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Sunday, August 27, 2023

Changements climatiques | Les banques canadiennes n'investissent pas assez dans des projets verts - La Presse

(Toronto) Les écologistes canadiens reprochent aux banques d’oublier les causes profondes des nombreux feux qui ont transformé de nombreuses forêts du pays en autant d’enfers : les changements climatiques.

« L’Arctique est en feu, tout comme Hawaii. Un ouragan frappe la Basse-Californie pour la première fois en 90 ans. Que faut-il de plus pour que nos banques passent à l’action ? », demande Richard Brooks, un directeur du groupe Stand. earth.

Ce groupe exerce depuis longtemps des pressions sur les banques pour qu’elles diminuent le financement des secteurs pétroliers et gaziers au profit des énergies propres. Et si elles semblent enfin commencer à comprendre le message, M. Brooks et d’autres écologistes croient qu’elles ne le font pas assez rapidement.

Il rappelle que BloombergNEF avait indiqué, dans un rapport publié plus tôt en 2023, que les banques canadiennes accusaient un retard dans l’appui financier qu’elles accordaient aux énergies propres par rapport à ce qu’il est nécessaire de faire pour sauver le climat.

Par exemple, la RBC n’a investi qu’environ 40 cents vers les énergies propres pour chaque dollar investi dans le secteur pétrolier et gazier en 2021. La moyenne mondiale est de 80 cents pour un dollar, elle-même bien sous le seuil du ratio de quatre dollars pour un dollar qui faut atteindre d’ici 2030 afin d’éviter un réchauffement supérieur à 1,5 degré.

Quand on demande aux banques si elles ajustent leur plan contre les changements climatiques à la lumière des nombreux incendies de forêt, elles maintiennent leur discours sur leurs engagements à lutter contre le réchauffement climatique et à aider leurs clients à faire la transition du carbone aux énergies propres.

La RBC, bonne dernière au classement établi par un rapport de la Banque du chaos climatique, ne souligne aucune modification à sa politique. Elle dit qu’elle cherche toutefois à étendre ses capacités à aider ses clients à faire la transition et à amener sa direction à porter son attention au climat.

« Nous croyons fermement qu’il est nécessaire de prendre plus rapidement plus de mesures concertées pour s’occuper des changements climatiques », reconnaît Jennifer Livingstone, vice-présidente à la Stratégie climatique.

Mais à cause des taux d’intérêt élevés et des incertitudes économiques, les banques ne trouvent pas assez de projets verts qui répondent à leurs critères de financement, constate Ryan Riordan, directeur de recherche à l’Institute for Sustainable Finance de l’Université Queen’s.

« Je crois qu’elles réalisent que peu de projets d’énergie renouvelable ou durable ne satisfont pas aux caractéristiques risque-rendement. »

Les banques sont devenues généralement plus prudentes avant d’accorder des prêts, souligne Shilpa Mishra, directrice générale et chef des Services-conseils en mobilisation de capitaux de BDO.

La firme comptable indique que la croissance des prêts a chuté à 5 % au deuxième trimestre par rapport à la moyenne de 8,3 % des trimestres correspondants des deux dernières années.

« Le marché des prêts a ralenti parce que les grandes institutions canadiennes sont moins enclines aux risques », dit Mme Mishra.

Elle avoue n’avoir perçu aucun changement notable dans le comportement des banques envers les projets pétroliers et gaziers, mais les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance sont de plus en plus considérées avant une décision d’investir.

Les banques sont également limitées par la lenteur avec laquelle le gouvernement fédéral examine ce qui peut être considéré comme un investissement durable, dit le Pr Riordan.

Le projet d’une prénommée « taxonomie » a été publiée en mars, mais la mesure devenue floue en attendant qu’elle soit précisée par la ministre des Finances. Un porte-parole a indiqué que le gouvernement l’examinait encore et étudiait les réactions des différents intervenants.

Le récent moratoire imposé par l’Alberta sur les grands projets d’énergie renouvelable ne contribue pas à trouver une solution, constate le Pr Riordan.

Malgré tout, certains signes indiquent que les investissements prennent un certain élan.

En mai, l’Agence internationale de l’énergie affirmait que pour chaque dollar investi dans les carburants fossiles en 2023, 1,70 $ serait investi dans les énergies propres. Il y a cinq ans, le ratio était de 1 : 1.

Mais la pente demeure raide à remonter. Selon l’agence, il faudrait que le ratio soit de 9 : 1 d’ici 2030.

La question du financement de la transition devrait figurer dans les premiers rangs de l’ordre du jour de la prochaine COP28, en novembre.

La semaine dernière, le comité organisateur de la conférence internationale avait indiqué que le flux de financement privé devrait croître beaucoup plus rapidement pour atteindre l’investissement total de 2,4 billions de dollars américains $ d’ici à 2030 pour lutter contre le changement climatique dans les marchés émergents et les économies en développement.

« Le financement de la lutte contre le changement climatique est au cœur de l’ordre du jour de la COP28, car c’est grâce à lui que nous parvenons à transformer les objectifs en réalité, a déclaré le président désigné de la COP-28, Sultan Ahmed al-Jaber, dans un communiqué. Le temps de l’action est venu. »

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