Il existe une chose appelée la Fédération des centres de services scolaires du Québec. J’ai déjà dit tout le mal que je pense des centres de services scolaires du Québec (CSS), qui sont tout aussi ankylosés que leurs aïeules, les commissions scolaires du Québec. Vous me voyez ravi de constater qu’ils ont aussi une Fédération.
La Fédération est la voix des centres de services scolaires. Elle les représente, elle les conseille, elle parle pour les CSS aux négos de conventions collectives.
Fort bien, on ne manque pas au Québec de ces patentes à gosse qui font dans la représentation. Mais avec un ministère de l’Éducation, des centres de services scolaires ET une fédération des centres de services scolaires, il est quand même étonnant que tout ce monde n’ait jamais trouvé comment faire rouler l’École sur le sens du monde…
Bienvenue au Québec qui s’appellerait Paperassistan s’il était situé en Asie centrale. Mais je m’égare. Je veux parler du décrochage des profs. On manque de profs.
Que fait la Fédération des centres de services scolaires du Québec, mesdames et messieurs, en ce mois de décembre où l’école est soit paralysée (quand les profs sont de la FAE), soit au ralenti (quand les profs sont de la FSE-CSQ) ?
Elle recrute des profs à Paris !
Je vous explique : la Fédération des centres de services scolaires du Québec a participé à une foire de l’emploi pour recruter des Français et des Françaises pour venir pratiquer le merveilleux métier de prof au Québec.
Je cite la Fédération : « Lors d’une précédente mission en Tunisie, la Fédération a rencontré une centaine de candidats et 74 d’entre eux ont été retenus. À ce jour, une soixantaine de personnes sont en processus de titularisation. Pour soutenir le réseau, la Fédération s’est donné comme objectif de recruter 500 enseignants qualifiés. À ce titre, plus de 5000 personnes ont posé leur candidature pour la prochaine mission qui aura lieu au Maroc en février. L’équipe de la Fédération analyse actuellement chacun de ces 5000 curriculum vitæ. »
Fort bien, mais…
Voyez-vous l’ironie ?
Les enseignants québécois évoluent dans des conditions de plus en plus défavorables, ce qui les pousse à déserter le système scolaire public. Que font les centres de services scolaires ? Se battent-ils pour améliorer les conditions d’exercice du métier de prof ? Non, ils recrutent de la chair à canon à l’étranger…
Les centres de services scolaires ont un problème de rétention d’employés. Les profs sont nombreux à s’exiler loin du Royaume de l’Éducation : 800 sont partis au bas mot cette année, 6200 au moins depuis cinq ans1.
Je dis « au bas mot » et « au moins » parce que ces chiffres colligés par Le Journal de Montréal sont une estimation : les données en éducation ne sont pas compilées de façon centralisée et ordonnée. Il faut donc contacter les 72 centres de services scolaires, individuellement. Même le ministre n’a pas un portrait clair de ces désertions.
On pourrait penser que le milieu-de-l’Éducation, avec un ministère de l’Éducation, 72 centres de services scolaires ET une Fédération des centres de services, pourrait colliger des données fiables sur le nombre d’enseignants qui décident d’abandonner le métier, sauf que… non.
(Pour avoir des données fiables, je suggère la création d’une agence – c’est la mode – qui pourrait s’appeler Agence Éducation Québec. Sans toucher, bien sûr, au ministère de l’Éducation et aux 72 centres de services scolaires qui, comme chacun sait, font un travail essentiel pour la réussite scolaire de nos enfants…)
Je suggère humblement ceci à la Fédération des centres de services scolaires : militez bruyamment auprès du ministère de l’Éducation pour que l’école ait les moyens de ses ambitions… Et vous n’aurez pas à voyager en France, en Tunisie et au Maroc pour recruter des employés. Magie !
Et demandez aussi à vos membres de systématiser les entrevues de sortie quand vos profs démissionnent plutôt que de répondre à leurs lettres de démission par des accusés de réception impersonnels. Vous pourriez comprendre pourquoi ils crissent leur camp en masse.
C’est une hérésie que je suggère là, je le sais bien. Mais hors de l’archipel du goulag éducationnel québécois, je vous jure, c’est tout à fait banal.
Paris, bis — Ah, j’oubliais : la Fédération des centres de services scolaires a fièrement publié une photo de ses trois employés en foire de recrutement à Paris. Après que j’ai envoyé des questions, pouf, la publication a disparu.
Motif : ne pas provoquer de controverses.
Appel à tous, carte postale 2023
Je l’ai fait l’an passé. Je vous ai demandé vos flashs de l’année 2022. Je refais la même chose, envoyez-moi un flash qui vous a fait rire, pleurer, sourire cette année. Vous m’écrivez en cliquant sur ce lien. De vos cartes postales, je vais faire une chronique prochainement. Tenez-vous quand même loin de l’actualité, c’est votre vie qui m’intéresse.
Dinde, bouillon
Parlant de la vie, gardez vos carcasses de dinde et de poulet, il est possible que je vous parle de ma recette de bouillon de volaille encore une fois cette année, comme j’aspire à devenir un jour le tout premier journaliste affecté au beat « soupes et potages » dans l’histoire de La Presse.
Aidez-moi à réaliser mon rêve !
Grèves dans le secteur public | École : de l'absurde, encore - La Presse
Read More
No comments:
Post a Comment