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Tuesday, August 15, 2023

Un retour du nucléaire au Québec serait cher et inutile - Le Devoir

Hydro-Québec a indiqué la semaine dernière évaluer la possibilité de rouvrir la centrale nucléaire Gentilly-2 de Bécancour, dans le Centre-du-Québec, une dizaine d’années seulement après sa fermeture. Il serait « irresponsable » d’exclure d’emblée des filières énergétiques alors que le Québec fait face au « défi immense » de la décarbonation de son économie et que l’électricité y viendra rapidement à manquer avec l’augmentation continue de la demande, a expliqué la société d’État.

Soit, mais on se rendra aussi rapidement compte que le nucléaire ne sera pas une solution, dit l’expert en énergie Roger Lanoue, ancien vice-président d’Hydro-Québec et ex-coprésident de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec. Ne serait-ce qu’en raison de ses coûts. Ces propos ont été édités à des fins de clarté.

Lors de l’annonce de la fermeture de la centrale Gentilly-2, en 2012, on avait évoqué deux grandes raisons. Comme on était au lendemain de la catastrophe de Fukushima, il y avait la sécurité. Il y avait aussi les coûts jugés exorbitants qu’aurait impliqués la mise à niveau de la centrale. Est-ce que quelque chose a changé depuis ce temps ?

J’ai l’impression que le drame de Fukushima a surtout été une occasion qu’on a saisie pour annoncer une décision qui se préparait depuis longtemps. Cela faisait des années qu’on se demandait quel était l’intérêt de garder la centrale ouverte compte tenu de ses coûts — non seulement de réparation et de rénovation, mais aussi d’exploitation. C’est que, contrairement à une centrale hydroélectrique, il fallait, jour et nuit, plusieurs centaines d’employés pour la faire fonctionner.

Ces facteurs économiques n’ont pas changé. Je ne suis pas un expert, mais je ne serais pas étonné s’il en coûtait de 15 ¢ à 20 ¢ le kilowattheure pour refaire fonctionner Gentilly-2, peut-être même 25 ¢ avec les coûts de fonctionnement. En comparaison, le complexe de la Romaine a peut-être coûté 9 ¢, quand on compte comme il faut, et un nouveau projet hydroélectrique tournerait autour de 12 ¢.

À dire vrai, je ne vois pas comment on pourrait se contenter de rafistoler une centrale dont la technologie est aussi vieille. Il faudrait en construire une nouvelle. Mais on ne dispose probablement plus de l’expertise et de la main-d’oeuvre nécessaires pour ce genre de conception, de construction et d’opérations. Il faudrait la faire venir de l’extérieur.

Le nucléaire ne vous apparaît de toute évidence pas une option intéressante pour le Québec.

 

Au Canada, il n’y a que l’Ontario qui a fait ce choix, si on exclut la vieille centrale de Point Lepreau, au Nouveau-Brunswick, qui a coûté terriblement cher à rénover. On parle depuis au moins 20 ans de miniréacteurs nucléaires, mais aucun n’est encore en service. Comme on voudra les garder aussi proches que possible de la demande, cela viendra avec des coûts de sécurité importants.

En fait, il n’y a pas un pays au monde qui s’embarquerait dans un nouveau projet de centrale nucléaire s’il disposait encore, comme le Québec, de telles ressources hydroélectriques inexploitées. Mais cela vient avec des contraintes et des coûts de plus en plus importants aussi, en plus d’imposer qu’on s’entende avec les populations autochtones qui occupent ces territoires.

Hydro-Québec produit actuellement 200 térawattheures et projette qu’il en aura besoin de 100 de plus d’ici 2050 pour atteindre notamment l’objectif de carboneutralité. Est-ce que la solution toute trouvée ne serait pas les énergies renouvelables qui sont aujourd’hui souvent moins chères que les sources habituelles ?

Dans certains cas, peut-être. Mais 3000 mégawatts d’énergie éolienne ou solaire ne sont pas la même chose que 3000 mégawatts d’énergie hydroélectrique — ou nucléaire, puisqu’on en parle. Comme on ne peut pas se fier au soleil ou au vent en tout temps, le solaire et l’éolien ne peuvent pas servir de sources d’énergie de base.

Une autre voie qu’il faudrait aussi privilégier est évidemment les économies d’énergie. On avait estimé, il y a une dizaine d’années, que les bâtiments, au Québec, pourraient consommer trois fois moins d’énergie si l’électricité n’était pas si bon marché et qu’on apportait le bon type d’aide aux propriétaires, comme on le fait en Europe.

Rien ne nous oblige non plus à accepter toutes les grandes industries énergivores ni à les garder lorsque leurs contrats d’approvisionnement arrivent à échéance. C’est à nous de faire des choix en fonction de nos priorités.

De combien de temps disposons-nous ?

Beaucoup moins qu’on pourrait penser. Il est vrai que les projections de demandes d’électricité ne tiennent pas toujours compte de la grande inefficacité énergétique des combustibles fossiles que l’on veut remplacer, mais les besoins futurs sont bien réels et le contrat de Churchill Falls avec Terre-Neuve arrivera à échéance en 2041.

Or, il faut au moins de 12 à 15 ans pour n’importe quel de ces grands projets, qu’ils soient de production ou d’économie d’énergie. Ça arrive très vite.

Fitzgibbon refuse d’écarter le nucléaire

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