du conseil des ministres soit rendue concernant le lien fluvial.
Aucun échéancier n’a été avancé. Plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pourraient être nécessaires.
CE QU’ILS ONT DIT
Mario Bastille, maire de Rivière-du-Loup
«J’ai toujours espoir, mais je me méfie […] Au cours des dernières années, on a perdu confiance énormément envers la STQ. On a toujours senti que les dés étaient pipés.»
«C’est quoi le double du prix? C’est le double de quoi? 20 M$, 50 M$, 100 M$? Si c’est le double de 100 M$, pour moi, investir 200 M$, pour notre économie locale, notre économie touristique, ce n’est rien.»
«Je vous dirais qu’on s’est [fait] promener dans un bateau, et je ne sais pas où est-ce que le capitaine voulait aller avec ça.»
Suzanne Rhéaume, mairesse de Cacouna
«Ce que j’ai entendu donne espoir pour le dossier à Cacouna […] Je reste convaincue que la STQ, les experts et le gouvernement prendront la meilleure décision pour le développement de la région.»
«J’aurais aimé avoir une réponse aujourd’hui, mais je comprends que c’est une nouvelle étape, et j’espère que c’est la dernière.»
Amélie Dionne, députée
«J’entends et je comprends l’impatience des citoyens et des commerçants en attente d’une décision pour la suite des choses.»
«Ce sont des couts importants. Maintenant, la décision va se prendre au conseil des ministres. Mon rôle c’était de m’assurer que toutes les pierres allaient être tournées dans ce dossier-là.»
Greta Bédard, PDG de la STQ
«La priorité, ç’a été de dire : ‘’Est-ce qu’on peut garder la traverse à Rivière-du-Loup?’’. C’est ça l’objectif. Alors y a-t-il un armateur qui pourrait l’opérer comme telle? C’est ce qu’on va aller voir avec l’appel d’intérêt.»
Claudette Migneault, PDG de la CCMRCRDL
«Notre patience est encore mise à l’épreuve. On n’a rien appris de nouveau ce matin. Ça ne fait que perpétuer l’incertitude qui est présentement présente dans le milieu. On demeure impatients, on tape du pied et on a hâte de voir ce qui va se passer.»
La décision se fait toujours attendre, le conseil des ministres tranchera - Info Dimanche
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