La bonification salariale offerte par le gouvernement en CPE étant moins généreuse pour les éducatrices spécialisées, le milieu de la petite enfance craint un exode de ces ressources, alors qu’on peine déjà à venir en aide aux enfants qui ont des besoins particuliers.
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Québec prévoit hausser la rémunération des travailleuses qualifiées jusqu’à 20,22%, pour celles qui acceptent des semaines de 40 heures. Mais le gouvernement Legault propose moins aux éducatrices spécialisées.
En vertu de l’offre qui est actuellement sur la table, elles gagneraient même un salaire inférieur à celui des intervenantes non qualifiées en fin de carrière.
Manque de ressources
Pourtant, il manque cruellement d’éducatrices spécialisées dans le réseau, pour venir en aide aux bambins présentant des retards ou des difficultés et soulager les travailleuses de la petite enfance.
«Malheureusement, on n’a pas les ressources nécessaires pour combler tous les besoins de ces enfants-là», déplore Francine Mercier. Éducatrice au CPE Les Joyeux Calinours de Longueuil, elle a un groupe de dix bambins âgés de 4 à 5 ans. Deux d’entre eux ont des besoins particuliers, dont un cas lourd. À cela s’ajoute un petit qui ne parle ni le français ni l’anglais.
Pour eux, même les activités routinières sont un défi. Ils doivent être encadrés davantage pour prendre leur collation, lors de la causerie et à l’heure des repas. «J’ai des enfants qui ont de la difficulté à tenir le crayon [...] à tenir leurs ustensiles», alors que d’autres parlent très peu ou manquent de tonus musculaire, illustre Mme Mercier.
Même se vêtir pour aller jouer dehors avec les copains est difficile. L’éducatrice doit leur consacrer plus de temps, même si elle a tout le reste du groupe à gérer.
Les enfants à besoins particuliers méritent de passer plus de temps avec une éducatrice spécialisée, qui peut se concentrer sur les problèmes vécus par chacun, insiste la travailleuse, qui exerce ce métier depuis 25 ans.
Mais comme c’est souvent le cas, l’éducatrice spécialisée de son CPE est débordée, étant responsable de deux installations de 80 places chacune.
Une chance pour chaque enfant
Francine Mercier craint que l’offre gouvernementale ne décourage plusieurs d’entre elles. «Si j’étais éducatrice spécialisée, je m’en irais éducatrice de groupe.»
Cette dernière réclame une chance égale pour chaque petit. «Ce que je trouve difficile, c’est quand j’arrive au mois de juin, et je le sais qu’on aurait pu donner plus à un enfant, qu’on aurait peut-être pu le faire plus progresser et que ça ne s’est pas réalisé par manque de ressources.» Elle reconnaît néanmoins la lourdeur de la tâche.
Selon un sondage maison réalisé par la FIPEQ-CSQ, quatre intervenantes sur cinq œuvrant en CPE considèrent qu’elles sont épuisées par leur travail.
Pas moins de 65% des 1099 travailleuses de la petite enfance sondées jugent que leur épuisement est dû notamment à la charge de travail qui vient avec les enfants ayant des besoins particuliers.
*Un forfaitaire de 50$ par semaine est offert aux intervenantes qui acceptent de faire 40 heures
◆ Données fournies par la FIPEQ-CSQ
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