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Monday, November 22, 2021

Pénurie de main-d'oeuvre: la fin de «liberté 55» - TVA Nouvelles

Heures d’ouvertures réduites, commerces fermés, contrats perdus, les effets de la pénurie de main-d’œuvre se font de plus en plus sentir, mais le pire reste à venir. Le Québec s’apprête à connaître un « creux historique » de travailleurs disponibles en 2030, signale le ministre du Travail, qui prévient qu’il faudra travailler plus vieux.

• À lire aussi: Pénurie de main-d'oeuvre: «C’est le cauchemar total»

« On n’a pas suffisamment de monde pour assurer un taux de remplacement, ce qui fait qu’entre 2019 et 2028, les économistes et les démographes anticipent à peu près 1,4 million de postes vacants », analyse froidement Jean Boulet, manches relevées, depuis son bureau à l’Assemblée nationale.

Le constat est clair : « Ça ne se résorbera pas miraculeusement et je le redis, c’est un défi de société », tranche-t-il.

Le Québec se retrouvera devant un mur en 2030, alors que la proportion de population active chutera à 60,4 % avec le vieillissement de notre société.

D’autres pays ont connu le même enjeu et s’en sont bien tirés, notamment les États-Unis et, de façon plus critique, le Japon. Dans ce pays l’âge de la retraite a été repoussé à 70 ans, dit Jean Boulet. « Tout est automatisé » et « ils n’ont à peu près pas d’immigration », souligne-t-il.

La stratégie du gouvernement, dont un pan important sera dévoilé jeudi, lors de la mise à jour économique, repose sur quatre grands piliers : la requalification, l’intégration, l’immigration et le maintien en emploi. 

Selon lui, faire venir des travailleurs qualifiés « est une option intéressante [...], mais il faut d’abord travailler avec notre main-d’œuvre ici ».

C’est pourquoi Québec souhaite encourager les travailleurs à se requalifier. Ceux qui « ambitionnaient de se réorienter [mais] ne savaient pas comment faire » auront des opportunités de se « façonner personnellement », révèle Jean Boulet. Le gouvernement entend aussi impliquer tout le monde pour relever ce défi, y compris certaines « clientèles » où le taux d’emploi reste moins élevé : les personnes handicapées, les candidats à la réinsertion sociale et les jeunes.

Les Québécois devront aussi se faire à l’idée, il faudra travailler plus vieux, lâche Jean Boulet. « On a trop de départs à la retraite trop rapidement », tranche-t-il.

Le ministre se dit convaincu qu’une « partie des changements de paradigmes que la pénurie de main-d’œuvre va imposer » reviendra aux employeurs, pour qu’ils s’assurent d’accommoder leurs travailleurs les plus âgés.

Des personnes de 71 ans et plus pourraient vouloir continuer à travailler et il est important de « s’ouvrir à ça ». « Les parcours linéaires, on va en voir de moins en moins [...] Et la durée de vie d’une carrière va augmenter considérablement, j’en suis convaincu », dit-il.

Les entreprises auront aussi leur part à faire, notamment pour « s’automatiser, se robotiser, se numériser », un « impératif incontournable », selon lui.

« Les études des HEC montrent que 25 % seulement des processus d’affaires des entreprises manufacturières au Québec sont complètement automatisés alors que c’est 55 % aux États-Unis, 75 % en Allemagne », pointe Jean Boulet.

Oui, la pénurie de main-d’œuvre « freine le développement » de certaines entreprises, reconnaît-il.

Mais si cet enjeu n’est pas « une responsabilité qui repose uniquement sur les épaules de l’État », Québec sera là pour les accompagner, assure-t-il. 

Les idées ne manquent pas pour pallier le manque de personnel dans les entreprises. Si le ministre Boulet accueille favorablement certaines, il en écarte plusieurs autres. Tour d’horizon :

Serait-il possible de ne pas imposer les heures supplémentaires, pour encourager les travailleurs à rester plus longtemps au boulot ?

« La défiscalisation du temps supplémentaire, ce n’est pas une option qu’on considère. On fait plus des réflexions au sujet de potentiels incitatifs fiscaux. Il y en a auxquels j’ai déjà fait référence, comme le crédit d’impôt, la capacité d’opter pour cotiser ou non à la Régie des rentes du Québec après un certain âge.

Pourriez-vous obliger certains secteurs à fermer le dimanche pour les aider à offrir de meilleures conditions de travail ?

Libre choix. On l’a mentionné quand il y a eu le débat avec l’Association des quincailliers du Québec. Chacun est libre et ce n’est pas quelque chose qui est analysé en ce moment.

Que pensez-vous d’améliorer les incitatifs fiscaux pour encourager l’embauche de travailleurs ? 

Tout est sur la table, dit le ministre Boulet, notamment bonifier les incitatifs fiscaux pour l’intégration et l’amélioration du taux d’emploi des 60 à 69 ans.

Foire de l'emploi de Québec 2017

Photo d'archives

Si la pénurie de main-d’œuvre crée de nombreuses opportunités, seuls les mieux qualifiés pourront en bénéficier. Voici les « compétences du futur » qui seront recherchées par les employeurs :  

  • Connaissances en littératie et en numératie      
  • Savoir collaborer      
  • Pouvoir résoudre des problèmes      
  • Avoir du jugement      
  • Agir en citoyen éthique      
  • Faire preuve d’autonomie      
  • Être empathique      
  • Gérer des personnes      
  • Mettre en œuvre sa pensée créative                      

Source : La Commission des partenaires du marché du travail (CPMT) 

Le secteur public craque de partout et Québec a bien l’intention de s’atteler à en colmater les brèches avant de tourner son attention vers les domaines les plus demandés du privé.

À COURT TERME  

  • Psychologues, travailleurs sociaux et tout ce qui gravite autour de la protection de la jeunesse et de la santé mentale       
  • Préposés aux bénéficiaires       
  • Éducatrices       
  • Infirmières       
  • Enseignants                     

*Pour y arriver, le ministre compte s’inspirer du programme de formation rémunérée en alternance travail-études qu’il a annoncé en avril dernier pour recruter, à terme, 2400 éducatrices.

À MOYEN ET LONG TERME  

  • Technologies de l’information                 
  • Construction                 
  • Génie                                 

*Québec a l’intention de mieux faire connaître ses programmes de recrutement, dont les entreprises ignorent trop souvent l’existence

  • 1,4 million d’emplois seront à pourvoir sur la période 2019-2028.      
  • 80 % de ces postes seront créés par des départs à la retraite, le reste par la création d’emplois.      
  • La proportion de la population active (les 15 à 64 ans) sera en diminution constante de 2021 à 2030                             

SELON QUÉBEC, CES POSTES SERONT COMBLÉS :  

  • 17 % par la hausse du taux d’activité des 15 à 64 ans      
  • 22 % par l’immigration      
  • 8 % par des personnes de 65 ans et plus      
  • 54 % de jeunes qui intègrent le marché du travail                          

Source : Institut de la statistique du Québec 

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