La création d’Hilo continue de susciter du mécontentement parmi les entreprises québécoises du secteur de la domotique, qui reprochent à la nouvelle filiale d’Hydro-Québec de leur mener une concurrence déloyale.
C’est le cas de Sinopé Technologies, une entreprise de Saint-Jean-sur-Richelieu, en Montérégie, spécialisée dans la gestion d’énergie et la conception d’appareils intelligents.
« Nous lever le matin pour nous battre contre un manufacturier concurrent, on adore ça, établit d’emblée Maxime Caron-Labonté, le chef de l’exploitation commerciale de Sinopé. Mais nous battre contre Hilo est différent. Ils arrivent vraiment avec des moyens disproportionnés [par rapport à ceux du secteur privé] ».
Lancée il y a un peu plus d’un an, cette filiale à part entière d’Hydro-Québec promet aux Québécois une gestion plus intelligente de leur consommation énergétique. Par l’installation de thermostats connectés, Hilo fait miroiter des économies pouvant aller jusqu’à 15 %.
Le hic est que cette filiale de la société d’État a convenu d’une entente avec Stello, une société en commandite détenue par Hilo et Gestion Stelpro, pour la production de ses thermostats. Ce partenariat exclusif a eu pour effet d’écarter d’office les services qu’offraient déjà d’autres PME du secteur, et ce bien avant que ne soit lancée Hilo, en août 2020.
« Hydro pourrait se contenter d’encourager les consommateurs à mieux gérer leur consommation et les laisser choisir la solution pour y parvenir. Au lieu de cela, avec Hilo, elle fait la promotion d’un manufacturier et d’une seule fonctionnalité », déplore le responsable de la commercialisation de Sinopé.
Cette situation, craint-il, pourrait avoir des conséquences importantes sur l’écosystème québécois.
Déjà, après avoir pourtant sonné l’alarme à Québec, CaSA Appareils Connectés, un chef de file de l’industrie québécoise, n’a eu d’autre choix que de mettre fin à ses activités. Trente emplois en dépendaient.
L’entreprise de Saint-Mathieu-de-Belœil, créée en 2014, s’apprête à déposer son bilan. Son cofondateur Martin Fassier ne cache pas son amertume. « CaSA est-elle tombée à cause d’Hydro-Québec ? Oui », répond-il avec précaution, soucieux d’éviter tout ennui juridique.
« Si je ne peux pas prouver que c’est à cause de ses actions [...], poursuit-il, je peux très bien dire que c’est à cause de son inaction. »
Appelé à réagir, le président d’Hilo, Sébastien Fournier dit comprendre le point de vue de l’industrie, ses craintes et les déceptions exprimées.
D’un même souffle, il met en garde contre toute tentation de sous-estimer la complexité du développement des assises de la centrale virtuelle qu’offre Hilo.
« Nous ne vendons pas des thermostats, dit-il. Cette plateforme sur laquelle nous travaillons depuis deux ans est d’une grande complexité technologique. Si nous avions pu intégrer tous les acteurs de l’écosystème dès le départ, nous l’aurions fait. [...] Notre intention est d’y parvenir au plus vite [...] d’ici la fin de 2022. »
En attendant, Sinopé propose une « alternative à Hilo ». Baptisée Éco Sinopé, la solution lancée la semaine dernière permettrait des économies aux utilisateurs de la tarification dynamique d’Hydro-Québec.
Fondation : 2010
Emplois : 68 employés
Siège social : Saint-Jean-sur-Richelieu
Marchés : Canada et États-Unis
Hydro-Québec fait trembler l'industrie de la domotique - TVA Nouvelles
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