À mesure que la demande de médicaments pour le contrôle du poids continue de remodeler les habitudes alimentaires, l’industrie de l’alimentation risque d’être perçue comme un fournisseur d’aliments peu sains dans ce monde émergent axé sur la perte de poids.
La demande croissante de médicaments pour le contrôle du poids, en particulier Ozempic, n’aide pas seulement d’innombrables individus à perdre des kilos en trop, mais elle tempère également de manière notable les prévisions de croissance du secteur des aliments emballés. Ce qui étonne le plus, c’est la vitesse à laquelle cette transformation s’opère.
En effet, l’industrie alimentaire analyse actuellement comment ces médicaments pourraient potentiellement remodeler l’avenir de la consommation d’aliments au Canada, avec des conséquences possibles sur la manière dont les Canadiens se nourriront dans les années à venir.
Ces produits pharmaceutiques imitent une hormone qui provoque dans le cerveau la sensation de satiété, encourageant les individus, y compris ceux déjà sous traitement pour le diabète, à manger moins et à faire des choix alimentaires plus axés sur la santé.
Développés initialement pour prendre en charge le diabète de type 2, ces médicaments sont considérés comme une solution miraculeuse pour la perte de poids par des personnes à la recherche active de conseils auprès de leurs professionnels en soins de santé. La demande pour ces médicaments, stimulée en partie par des millions d’utilisateurs de TikTok, a entraîné des pénuries.
À l’exception d’Ozempic, très peu de médicaments similaires pouvant être pris par voie orale ont été approuvés par Santé Canada. À moins que les individus ne soient couverts par une assurance privée, le coût de ces traitements peut varier de 600 $ à 1000 $ et plus par mois.
En 2021, environ 29 % des adultes canadiens de 18 ans et plus étaient classés comme obèses, et une autre tranche de 36 % était considérée comme en surpoids, selon les données de Statistique Canada. Alors que la prévalence des adultes en surpoids est restée relativement stable entre 2015 et 2020, on a observé une augmentation notable d’environ trois points de pourcentage dans la prévalence des adultes obèses pendant la même période.
Cela équivaut à environ le tiers de la population canadienne luttant contre des problèmes liés au poids. À la lumière de ces statistiques, nul ne se surprendra d’apprendre que l’intérêt pour ces traitements connaît une hausse !
L’industrie alimentaire commence à prendre conscience de cette évolution. Récemment, un dirigeant de Walmart a révélé à Bloomberg que le géant de la distribution remarquait que les personnes utilisant des médicaments de type GLP-1, comme Ozempic, avaient tendance à acheter moins de produits alimentaires que les autres clients.
En conséquence, Mondelez International, réputé pour ses collations populaires comme Oreo, biscuits Ritz, Nabisco et Toblerone, a connu une baisse de près de 8 % de ses actions au cours des deux jours suivants.
PepsiCo s’est également exprimée sur cette question à la publication de ses résultats financiers. Même si PepsiCo a affiché de solides performances financières au cours du récent trimestre, elle a semé le doute sur la notion prédominante d’un éventuel ralentissement du marché provoqué par Ozempic. Cependant, l’action traditionnellement résiliente de PepsiCo a connu une baisse significative de près de 13 % au cours des six derniers mois, reflétant les ventes plus larges au sein de l’industrie alimentaire.
Les actions de Nestlé, la plus grande entreprise agroalimentaire du monde, ont également chuté de 8 %, au cours des six derniers mois. Ces baisses ont suscité des discussions à Wall Street sur les implications de la croissance de ces nouveaux médicaments pour la perte de poids.
Cette situation nous amène à nous interroger. Est-ce que la rentabilité de l’industrie alimentaire et des collations est fondamentalement liée à une base de consommateurs luttant contre un excès de poids ? Cette question soulève inévitablement des préoccupations éthiques et morales. Avec une incidence sur le cours de leurs actions, ces entreprises risquent d’être perçues comme des fournisseurs de produits alimentaires peu sains si les consommateurs commencent à perdre du poids.
Si le « phénomène Ozempic » venait à devenir une réalité, il pourrait constituer un défi important pour les entreprises de produits et de biens de consommation. Leur tâche consisterait à passer de la simple fourniture d’aliments pratiques à la reconnaissance en tant que fournisseurs de solutions pour les individus engagés dans un parcours de perte de poids, au sein d’un marché potentiellement plus maigre.
Dans les premières étapes de l’introduction de médicaments pour la perte de poids, des facteurs comme les protocoles d’adoption, les obstacles réglementaires et les coûts associés constituent une limitation à leur utilisation généralisée. Seul le temps le dira. Toutefois, ces médicaments suscitent de l’appréhension au sein de nombreux acteurs de l’industrie alimentaire, et en particulier leurs actionnaires.
Panier d'épicerie | De l'Ozempic plutôt que des Oreo - La Presse
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