Transat A.T. pourra commencer à rembourser ses clients dont les vols ont été annulés en raison de la pandémie à la suite d’une entente avec Ottawa pour des prêts totalisant 700 millions $.
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L’entreprise en a fait l’annonce jeudi matin, tout juste avant l’assemblée annuelle des actionnaires de l’entreprise. « Nous allons pouvoir concentrer nos efforts sur la relance et sur notre plan stratégique pour les années à venir afin de reconstruire une entreprise solide et rentable pour longtemps », a déclaré le président et chef de la direction, Jean-Marc Eustache, lors de l’assemblée.
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Transat, qui a vu son mariage avec Air Canada être annulé le 2 avril dernier, vivote depuis l’arrêt de ses opérations, le 13 février. L’entreprise perd actuellement 30 millions $ par mois et compte 772 employés, contre plus de 5000 avant la pandémie.
Après neuf mois de discussions avec Ottawa, elle vient donc d’obtenir les liquidités qui lui permettront de survivre – du moins jusqu’à une possible vente de l’entreprise. L’aide obtenue dans le cadre du Crédit d’urgence pour les grands employeurs (CUGE) se répartit comme suit : 390 millions $ pour renflouer l’entreprise et 310 millions $ pour rembourser les voyageurs.
Ces prêts viennent avec certaines conditions, notamment pour ce qui est de la rémunération des hauts dirigeants et des dividendes. Les cinq membres de la haute direction ne pourront ainsi gagner plus de 1 million par année jusqu’à ce que les prêts soient totalement remboursés.
Remboursements possibles
Les clients qui souhaitent se faire rembourser peuvent dès maintenant en faire la demande, et ce, jusqu’au 26 août. Les billets doivent avoir été achetés avant le 1er février 2020.
Ce sont plus de 550 000 clients qui sont éligibles à un remboursement, a avancé M. Eustache, jeudi. « Nous avons l’argent et tout le monde pourra être remboursé s’ils le souhaitent », a-t-il ajouté.
Moins de 90 minutes après la mise en ligne du formulaire, plus de 30 000 personnes s’étaient déjà prévalu de la mesure, a avancé le grand patron de l’entreprise. Quelque 60 personnes ont été ajoutées à l’équipe de Transat afin de traiter toutes les demandes.
L’entreprise fonctionnera par le principe du premier arrivé, premier servi et aura jusqu’en novembre pour procéder au remboursement.
Option consommateurs dénonce par ailleurs le « court » délai pour faire la demande. « Les consommateurs attendent depuis plus d’un an pour recouvrer légitimement leur argent, mais n’ont que deux ou quatre mois pour réclamer leur dû. Cette restriction est pour nous inacceptable », a déclaré par communiqué le DG de l’organisme, Christian Corbeil.
« Nous nous sommes battus pour que la date limite soit dans quatre mois et non deux, comme c’est le cas pour Air Canada », répond M. Eustache.
Transat compte 573,6 millions $ de dépôts reçus des clients – les montants liés aux billets annulés – dans ses livres.
Des prêts... et une vente?
Les prêts d’Ottawa étaient attendus, comme le remarque la Banque Nationale dans une analyse produite jeudi matin. « Nous pensons qu'il reste d'importants défis à relever pour la société », note toutefois l’institution financière, qui vient d’abaisser son objectif pour le titre de Transat à 3,50 $, contre 3,90 $ précédemment.
Le transporteur montréalais prévoit reprendre ses vols à la mi-juin, mais n’a aucune idée de quand il sera à nouveau profitable, a avoué Jean-Marc Eustache, jeudi. « Si à l’hiver 2022 on est à la moitié d’où on était avant la pandémie, ce sera déjà bon », a-t-il commenté.
Il y a évidemment beaucoup d’incertitude quant à la relance du transport aérien, et les compagnies ne contrôlent pas l’ouverture et la fermeture des frontières, par exemple.
Si M. Eustache souhaite maintenant regarder vers l’avenir et « reconstruire une entreprise solide », reste qu’il est toujours en discussion avec Pierre Karl Péladeau pour la vente de Transat. À titre personnel, le PDG de Québecor offre 5 $ par actions ou 190 millions pour l’entreprise. Aucune offre formelle n’a toutefois été déposée au comité spécial du conseil de Transat chargé de la vente de l’entreprise.
« Nous avons des discussions très cordiales. Je trouve M. Péladeau extrêmement intelligent. On continue de travailler ensemble pour avoir une offre formelle et s’entendre sur une proposition ferme et contraignante », a indiqué M. Eustache, jeudi.
À 12 :30, jeudi, le titre de Transat était en hausse de 5 %, à 4,75 $.
Des conditions
Quant aux prêts accordés par le CUGE, ils peuvent donc monter jusqu’à 700 millions $.
Des 390 millions prévus pour renflouer l’entreprise, 78 millions sont garantis et sont prêtés à 4,5 % d’intérêt. Les autres 312 millions prennent la forme d’une facilité de crédit non renouvelable à un taux d’intérêt de 5 % la première année et de 8 % la deuxième.
Les 310 millions pour le remboursement des billets sont également non garantis et sont remboursables sur sept ans à un taux d’intérêt de 1,2 %.
Finalement, les prêts s’accompagnent d’une émission de 13 millions de bons de souscription au gouvernement pour acheter des actions de Transat à 4,50 $ chacune.
Mais contrairement à ce qu’Ottawa a fait avec Air Canada, il n’achète pas d'actions immédiatement. Les bons de souscription seront acquis au fur et à mesure que Transat remboursera les prêts et Ottawa ne pourra pas détenir une participation supérieure à 20 % dans l’entreprise.
L’équipe de direction de Transat ne s’attend pas à ce qu’Ottawa devienne actionnaire, a répété à de nombreuses reprises le chef de la direction financière, Denis Pétrin, jeudi.
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