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Tuesday, October 18, 2022

L'industrie du cannabis réclame l'aide d'Ottawa pour lutter contre le marché noir | Cannabis : les effets de la légalisation - Radio-Canada.ca

Des produits de cannabis exposés dans une vitrine.

Le Conseil canadien du cannabis estime que le marché noir continue de représenter au moins 50 % des ventes au pays.

Photo : Radio-Canada

« Là, c’est urgent! » Jorge Sousa est accoudé à un grand comptoir en verre, rempli de dizaines de produits colorés de cannabis. Lui et son partenaire d’affaires, Luis Pragelas, ont investi un demi-million de dollars dans leur magasin à Hawkesbury. Mais ils craignent que leur rêve ne s’envole en fumée.

Leur principale préoccupation : le marché noir du cannabis, qui continue de fleurir, même quatre ans après la légalisation de cette drogue au Canada.

C’est les taxes, les taxes, les taxes, se lamente M. Sousa. On n’arrive pas à faire concurrence au marché noir si nos produits coûtent trop cher. Et aussi la réglementation. Tout ça met un grand fardeau sur l’industrie au grand complet.

Il nous amène devant son bar à cocottes qui présente les fleurs des 80 variétés de marijuana qui sont en vente dans son commerce. Il en prend une au hasard.

Un magasin de cannabis.

Jorge Sousa présente des produits aux clients de son « bar à cocottes ».

Photo : Radio-Canada

« Cette variété-là, par exemple, je la vends à 40 $ pour 3 grammes. Sur le marché noir, c’est 20 $. C’est sûr que celui qui cherche un meilleur prix va aller sur le marché noir. »

— Une citation de  Jorge Sousa, copropriétaire de Connoisseur Culture

Le Conseil canadien du cannabis (CCC) viendra présenter un message semblable à Ottawa lundi midi. Le groupe de défense de l’industrie estime que le marché noir continue de représenter au moins 50 % des ventes de cannabis au pays.

Industrie vulnérable

Selon un rapport préparé pour le CCC, dont Radio-Canada a obtenu copie, la viabilité de l’industrie du cannabis est en danger.

La presque totalité des producteurs canadiens sont en situation déficitaire, sur le bord de la faillite, note le rapport.

« Le prix du cannabis légal n’est pas compétitif avec celui du marché noir en raison des taxes perçues par le gouvernement. »

— Une citation de  Extrait du rapport Analyse économique sur le cannabis de la firme EY Parthenon

Pour chaque dollar de cannabis vendu, les producteurs et détaillants empochent 53 cents, contre 47 cents pour les différents ordres de gouvernement, la grande majorité en taxes d’accise et de vente.

Par exemple, un joint préroulé coûte 15 % moins cher sur le marché noir. Pour les produits comestibles, c’est 90 % moins cher.

Le rapport conclut que la légalisation du cannabis par le gouvernement Trudeau n’a pas atteint ses trois objectifs principaux, puisque : les jeunes ont encore accès aux produits sur le marché noir; la qualité du produit du marché noir ne protège pas la santé des Canadiens; les groupes criminels continuent d’empocher des profits.

Succès ou échec?

Devant ce constat, les partis d’opposition à Ottawa estiment que la légalisation du cannabis par le gouvernement libéral est loin d'avoir eu le succès escompté.

Si la moitié des ventes sont encore sur le marché noir, ça veut dire que la légalisation n’a pas réussi à mettre un frein au crime organisé, estime le député néo-démocrate Don Davies. C’est 4 milliards $ qui échappent aux coffres du gouvernement.

C’est un autre échec libéral, estime pour sa part le député conservateur Pierre Paul-Hus.

L’Association des policiers du Québec mentionne une recrudescence des activités criminelles autour de la marijuana, remarque-t-il.

« Lorsqu'on s'aperçoit que l'objectif premier, qui était de diminuer le marché noir, n'est pas réalisé, c’est que ça ne fonctionne pas. »

— Une citation de  Pierre Paul-Hus, lieutenant du Québec pour les conservateurs

Mais le gouvernement libéral estime au contraire que la légalisation est un succès incroyable.

Le député Nathaniel Erksine-Smith constate qu’il reste du travail à faire, mais ajoute que personne ne pensait qu’on allait éliminer complètement le marché noir en seulement quatre ans.

Le libéral fait également remarquer que la consommation de cannabis est demeurée assez stable depuis la légalisation.

Ottawa vient d’entamer une révision obligatoire de la Loi sur la légalisation du cannabis, qui devrait durer 18 mois. C’est trop long au goût de l’industrie. L’urgence, c’est maintenant, clame le commerçant Jorge Sousa. Il faut agir rapidement.

Le gouvernement libéral laisse entendre qu’il est prêt à réduire les taxes sur le cannabis avant la fin de la révision, notamment la taxe d'accise.

Peut-être que les producteurs devraient demander ces changements dans le prochain budget, lance le député Erskine-Smith, en ajoutant que c’est à la ministre des Finances, Chrystia Freeland, que revient cette décision.

Industrie ou profits en péril?

Cependant, certains remettent en question les demandes urgentes de l’industrie.

Un présentoir de cannabis.

Le gouvernement libéral laisse entendre qu’il est prêt à réduire les taxes sur le cannabis avant la fin de la révision, notamment la taxe d'accise.

Photo : Radio-Canada

Comment se fait-il que l’industrie du cannabis vaille des milliards de dollars et que les producteurs soient presque tous déficitaires?, demande David Décary-Hétu, professeur de criminologie à l’Université de Montréal.

Le chercheur fait remarquer que la légalisation a fait diminuer les prix du cannabis depuis quatre ans, et que le marché noir a de plus en plus de difficulté à composer avec l’offre légale.

Selon lui, baisser les taxes n’aidera pas nécessairement les producteurs à lutter contre le marché illicite, mais pourrait surtout leur donner de meilleures marges de profit.

Sans compter, dit-il, que les gouvernements ont aussi des obligations de santé publique liées à la commercialisation du cannabis, et qu’une baisse trop marquée des prix pourrait faire augmenter la consommation et nuire à cet objectif.

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