À quel moment la vaccination des enfants débutera-t-elle au Canada ?
La requête d’autorisation de Pfizer a été déposée le 18 octobre auprès de Santé Canada, et la décision devrait être rendue en novembre. « Ensuite, mais assez rapidement, les comités d’experts vont formuler des recommandations plus précises sur cette vaccination », explique le Dr Nicholas Brousseau, de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Le Comité sur l’immunisation du Québec, où siège le Dr Brousseau, évaluera les risques et les bénéfices de vacciner les 5-11 ans. La campagne de vaccination dans les écoles ne pourra se mettre en branle qu’après la publication de ces avis. Sera-t-il possible d’amorcer cette campagne avant les Fêtes ? Difficile à dire pour le moment. Par contre, si les autorisations étaient délivrées, les enfants pressés d’être vaccinés pourraient recevoir leurs doses dans les centres de vaccination, sans attendre que le vaccin soit offert dans leur école. Soulignons enfin que la vaccination des enfants, si elle est fortement encouragée, n’est pas obligatoire. Québec n’envisage pas non plus, pour le moment, d’étendre le passeport vaccinal aux moins de 13 ans.
À combien est évaluée l’efficacité du vaccin chez les enfants ?
Les essais cliniques de la société Pfizer chez un groupe d’environ 3000 enfants de 5 à 11 ans ont montré une efficacité de 90,7 % contre les symptômes de la COVID-19.
Quels sont les effets secondaires observés ?
À peu près les mêmes que chez les adultes : fièvre, fatigue, frissons, courbatures, maux de tête. « Mais ces symptômes ont été rapportés dans une proportion moindre que chez les adultes », note la Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue au CHU Sainte-Justine. Notons que, dans l’étude de Pfizer, 39 % des enfants qui ont reçu le vaccin ont rapporté des symptômes de fatigue… contre 24 % dans le groupe placebo. « Autrement dit, dès qu’on pique, on a de la fatigue », dit la Dre Quach.
Qu’en est-il des risques de myocardite ?
Cette inflammation du muscle cardiaque est l’un des effets secondaires très rares qui ont été détectés chez des adolescents et de jeunes adultes, surtout chez les hommes. Aux États-Unis, près de 900 cas de myocardite (sur plus de 30 millions d’adolescents vaccinés) ont été répertoriés. La plupart ont été hospitalisés avant de retourner à la maison. Aucune mort n’a été enregistrée aux États-Unis, ni au Québec d’ailleurs.
Les chercheurs pensent que ces cas de myocardite sont liés aux niveaux de testostérone. De fait, parmi les 3000 enfants vaccinés dans l’étude Pfizer, aucun cas de myocardite n’a été rapporté. « Ça reste une inconnue, mais on ne s’attend pas à ce que ce soit pire que ce qu’on a vu chez les plus vieux », dit la Dre Quach.
Quel est le bénéfice pour les enfants de se faire vacciner ?
C’est la grande question qui caractérise ce groupe d’âge. « Si on tient compte de l’épidémiologie générale dans la population, plus il y aura de gens vaccinés, plus ça va ralentir la transmission du coronavirus », dit le Dr Gaston De Serres, de l’INSPQ. Est-ce la seule raison pour laquelle la vaccination des enfants devrait être autorisée ? Non. « C’est évident qu’il y a des bénéfices pour les enfants, mais ils sont moins grands que chez les adolescents et les adultes », dit le Dr De Serres.
On le sait, les enfants souffrent moins de la COVID-19 que leurs aînés – leurs symptômes sont moins graves, et ils sont très rarement hospitalisés pour cette raison. Mais ils restent des vecteurs de la COVID-19. « Pour les enfants, dit le Dr De Serres, le bénéfice de la vaccination est d’arrêter de devoir se faire tester tout le temps et d’être privé d’école en cas d’éclosion. Et puis, évidemment, il y a aussi des enfants qui tombent malades. »
Pourquoi donne-t-on une plus petite dose de vaccin aux enfants qu’aux adultes ?
Le système immunitaire des enfants n’a pas encore été exposé à beaucoup de virus, mais il est beaucoup plus réactif que celui des plus vieux. Avec l’âge, le système immunitaire perd en vigueur, et il faut une plus grosse dose de vaccin pour le stimuler. « La puberté change la réponse immunitaire », dit la Dre Quach.
Donner une plus grosse dose de vaccin que nécessaire n’est pas « dangereux », mais elle peut causer plus d’effets secondaires. C’est donc cet équilibre entre efficacité du vaccin et réduction des effets secondaires que les fabricants ont cherché à atteindre. Dans le cas du vaccin de Pfizer, le tiers d’une dose d’adulte (10 microgrammes au lieu de 30) s’est avérée suffisante pour protéger les enfants.
Y a-t-il des contre-indications pour les enfants allergiques ?
Non, dit la Dre Quach. « La seule chose, c’est qu’on les garde un peu plus longtemps en observation, soit 30 minutes au lieu de 15. » Les seules personnes à risque sont celles qui ont des allergies à des médicaments injectables. « Celles-là, on les voit en clinique d’allergie et on les évalue avant de les vacciner. »
Les preuves scientifiques qui démontrent les risques et les bénéfices des vaccins ne manquent pas. Pourquoi alors certains parents craignent-ils de faire vacciner leurs enfants ?
C’est un paradoxe qui fascine le Dr Jonathan Hudon, médecin de famille en CLSC et au CUSM, qui a consacré une partie aux études sur les vaccins. « Des parents vont se dire : “Si je fais vacciner mon enfant et qu’il souffre d’un effet secondaire, ce sera de ma faute. Mais si mon enfant contracte la COVID-19, ce sera un évènement malheureux, mais ce ne sera pas ma faute.” »
La COVID-19 est là pour de bon, dit le Dr Hudon, lui-même père de deux jeunes enfants. Et le vaccin réduit la gravité des symptômes en cas d’infection. « Les vaccins, c’est une école pour le système immunitaire. »
Est-ce qu’un seul des deux parents peut donner son consentement ?
En règle générale, dit le professeur Alain Roy, de la faculté de droit de l’Université de Montréal, « il y a une présomption dans le Code civil selon laquelle le parent qui agit seul est présumé agir avec le concours de l’autre ». Ainsi, les formulaires de consentement à la vaccination exigent la signature d’un seul parent. « Mais un parent ne peut autoriser seul la vaccination s’il n’a pas consulté l’autre parent, ou s’il sait pertinemment que l’autre s’y oppose. » M. Roy suggère aussi que dans le cas de la vaccination contre la COVID-19, la signature des deux parents soit demandée.
Si les parents n’arrivent pas à s’entendre, un tribunal peut être appelé à trancher. En septembre, la Cour supérieure a notamment autorisé une mère à faire vacciner son enfant de 12 ans contre la COVID-19, malgré l’opposition du père. La Cour a jugé que le père ne l’avait pas convaincue que l’état de santé de l’enfant ne lui permettait pas de recevoir le vaccin.
« Le seul et unique critère décisionnel qui s’impose au tribunal, c’est l’intérêt fondamental de l’enfant », rappelle M. Roy. Les tribunaux s’en remettent généralement au consensus scientifique en la matière, qui considère que les bénéfices de la vaccination l’emportent sur les risques. Le fardeau de la preuve repose donc surtout sur le parent qui s’oppose à la vaccination.
Vos questions, nos réponses | En attendant de vacciner les enfants - La Presse
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