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Tuesday, November 9, 2021

Une «sécheresse de talents» en Chaudière-Appalaches - Le Journal de Québec

Refus de contrats, sous-utilisation des installations, abandon de produits, déménagement de la production; organe vital du secteur manufacturier au Québec, Chaudière-Appalaches doit laisser filer cette année environ 2,08 milliards $ en valeur de production en raison du manque criant de travailleurs.

«Ce n’est pas une grève et ce n’est pas une crise d’un an ou deux. C’est comme vivre une sécheresse. Cela dure tellement longtemps que l’impact est lourd et profond. [...] Si on ne fait rien, cela va être dramatique», prévient lors d’un entretien avec Le Journal le fondateur du Groupe Mundial, Louis Veilleux.

Ce dernier estime que Québec risque de souffrir du manque de main-d’œuvre pour au minimum «les huit à dix» prochaines années. 

Aujourd’hui, devant la rareté de talents, des élus municipaux et des PDG s’inquiètent pour l’avenir de Chaudière-Appalaches et demandent au gouvernement Legault de mettre rapidement en place «un plan d’urgence» pour assurer la pérennité des compagnies et éviter l’exode des capitaux.

Selon un sondage réalisé par Deloitte et E&B DATA sur l’impact de la pénurie de main-d’œuvre, près de neuf entreprises manufacturières sur dix dans cette région avaient des postes vacants en août et 86 % des 309 compagnies questionnées n’étaient pas capables de produire à plein régime.

Conséquences: 76 % des PDG ont refusé des contrats, incapables de livrer, 45 % ont abandonné ou diminué leurs productions et plus d’un patron sur deux a décidé de ralentir sa recherche de clients. En termes de revenus, les pertes pour les entreprises sont estimées à 335 millions $ en 2021.

«C’est une crise de la main-d’œuvre», répond Charles Tardif, vice-président au développement des affaires et approvisionnements chez Maibec, qui a déménagé, ces dernières années, certaines productions vers Boston. 

«Cela nous empêche de rencontrer des contrats, de répondre à la demande ou de développer des produits», déplore l’homme d’affaires à la tête de 500 salariés au Québec. En 2019, il a notamment dû fermer un quart de travail à ses installations à Saint-Théophile.

Risque de déménagement

Ce manque de paires de bras fait en sorte que plusieurs dirigeants (58 %) envisagent, maintenant, de déménager leur production ou de réaliser leurs prochains investissements à l’extérieur de la région ou du Québec.

En août, ce sont plus de 3270 postes qui étaient à pourvoir dans le secteur manufacturier en Chaudière-Appalaches. Les boulots de production spécialisés et de techniciens comme soudeurs, mécaniciens et opérateurs de machines étaient alors les plus difficiles à combler, selon le rapport. 

Il faut dire que cette région jongle avec le plein emploi. Le taux de chômage de 3,3 % en octobre était l’un des plus faibles à travers le pays.

Selon Deloitte, le manque de talents disponibles se traduit par «une perte d’opportunités, d’innovation et de croissance en Chaudière-Appalaches», qui comptait 42 000 salariés dans le secteur manufacturier en 2019, soit plus de 8 % de l’emploi en fabrication au Québec. Il s’agit de la troisième région en importance en matière d’exportation dans le reste du pays (3,8 milliards $).

Cette production abandonnée, dont la valeur est estimée à 2,1 milliards $, représente aussi des pertes de revenus d’environ 144 millions $ pour les municipalités et les gouvernements, chiffre dans son analyse Deloitte.

En plus de devoir rivaliser avec d’autres régions pour les talents, Chaudière-Appalaches enregistre aussi un déclin de sa population active. Entre 2011 et 2020, le nombre de travailleurs de 15 à 64 ans a chuté de 5,3 %.

Afin de combattre cette crise, plusieurs entreprises dans la fabrication de produits métalliques, de produits en bois, d’aliments ou de matériel de transport ont entrepris des virages vers l’automatisation et la robotisation. Le recrutement à l’étranger a également gagné en popularité. 

Les élus municipaux et les PDG demandent, aujourd’hui, au gouvernement Legault d’adapter les programmes d’aide pour les PME visant à appuyer des projets de modernisation, de simplifier le recrutement international et de trouver des solutions pour la création de nouveaux logements.

Après Montréal et la Montérégie, Chaudière-Appalaches est la troisième région manufacturière de la province en termes de PIB (5,3 milliards $).

– Avec la collaboration d'Alain Laforest, TVA Nouvelles

Impacts du manque de travailleurs en Chaudière-Appalaches en 2021      

  • 2,08 milliards $ de production non réalisée   
  • 144 millions $ de pertes de revenus pour les administrations publiques provinciale et fédérale   
  • Une contribution perdue de 335 millions $ sur le PIB du Québec      

Source: Rapport Deloitte et E&B DATA  

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