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Thursday, May 27, 2021

COVID : la santé publique fédérale n'était pas prête, conclut la VG | Coronavirus - Radio-Canada.ca

Des piles de masques respiratoires N95.

La Réserve nationale stratégique d'urgence comprend notamment des masques respiratoires N95.

Photo : Radio-Canada / Guy Leblanc

L'Agence de la santé publique du Canada était insuffisamment préparée à faire face à la pandémie de COVID-19 parce qu'elle a ignoré des audits internes qui avaient révélé il y a déjà une dizaine d'années de graves manques dans sa réserve de fournitures d'urgence, estime la vérificatrice générale du Canada dans un rapport publié mercredi.

Dans l’ensemble, l’Agence de la santé publique du Canada [ASPC], Santé Canada et Services publics et Approvisionnement Canada ont aidé à répondre aux besoins des gouvernements provinciaux et territoriaux en équipement de protection individuelle et en instruments médicaux durant la pandémie, note d'emblée la vérificatrice générale, Karen Hogan dans son rapport d'une quarantaine de pages.

En raison de problèmes de longue date non résolus et déjà connus liés à la gestion de la Réserve nationale stratégique d’urgence (RNSU), l'Agence n'était pas aussi prête qu'elle aurait pu l'être à répondre aux besoins des gouvernements provinciaux et territoriaux au début de la pandémie, relève-t-elle toutefois.

La vérificatrice générale souligne ainsi l'impact qu'ont eu une gouvernance et une surveillance inadéquates ainsi qu'une gestion déficiente de la RNSU , dans un contexte où la demande pour de l’équipement de protection individuelle et des instruments médicaux était extrêmement élevée.

L'Organisation mondiale de la santé a déclaré une pandémie mondiale en mars 2020.

Ayant notamment pour objectif de fournir aux provinces des articles essentiels en situation d'urgence sanitaire, comme une pandémie, la réserve d'urgence du gouvernement fédéral comprend par exemple des produits pharmaceutiques, des masques N95, des ventilateurs, des blouses médicales et des écouvillons de dépistage.

Les responsables de la réserve n'avaient pas fait grand-chose pour corriger le mauvais état des stocks pourtant souligné dans au moins deux audits distincts, en 2010, puis en 2013, constate la vérificatrice générale.

Il y a plus d'un an, Radio-Canada indiquait d'ailleurs que plusieurs indices laissaient croire que les failles de la Réserve étaient prévisibles depuis presque une décennie.

Certains des stocks de la Réserve fédérale étaient périmés ou désuets, et l’Agence de la santé publique du Canada ne faisait pas le suivi de l’âge ou de la date de péremption de certains articles.

Une citation de :Extrait du rapport de la vérificatrice générale Karen Hogan

En avril 2020, une enquête de CBC avait révélé que le gouvernement fédéral avait dû détruire 2 millions de masques N95 et 440 000 gants médicaux périmés l'année précédente.

Selon les anciens audits internes cités par la vérificatrice générale, les achats d’équipement de protection individuelle et d'instruments médicaux étaient effectués en fonction du budget disponible plutôt que des besoins.

Selon une autre enquête de CBC, publiée en février dernier, les fonctionnaires qui gèrent la RNSU avaient averti, au début de février 2020, que les fournitures de protection individuelle en stock étaient insuffisantes pour faire face à une pandémie.

Des semaines se sont pourtant écoulées avant qu'Ottawa ne signe des contrats pour des articles comme les masques N95.

Il manquait de plus certains renseignements nécessaires pour régir, surveiller et gérer la Réserve fédérale et [...] les renseignements disponibles étaient désuets ou manquaient de clarté, écrit en outre Mme Hogan. Cela a eu des effets négatifs sur l'exploitation de la Réserve fédérale.

L'Agence a su s'adapter, note la vérificatrice générale

Karen Hogan, devant des drapeaux canadiens et derrière un micro, s'adresse aux reporters.

La vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, dévoilant les grandes lignes de son rapport en conférence de presse.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Signalant l'amélioration de la gestion de l’évaluation des besoins et du processus décisionnel relatif à l’attribution des ressources aux provinces et territoires, la vérificatrice générale observe qu'au fil de la pandémie, l’ASPC est néanmoins passée d’une gestion réactive à une planification et à une attribution éclairée.

Cette amélioration significative est selon elle attribuable à l’élaboration d’un modèle national de prévision de l’offre et de la demande à long terme, dirigée par Santé Canada.

L’Agence, qui devait acheter et évaluer un volume important de fournitures, a en outre modifié adéquatement son processus d’assurance qualité de l’équipement de protection individuelle et des instruments médicaux en avril 2020.

La mise sur pied d'un système fondé sur les risques a réduit les délais de réalisation des tests pour les masques N95, les blouses médicales et les écouvillons de dépistage, explique-t-elle.

Le Canada devait faire face à un volume élevé d’équipement reçu de fournisseurs avec lesquels [il] n’avait jamais fait affaire auparavant, souligne la vérificatrice générale.

Autre constat de la vérificatrice générale : Santé Canada a pour sa part modifié sa façon de gérer les demandes de licence présentées par les fournisseurs d’équipement afin de faire face à l’accélération rapide de la demande.

Des « risques » pris pour combler des « besoins urgents »

La vérificatrice générale s'est également penchée sur le soutien apporté à l'Agence de la santé publique du Canada par Services publics et Approvisionnement Canada, qui achète des biens et des services au nom des ministères et organismes fédéraux.

L’Agence a lancé un processus d’achat en masse pour de grandes quantités d’équipement destiné à la Réserve nationale stratégique d’urgence en mars 2020, afin d'aider à combler les besoins des provinces et des territoires.

Pour faire face à l’urgence de la situation, le ministère fédéral des Services publics et de l'Approvisionnement a accepté d’assumer certains risques additionnels en payant des fournisseurs à l’avance dans un contexte où la concurrence [internationale] était vive, sans toujours évaluer leur viabilité financière, note Mme Hogan.

Des paiements anticipés ont ainsi été versés pour un peu plus du tiers des contrats examinés par son bureau, soit 14 sur 39. La valeur des paiements anticipés liés aux contrats examinés oscillait entre 20 % et 80 % de la valeur des contrats, et totalisait 618 millions de dollars, a calculé le personnel de la vérificatrice générale.

Sans cela, il y aurait eu moins d’équipement à la disposition des provinces et des territoires, évalue toutefois Mme Hogan.

Même si le ministère a réussi à accélérer le processus d’approvisionnement, il n’a pas toujours pu démontrer qu’il avait exercé la surveillance nécessaire, nuance-t-elle.

Le gouvernement Trudeau a déclaré avoir dépensé, au 31 décembre 2020, plus de 7 milliards de dollars en équipement de protection individuelle et en instruments médicaux.

Pour composer avec la hausse des besoins d'espace engendré par le processus d'achat de masse, l'Agence de la santé publique du Canada a conséquemment élargi substantiellement sa capacité d’entreposage, passant de 8 à 19 entrepôts, spécifie la vérificatrice générale.

Dans l'autre volet étudié par son bureau, Karen Hogan conclut par ailleurs que le gouvernement fédéral n'a pas pu répondre à plus de la moitié des demandes des communautés et organisations autochtones pour du personnel infirmier et ambulanciers supplémentaires pendant la pandémie.

Le gouvernement s'engage à suivre les recommandations du rapport

La ministre écoute une question lors d'une conférence de presse, assise devant des drapeaux canadiens.

La ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu (archives)

Photo : La Presse canadienne / David Kawai

Dans un communiqué, la ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu, et sa collègue des Services publics et de l'Approvisionnement, Anita Anand, affirment que le gouvernement s'est rapidement mobilisé pour s'approvisionner en [équipement de protection individuelle] et en instruments médicaux et distribuer ces produits à un moment où la demande à l'échelle mondiale était plus forte que jamais.

Le gouvernement Trudeau dit s'engager à donner suite à toutes les recommandations de la vérificatrice générale afin d'être mieux préparé aux futurs problèmes de santé publique.

Karen Hogan propose entre autres de mettre en œuvre un plan exhaustif de gestion de la Réserve nationale stratégique d’urgence assorti d’échéanciers clairs, de façon à corriger les lacunes mises en lumière par les audits internes.

Elle appelle également Services publics et Approvisionnement Canada à vérifier la viabilité financière des fournisseurs avant de leur attribuer des contrats avec une clause de paiement anticipé.

Grâce à ces recommandations et aux leçons tirées de la COVID-19, le Canada pourra non seulement adapter son intervention en cours face à cette pandémie, mais il pourra aussi mieux se préparer et faire preuve d'une plus grande efficacité la prochaine fois, affirment les ministres Hajdu et Anand.

Selon les plus récents chiffres officiels des provinces et du Canada, le pays cumule quelque 1,37 million de cas depuis le début de la pandémie et plus de 25 000 morts.

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