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Wednesday, October 25, 2023

On augmente les tarifs, M. Sabia?« Oui! Prochaine question » - Radio-Canada.ca

L’époque des surplus d’Hydro-Québec est révolue. L’électricité est devenue un « actif précieux » et les coûts des nouveaux approvisionnements seront plus élevés. Les tarifs de la société d’État devraient donc être augmentés dans les prochaines années, assure le patron de la société d’État, Michael Sabia, dans un enregistrement dont Radio-Canada a obtenu copie.

La scène se déroule à la fin de septembre dernier. Le Québec profite d’une chaleur inhabituelle, mais Hydro se prépare à un automne et à un hiver chargés avec la présentation du plan de Michael Sabia, début novembre, qui jettera les bases de l’action de la société d’État.

En chemise pâle, assis derrière une petite table, celui qui tient à ce qu’on l’appelle tout simplement Michael participe à une rencontre de type Zoom avec les employés, sa première depuis sa nomination. Il détaille ses priorités et se prête aussi au jeu des questions et des réponses.

Choisissez les questions auxquelles je suis capable de répondre, lance-t-il, amusé.

Un homme avec chemise blanche.

Michael Sabia, lors d'une rencontre Zoom avec les employés d'Hydro-Québec

Photo : Capture d'écran

Plusieurs sujets défilent, et vient l’épineuse question entourant les tarifs d’Hydro-Québec. Est-ce qu’il faut augmenter les tarifs pour mieux consommer au Québec? lui demande une vice-présidente, Julie Boucher, qui joue le rôle de la modératrice.

Oui, répond avec fermeté M. Sabia. Prochaine question! ajoute-t-il en souriant, ce qui provoque les rires de certains employés choisis pour assister à la rencontre.

Le patron de la société explique alors pourquoi les Québécois devraient payer plus cher pour leur électricité. Selon lui, l’époque des surplus est derrière nous et l’électricité est devenue rare, un bien recherché.

L’électricité n’est plus une commodité. Au Québec, il y a, depuis des années et des décennies, la perception que l’électricité est abondante avec des surplus importants. […] Il faut ajuster des prix pour mieux refléter la réalité que l’électricité est devenue maintenant un actif précieux.

Une citation de Michael Sabia, PDG d'Hydro-Québec

Actuellement, la loi limite toutefois l'augmentation des tarifs résidentiels à 3 %. Dans le futur, le gouvernement pourrait décider qu'Hydro-Québec soumette à nouveau ses causes tarifaires devant la Régie de l’énergie de façon plus fréquente, comme c'était le cas auparavant.

Selon le dirigeant, l’augmentation de la production et la hausse des coûts d’approvisionnement auront aussi un impact à la hausse sur la facture des clients. Est-ce qu’il y aura une tendance d’une augmentation [de tarifs]? Je pense que oui, dit-il.

Attendre après l’inflation?

Michael Sabia constate toutefois que la période actuelle n’est pas nécessairement la meilleure pour envisager une hausse tarifaire en raison de l’inflation. Étant donné la situation inflationniste, il faut faire attention, prévient-il.

Également, il y a une autre dimension de la question de la tarification. C’est comment encourager une meilleure efficacité énergétique, poursuit le dirigeant en évoquant la tarification dynamique.

Si nous sommes en mesure d’améliorer l’efficacité de la consommation, ça va libérer, entre guillemets, certains mégawatts pour contribuer à la prospérité et à la croissance économique du Québec, indique-t-il plus tard dans la rencontre.

Le Québec est un endroit prisé par la grande industrie en raison de son énergie bon marché. Le gouvernement a déjà octroyé tout près de 1000 mégawatts d’électricité pour 11 projets industriels. À terme, la méga-usine de Northvolt au sud de Montréal pourrait nécessiter à elle seule 360 mégawatts.

Appelée à préciser les propos de Michael Sabia, Hydro-Québec confirme que le développement de nouveaux projets, éoliens, barrages ou autres, aura nécessairement un effet sur la facture.

Le coût global de nos achats d’électricité augmentera progressivement et exercera une pression à la hausse sur les tarifs, a dit la porte-parole Caroline Des Rosiers qui rappelle que les hausses des tarifs résidentiels sont limités par la loi.

Un pylône d'Hydro-Québec.

Selon Michael Sabia, l’augmentation de la production et la hausse des coûts d’approvisionnement auront aussi un impact à la hausse sur la facture des clients dans le futur. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Daniel Thomas

Une position dénoncée

Cette idée d’augmenter le prix de l’électricité pour modérer la consommation est dénoncée par des groupes de défense des consommateurs.

Les tarifs vont augmenter de toute façon avec les nouveaux approvisionnements. Le réseau est en mauvais état, les actifs sont vieillissants, il faut s’adapter aux changements climatiques. Juste pour remettre le réseau dans un état acceptable, ça va coûter plus cher. On n’aura donc pas besoin d’augmenter les tarifs de façon artificielle, constate Jean-Pierre Finet, analyste en régulation économique de l’énergie.

Selon lui, les ménages à faible revenu ont déjà coupé dans le gras, certains vivent dans des logements mal isolés et ne peuvent baisser leur consommation.

M. Sabia est à des années-lumière de comprendre leur situation. Ça va prendre des mesures pour aider ces gens afin qu’ils soient en mesure de faire face à ces hausses, assure M. Finet.

Dans un mémoire déposé dans le cadre de consultations sur le développement des énergies propres, l'Union des consommateurs avait torpillé l’idée d’augmenter les tarifs pour dissuader la consommation.

De nombreux ménages (souvent les moins nantis, mais aussi les ménages de la classe moyenne) n’ont plus de marge de manœuvre pour diminuer leur consommation d’électricité. Augmenter les tarifs n’aurait pas d’impact sur leur niveau de consommation, souligne l’organisation.

Les clientèles industrielle et commerciale pourraient aussi subir une hausse de tarifs, mais le prix serait encore attractif, croit Michael Sabia.

Les tarifs ici au Québec sont parmi les plus bas, pas juste en Amérique du Nord, mais mondialement. Donc, pour la question de compétitivité de l’économie québécoise ou même pour les entreprises du Québec, malgré peut-être une certaine augmentation dans le temps, parce que ce n’est pas quelque chose qu’on va faire prochainement […], on va rester concurrentiel, assure-t-il.

Revoir les contrats avec les États-Unis?

Questionné à savoir pourquoi Hydro-Québec exporte son électricité alors qu’on pourrait en manquer au Québec, M. Sabia a admis avoir considéré abandonner les contrats avec New York et le Massachusetts, respectivement signés par les anciens PDG, Sophie Brochu et Éric Martel.

J’ai demandé : "Est-ce que nous devrions trouver une façon d'essayer de reculer?" Et honnêtement, on a décidé de ne pas faire cela, a-t-il affirmé.

Il croit que si Hydro avait fait marche arrière, il y aurait eu beaucoup de dommages avec la relation entre la société d’État, le Québec, mais aussi le Canada et les États-Unis.

Après mûre réflexion, le dirigeant croit qu’il y a un sens à intégrer les différents marchés au Québec. Il ne serait pas une bonne idée de sacrifier le potentiel de ces échanges à l’avenir.

Hydro-Québec n’a d'ailleurs pas l’intention d’augmenter ses exportations aux États-Unis.

Dans l’avenir, je pense que, de plus en plus, il faut considérer le spot market, le marché de gros, dit-il, ce qui va augmenter davantage le bénéfice net.

Un travailleur d'Hydro dans une nacelle regarde les fils.

Hydro-Québec croit qu'il faut améliorer le réseau pour diminuer le nombre de pannes. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Jamais autant de pannes en 25 ans

Michael Sabia veut procéder à un changement de culture à l’intérieur de la société, la rendre plus agile sans nécessairement procéder à des suppressions de postes. Simplifier, se concentrer sur les choses qui comptent.

Le dirigeant regarde toutes les options : l’éolien, le solaire, le stockage, les barrages hydroélectriques. Le nucléaire est encore à l’ordre du jour, quoique le dossier n’est pas très actif.

Il avoue que l’année en cours a été difficile au niveau du service à la clientèle qui a dû subir le plus grand nombre de pannes en 25 ans, notamment en raison du réseau qui est de plus en plus mal en point.

Est-ce que nous avons sous-investi dans la robustesse et la résilience de notre réseau? Je pense peut-être que oui. Donc, il y aura une augmentation de notre niveau d'investissement, car c’est une façon d’améliorer le service à la clientèle, souligne Michael Sabia.

Au cours des prochaines années, Hydro-Québec aura besoin d’une main-d’œuvre pour travailler sur ces différents chantiers, ce qui inquiète M. Sabia en cette période de pénurie. Nous avons besoin d’une main-d'œuvre, c’est bien connu par tout le monde que c’est pas facile de trouver des gens.

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