Rechercher dans ce blog

Sunday, November 7, 2021

Nation québécoise: entre mépris et hypocrisie | JDM - Le Journal de Montréal

Il y a quelques jours, le PDG d’Air Canada a fait scandale en déclarant devant les médias qu’il vit depuis 14 ans à Montréal et n'a jamais eu besoin de parler en français. Pire encore, Michael Rousseau se réjouissait que le français ne soit pas la langue commune dans la métropole et que l’on puisse y vivre sa vie en parlant exclusivement anglais.

Plus ça change, plus c’est pareil: le mépris du français est inséré profondément dans l’ADN de plusieurs Canadiens anglais. Les plus vieux se souviendront de Donald Gordon, patron du CN, qui avait affirmé en 1962 qu’il n’y avait aucun francophone pour occuper les postes de vice-président parce qu’aucun n’avait les compétences pour faire le travail.

M. Rousseau a dit qu’il n’avait pas le temps d’apprendre le français. Soyons sérieux. Personnellement, j’adore apprendre des langues. J’ai un horaire chargé moi aussi, mais je suis des cours sur des balados quand je conduis ou lorsque je visionne des séries avec sous-titres dans la langue que j’étudie. Maîtriser une langue permet un contact privilégié avec les peuples qui la parlent. C’est une aussi une marque de respect pour leur culture. Quand je visite un pays dont je ne parle pas la langue, je prends au moins la peine d’apprendre quelques phrases, genre «parlez-vous anglais ou français» ou «bonjour» et «merci», sans oublier bien sûr «où sont les toilettes»! L'excuse de M. Rousseau voulant qu'il n'ait pas le temps constitue une insulte à notre intelligence — sans oublier qu'il vit au Québec et est marié à une francophone.

Le mépris d’Air Canada est le même qu’on retrouve à Immigration Canada, qui vient d’autoriser l’embauche d’agents d’information unilingues dans leurs bureaux du Québec, suivant ce que rapportait Radio-Canada. Ottawa envoie ainsi un très mauvais message aux immigrants et aux anglophones. Vous n’avez pas besoin de parler français au Québec, on va vous employer quand même. 

Justin Trudeau a qualifié d’inacceptable le discours unilingue de Michael Rousseau. Fort bien, mais reconnaissons que ce n’est pas Ottawa qui a nommé le président de l’avionneur. Par contre, ce qui se passe au ministère de l’Immigration relève directement du gouvernement fédéral. Si notre premier ministre était vraiment sincère dans son désir de protéger le bilinguisme, il n’aurait jamais laissé passer une telle chose. Il n’aurait pas non plus nommé Mary Simon gouverneure générale du Canada, une autre qui n’a pas eu le temps d’apprendre à parler français. Mieux encore, celle qui a grandi au Québec a trouvé le moyen de nous jeter le blâme pour cette situation en disant que la faute incombait au système d’éducation québécois!

Quand le chef d’État donne un tel exemple, faut-il s’étonner que les indignations que nous subissons, petites et grandes, se multiplient? Un exemple récent qui est passé sous le radar, le témoignage de Colin Standish lors des audiences du Quebec Community Groups Network contre le projet de loi 96. L’avocat montréalais a soutenu durant sa présentation que dans les textes de loi, il est illégal d’écrire le mot «Québec» avec un accent, et ce, même quand le nom est écrit dans la version française de la loi! Le nom officiel est sans accent, a-t-il dit. Quand il s’agit d’effacer notre identité, tous les coups sont permis. Sera-t-on étonné d’apprendre que Colin Standish est à la tête d’un groupe de juristes qui contestera la constitutionnalité de la loi 96 devant les tribunaux? Comme l’immense majorité des Canadiens anglais, de Terre-Neuve à Vancouver en passant par Westmount, Standish nourrit une opposition viscérale à la reconnaissance de notre nation dans la Constitution, comme le propose le projet de loi 96.

Parions que, le temps venu, les fédéraux lui verseront des subsides via le programme de contestation judiciaire, pour que sa manœuvre réussisse. Tout en faisant semblant d’être d’accord avec la reconnaissance du Québec comme nation, Justin Trudeau financera en sous-main les attaques contre la future loi 96. Au lieu de défendre la plus grande minorité nationale du pays contre le mépris et les injustices dont elle est victime de la part de la majorité canadienne anglaise, Trudeau ajoutera l’insulte à la blessure en faisant preuve une fois encore d’hypocrisie envers le Québec. 

Adblock test (Why?)


Nation québécoise: entre mépris et hypocrisie | JDM - Le Journal de Montréal
Read More

No comments:

Post a Comment

Les agents de bord d'Air Transat rejettent l'entente de principe - Radio-Canada.ca

Les agents de bord d'Air Transat ont rejeté pour une seconde fois une entente de principe qui était intervenue avec leur employeur qu...