Au moment même où l’avenir de la société flotte dans l’incertitude, Transat A.T. perd le dernier de ses piliers. Après François Legault, Philippe Sureau, et Lina De Cesare, c’est maintenant au tour du dernier « pilote en chef » Jean-Marc Eustache de « débarquer » de l’avion. Seul Philippe Sureau reste encore administrateur.
Jean-Marc Eustache, 73 ans, prend sa retraite, aujourd’hui même. Après 34 années de loyaux services, les 14 derniers mois à la tête de Transat à titre de président et chef de la direction ont dû peser lourd dans sa décision de quitter la société.
Il cède les commandes à sa collègue Annick Guérard, la cheffe de l’exploitation.
- Écoutez la chronique économique de Michel Girard sur QUB radio:
Trois catastrophes
Un rappel des récents faits catastrophiques s’impose.
Un, Eustache a vu s’effondrer son rêve de réaliser un super coup d’argent alors que la transaction de vente (à 18 $ l’action) de Transat à Air Canada a avorté.
Deux, Eustache s’est retrouvé aux prises avec une société dont les affaires ont été littéralement paralysées à cause de la pandémie de la COVID-19.
Trois, l’action de la compagnie a forcément chuté dramatiquement, passant de 16,30 $ en janvier 2020, juste avant la pandémie, à seulement 5,00 $ par les temps qui courent.
Confortable retraite
Jean-Marc Eustache quitte quand même Transat avec les goussets bien garnis. Il détient 437 533 actions et UAD (unités d’actions différées) qui valent sur le marché quelque 2,2 millions de dollars. Remarquez que ce sont là des « pinottes » à comparer aux 15 millions de dollars qu’il aurait pu empocher avec ses actions et ses options si la transaction de vente de Transat à Air Canada à 18 $ l’action s’était matérialisée.
Mais en tant que nouveau retraité, Eustache peut maintenant compter sur une « prestation annuelle payable » de 1,47 million $. Précisons que la valeur de ses prestations de retraite prévisionnelles acquises s’élevait à 18,5 millions $ à la fin d’octobre 2020.
Le sauvetage fédéral
Malgré le plan de survie mis en place avec l’aide financière de 700 millions $ du gouvernement Trudeau, la situation financière de Transat reste extrêmement fragile.
Il faut dire que la société n’a toujours pas repris ses activités à cause de la fermeture des frontières. Et cela va perdurer jusqu’à la fin juillet.
En tant que « grande entreprise de tourisme international intégrée spécialisée dans le voyage vacances », Transat a ainsi été contrainte depuis le déclenchement de la pandémie, en mars 2020, de renoncer à vendre des forfaits vacances, des séjours hôteliers et des liaisons aériennes dans une soixantaine de destinations, dans plus de 25 pays en Amérique et en Europe.
Le passé
De 2009 à 2019, Transat a vu son chiffre d’affaires fluctuer entre un creux de 2,89 milliards $ (2016) et un sommet de 3,71 milliards $ (2012). Lors de ces 11 années, Transat a enregistré des bénéfices nets à sept reprises, dont 2017 (138 millions $).
En 2019, la société a bouclé l’année avec un volume de vente de 2,94 milliards de dollars, et une légère perte de 31 millions $.
Cependant, l’exercice terminé au 31 octobre 2020 s’est avéré catastrophique à cause de la paralysie des activités en raison de la COVID-19. Le volume d’affaires a chuté à seulement 1,3 milliard $ et les pertes, elles, ont explosé à 497 millions $.
L’avenir
La nouvelle commandante de bord de Transat, Annick Guérard, a un immense défi à relever : réussir à rentabiliser de nouveau Transat après plus d’une année de paralysie des activités touristiques.
Selon l’analyste Benoit Poirier, de Desjardins Capital Markets, l’exercice 2021 risque de se terminer dans le trou de 320 millions $.
Ce n’est pas avant 2023 que Transat retrouverait sa rentabilité ou presque.
D’ici là, il se peut fort bien que Transat fasse de nouveau l’objet d’une offre publique d’achat.
Faute d’avoir l’appui du principal actionnaire de Transat (Letko, Brosseau & Associés), Pierre Karl Péladeau a retiré son offre d’achat à 5,00 $ l’action.
Air Transat: le pilote en chef débarque - Le Journal de Montréal
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