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Saturday, June 17, 2023

Analyse | Crise du logement : une croissance trop rapide de la population? - Radio-Canada.ca

Les mises en chantier sont à la baisse à Montréal et ailleurs au Canada.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

La croissance démographique au Canada est-elle trop rapide dans le contexte actuel de crise du logement? Cette question est fondamentale, puisque la crise prend de l’ampleur alors que les mises en chantier sont en baisse et que les niveaux d’immigration augmentent rapidement.

Un graphique préparé par les économistes de la Banque Nationale est révélateur. La population en âge de travailler a grimpé de 204 000 au cours du premier trimestre de l’année au Canada, un record. À titre de comparaison, écrit l’économiste Stéfane Marion, la population du Royaume-Uni a augmenté de 200 000 personnes sur une année complète en 2022.

Or, les mises en chantier au cours des trois premiers mois de l’année au Canada ne se sont élevées qu’à 57 000 logements. Cela nous donne, selon la Banque Nationale, un ratio de mises en chantier par rapport à la croissance de la population en âge de travailler de 0,27. C’est un plancher record et c’est largement sous la moyenne historique de 0,61.

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Graphique comparant la croissance de la population en âge de travailler avec la progression des mises en chantier.

Photo : Radio-Canada / Banque Nationale

« L’absence de nouvelles mises en chantier face à une croissance démographique très forte continuera d’exercer une pression sur l’accessibilité du logement au cours des prochains trimestres. »

— Une citation de  Stéfane Marion, économiste et stratège en chef de la Banque Nationale

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le rythme annualisé des mises en chantier au pays en mai a chuté de 23 % par rapport au niveau du mois d’avril. Les marchés de Vancouver (- 45 %), Montréal (- 35 %) et Toronto (- 28 %) ralentissent, selon l’organisme.

Le marché immobilier, en reprise

Pendant ce temps, les ventes de propriétés repartent à la hausse, avec une croissance de 5,1 % au Canada en mai par rapport au mois d’avril, selon l’Association canadienne de l’immobilier. C’est un quatrième mois de progression de suite. Les ventes réelles sur une année, de mai 2022 à mai 2023, sont en hausse de 1,4 %, une première depuis juin 2021.

Malgré la hausse des taux, plus précisément neuf hausses par la Banque du Canada depuis mars 2022, le marché immobilier est en reprise, autant pour les ventes que les prix. La croissance accélérée de la démographie y est pour quelque chose, alors que la demande grandit grâce à un apport plus élevé de l’immigration au Canada.

Ainsi, le marché immobilier devient moins accessible en raison de la hausse des taux et de la remontée des prix, ce qui amène des ménages à se tourner vers le marché de la location. Cette demande fait pression à la hausse sur les prix des loyers, un marché qui devient en complet déséquilibre. Certains n’arrivent même plus à se trouver un logis…

Selon la SCHL, il faut 3,5 millions de nouveaux logements au pays d’ici 2030 pour rétablir l’abordabilité du logement, dont 620 000 au Québec seulement.

Il faudrait commencer à s’occuper de notre monde

Dans une lettre envoyée mercredi au premier ministre Legault, des élus municipaux et des acteurs sociaux et économiques réclament des actions rapides pour accroître l’offre de logements. On se dirige vers la baisse du nombre de mises en chantier la plus importante en près de 30 ans et l’heure est à l’urgence, disent-ils.

Des mises en chantier, ça ne se fait pas en criant ciseau, disait la mairesse de Gatineau, France Bélisle, à Zone économie, mercredi soir. C’est pour ça que ça nous prend un plan, il faut que tout le monde soit autour de la table. Si j’étais le premier ministre, je me réjouirais de voir qu’il y a des gens de tous les horizons qui veulent s’asseoir avec lui pour être capables de trouver des solutions.

« On entend souvent les gens du terrain dire que c’est une bataille de gouvernements. C’est vrai que c’est ça. Mais, un moment donné, on est en train de parler des humains et d’un toit sur la tête. Et, à ce que je sache, on est encore dans la pyramide de Maslow d’un Québec qui a des valeurs. Il faudrait commencer à s’occuper de notre monde et le faire tout le monde ensemble. »

— Une citation de  France Bélisle, mairesse de Gatineau, en entrevue à « Zone économie »

Le taux d’inoccupation des logements est de 1,7 % au Québec et de 0,8 % à Gatineau.

La pression démographique

Le Canada a accueilli 431 645 nouveaux résidents permanents en 2022. Le pays a des cibles de 465 000 en 2023, 485 000 en 2024 et 500 000 en 2025. À ce niveau-là, la croissance du nombre d’immigrants atteindra presque 50 % par rapport au niveau d’avant-pandémie.

Si le Canada avait maintenu son niveau de 2019 pour ce qui est de l'arrivée de nouveaux résidents permanents, le pays aurait reçu, entre 2020 et 2025, près de 450 000 personnes en moins. Cela n’aurait pas réglé totalement l’enjeu de la pénurie de logements, loin de là. Mais la pression serait peut-être un peu moins forte.

L’accueil d’immigrants est réclamé et souhaité par les milieux d’affaires pour soulager, en partie, la pénurie de main-d’oeuvre. Mais au rythme actuel, cette politique crée une pression supplémentaire sur l’accès au logement au pays, sans compter les autres effets économiques, particulièrement sur l’inflation.

Dans ce contexte, Stéfane Marion écrivait il y a quelques semaines que le gouvernement du Canada devrait envisager de revoir ses objectifs en matière d’immigration afin de permettre à l’offre de rattraper la demande. Le déséquilibre est trop grand en ce moment pour que le gouvernement de Justin Trudeau ignore la situation.

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Merci de nous suivre à Zone économie tous les soirs à 17 h 55 (HAE), dans le cadre du balado Question d’intérêt et sur notre site web. Je vous retrouve, avec grand plaisir, en août. Bon été!

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