Nouvelle débâcle pour le projet qui devait incarner la relance du Plan Nord : la mine de diamants Renard, dans le Nord-du-Québec « cesse temporairement » ses activités et se place à l’abri de ses créanciers. Quelque 425 personnes perdent leur gagne-pain.
Situé sur le territoire cri Eeyou Istchee, ce complexe minier, qui a reçu plusieurs centaines de millions de fonds public, n’est toujours pas rentable. Ses employés ont appris la mauvaise nouvelle vendredi matin.
Diamants Stornoway, qui appartient à Osisko, Investissement Québec (IQ), la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et Triple Flag, se cherche maintenant un acheteur. L’entreprise attribue ses malheurs à volatilité des prix du diamant.
« La chute significative et soudaine du prix, causée en partie par l’arrêt de l’importation de diamants bruts en Inde et par le climat géopolitique mondial, a eu des impacts majeurs sur la situation financière à long terme de la société », explique-t-elle, dans un communiqué.
Son président et chef de la direction, Patrick Sévigny, n’était pas disponible pour accorder des entrevues, vendredi. À Chibougamau, c’est la surprise et la stupéfaction. Sa mairesse, Manon Cyr, affirme qu’il n’y avait pas eu de signaux avant-coureurs.
« Environ 120 des emplois de Stornoway sont occupés par des résidants de la Jamésie et de la Baie-James, a-t-elle souligné, au cours d’un entretien téléphonique, où elle a souhaité que la mine survive. Le diamant procure une diversité minérale à notre région, surtout présente dans l’or et le cuivre qui rend l’économie régionale plus résiliente. »
Pour Michel Jébrak, professeur du département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM, le complexe minier devrait générer de l’intérêt. Tout est une question de prix.
« Le Canada a ouvert de belles mines de diamants, dit-il. C’est un champ de kimberlites diamantifères qui a été découvert à Renard. On y trouve des pierres de qualité. C’est positif. Avec la route qui existe, les actifs existants sur place et un escompte important, ça va intéresser du monde. »
Il y aura toutefois des défis. Le prix du diamant a reculé en réaction à la concurrence des pierres synthétiques populaires auprès des millénariaux en âge de se fiancer. Le marasme est tel que l’Inde, important centre mondial de polissage, a imposé un moratoire sur les importations de diamants bruts jusqu’au 15 décembre dans l’espoir de disposer de son inventaire.
Au premier semestre de 2023, Stornoway a vendu 938 000 carats à un prix moyen de 110 $ US par carat (148 $ CAN). Son coût de production n’est pas public. En 2022, le prix moyen obtenu était de 125 $ US. La mine doit cesser sa production d’ici 2027 en fonction de ses réserves actuelles. Il reste des opportunités de prolonger la durée de vie de la mine.
C’est la deuxième fois en quatre ans que Stornoway doit se tourner vers la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC). En 2019, la décision avait coûté des centaines de millions à IQ – le bras financier de l’État québécois – ainsi que la CDPQ. Le processus actuel risque encore de leur faire perdre de l’argent.
« La Caisse accompagne Stornoway depuis le tout début et a accompagné l’entreprise à travers les différents défis des dernières années, souligne sa porte-parole, Kate Monfette. Nous allons laisser le processus légal suivre son cours. »
En date du 31 décembre dernier, le placement de la CDPQ dans la minière ne valait pas plus que 5 millions.
Nouvelle débâcle financière | La mine de diamants Renard à l'abri de ses créanciers - La Presse
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