La question d’un éventuel retour de l’énergie nucléaire au Québec semble se poser depuis quelques mois déjà, au sein du gouvernement Legault. Radio-Canada a appris qu’en avril dernier, le premier ministre lui-même a soulevé cet enjeu devant des dizaines de députés à l’Assemblée nationale, ce qui en avait alors surpris plus d’un.
C’est une question qui m’avait marqué
, témoigne un député de l’opposition sous le couvert de l’anonymat, car il n’est pas autorisé à discuter publiquement de l’événement.
C’était complètement champ gauche par rapport à la formation qu’on venait de recevoir
, se souvient un autre élu issu d’une autre formation politique, qui a requis l’anonymat pour les mêmes raisons.
Tous deux font référence à la formation reçue par les députés de l’Assemblée nationale, le 18 avril dernier en soirée, concernant les changements climatiques et plus particulièrement les enjeux qui en découlent.
Selon plusieurs sources, au terme de la formation, François Legault a pris la parole pour demander quelle place l’énergie nucléaire pourrait occuper dans les efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre au Québec.
Selon ces mêmes sources, le premier ministre aurait alors reçu une réponse plutôt négative de la part des experts chargés de la formation, plus particulièrement Alain Webster, président du Comité consultatif sur les changements climatiques. Radio-Canada a tenté de le joindre, sans succès.
J’avais l’impression que la réponse que M. Legault voulait, c’était un "oui"
, se rappelle une autre députée de l’opposition qui avait été saisie par la nature de la question, à une époque où l’énergie nucléaire n’était pas encore vraiment revenue dans l’actualité québécoise.
C’était une question qui n’était pas objective, qui n’était pas neutre, à mon avis.
D’autres personnes présentes n’ont toutefois pas perçu la question de François Legault comme étant chargée politiquement. Bien que surprenante, la question leur paraissait plutôt légitime.
Des déclarations qui s’accumulent
À la lumière des informations dont on dispose aujourd’hui, on se dit que la réflexion sur le nucléaire était probablement déjà entamée au gouvernement
, analyse toutefois l’une de nos sources qui assistait à cette formation du mois d’avril.
Dans une déclaration écrite, Alice Bergeron, attachée de presse du premier ministre, confirme qu'une « réflexion approfondie » est en cours sur cette question.
La transition énergétique est le plus grand défi auquel le Québec fera face dans les prochaines années. Une réflexion approfondie est menée sur les technologies que l’on utilisera pour le relever. À cette étape ci, il faut avoir un regard global sur l’ensemble des moyens qui vont nous permettre de décarboner notre économie.
Si l’événement refait aujourd’hui surface et prend un sens nouveau pour plusieurs députés de l’Assemblée nationale, c’est parce que le nouveau patron d’Hydro-Québec, Michael Sabia, a récemment lancé une analyse afin d’évaluer la possibilité de relancer la centrale nucléaire Gentilly-2, pourtant inactive depuis 2012 à Bécancour.
En juin, alors qu’il venait tout juste d’être nommé comme nouveau PDG de la société d’État, M. Sabia en avait surpris plus d’un en ne fermant pas la porte au développement de l’énergie nucléaire, prétextant qu’il gardait l’esprit ouvert
par rapport aux moyens de relever le défi de la transition énergétique au Québec.
Quelques jours plus tard, le ministre de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, admettait lors d’une mêlée de presse avoir un appétit intellectuel
pour l’énergie nucléaire, tout en insistant du même souffle qu’il n’y avait actuellement aucun projet de la sorte au Québec.
Les élus de l’Assemblée nationale recevront cet automne une deuxième formation, qui doit porter davantage sur les solutions afin de lutter contre les changements climatiques.
Dès avril, Legault avait l'énergie nucléaire à l'esprit - Radio-Canada.ca
Read More
No comments:
Post a Comment