Après des années de spéculations, la percée canadienne de Québecor dans le secteur du sans-fil pourrait se concrétiser. Le conglomérat québécois accepte de débourser 2,85 milliards pour racheter les activités de Freedom Mobile, ce qui lui permettrait de devenir le quatrième acteur en importance dans l’industrie au pays, aux côtés de Bell, Rogers et Telus.
Cette transaction est au cœur de l’acquisition de Shaw Communications par Rogers, un mariage estimé à 26 milliards. Afin de convaincre les autorités réglementaires d’approuver le regroupement, Rogers avait consenti à se départir du réseau de téléphonie mobile de Shaw.
« Il s’agit d’un moment charnière pour le marché canadien de la téléphonie sans fil », a souligné le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, vendredi soir, dans la foulée de l’annonce de la transaction.
Après 15 années de succès dans le marché québécois du sans-fil, nous avons démontré notre expertise, notre capacité à innover ainsi que notre solidité financière.
Pierre Karl Péladeau, PDG de Québecor
Le conglomérat n’était pas l’unique prétendant qui convoitait Freedom Mobile, quatrième acteur dans le créneau de la téléphonie mobile avec 1,7 million de clients en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Au Québec, Vidéotron, principale filiale de Québecor, comptait 1,6 million de lignes actives au 31 mars dernier.
À plus d’une reprise dans le passé, Québecor avait laissé planer la possibilité d’une expansion à l’extérieur du Québec dans la téléphonie mobile. Cette fois-ci pourrait être la bonne.
Pas encore fait
Il reste plusieurs étapes à franchir avant de voir Québecor s’étendre dans le reste du pays. La transaction annoncée avec Rogers doit obtenir l’aval des autorités réglementaires. Selon les modalités de l’accord, Québecor mettrait la main sur l’ensemble des clients de Freedom Mobile, l’infrastructure, les licences ainsi que les boutiques de l’entreprise.
« Notre entente avec Québecor pour la cession de Freedom constitue une étape cruciale vers la conclusion de notre projet de fusion avec Shaw », estime le président et chef de la direction de Rogers, Tony Stafferi.
Pas plus tard que la semaine dernière, Drew McReynolds, de RBC Marchés des capitaux, soulignait, dans une note envoyée à ses clients, que Québecor était un prétendant sérieux pour mettre la main sur les activités de Freedom Mobile.
À plusieurs reprises, nous avons écrit que Québecor représentait un partenaire logique qui pourrait contribuer à faire débloquer le regroupement entre Rogers et Shaw d’un point de vue réglementaire.
Drew McReynolds, analyste chez RBC Marchés des capitaux
Reste à voir comment le conglomérat québécois compte financer la transaction. Fin mars, l’entreprise disposait de 1,65 milliard. Elle devra trouver des liquidités supplémentaires pour avoir les moyens de ses ambitions.
L’entente survient malgré des relations tendues entre Québecor et Rogers. La filiale Vidéotron avait déposé une poursuite de 850 millions contre la société torontoise, affirmant que Rogers avait « provoqué artificiellement une impasse » dans une entente conclue entre les deux entreprises pour créer un réseau sans fil commun au Québec et à Ottawa.
Toujours des craintes
La présence de Rogers et de Shaw au Québec est limitée. Dans le reste du pays, cependant, le mariage entre les deux géants des télécommunications suscite des préoccupations.
Vendredi, le Bureau de la concurrence a renforcé son opposition au regroupement dans de nouvelles soumissions présentées au Tribunal de la concurrence. Dans des documents publiés après la fermeture des marchés, l’organisme fédéral a déclaré que la transaction nuirait aux consommateurs en raison de prix plus élevés, de services de qualité inférieure et d’innovation perdue.
L’organisme fait également valoir que la vente proposée du service Freedom Mobile de Shaw Communications ne serait pas une solution efficace parce que cela ne remplacerait pas la concurrence croissante que Shaw Mobile offrirait en Alberta et en Colombie-Britannique, et que cela ferait de Freedom Mobile « un concurrent plus faible par la suite » qu’il ne l’aurait été sans l’entente.
« Des profits seront également versés à des investisseurs non canadiens, souligne le Bureau. Ces effets sont défavorables et doivent être pondérés par rapport à tout gain d’efficacité qui pourrait en résulter. »
Cinq semaines d’audience doivent commencer la semaine du 7 novembre concernant la transaction entre Rogers et Shaw, suivies de plaidoiries écrites et orales.
À la Bourse de Toronto, vendredi, l’action de catégorie B de Québecor a clôturé à 27,66 $, en hausse de 14 cents, ou 0,5 %. Le titre de Rogers a terminé la séance à 59,01 $, en hausse de 1,08 $, ou 1,9 %.
En savoir plus
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- 4,55 milliards
- Revenus générés par Québecor en 2021. Ils avaient progressé de 5,5 % sur un an.
Source : Québecor -
Téléphonie mobile | Une percée canadienne à 2,85 milliards pour Québecor - La Presse
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