Les Fermes Lufa se fait taper sur les doigts par le Tribunal administratif du travail, qui lui ordonne de cesser ses interventions dans une campagne de syndicalisation. On reproche à l’entreprise montréalaise – qui compte pourtant le Fonds de solidarité FTQ parmi ses investisseurs – d’avoir tenté de décourager ses employés d’adhérer à un syndicat.
L’ordonnance provisoire rendue le 7 juin dernier par le juge administratif François Beaubien concerne la trentaine d’employés de la serre urbaine située dans l’arrondissement montréalais de Saint-Laurent. Elle découle d’une plainte de la section locale 501 du syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC) – qui représente déjà les employés lavallois de l’entreprise.
Selon le document, l’employeur aurait tenu deux rencontres avec ses salariés, lundi dernier, pendant leurs heures de travail, afin de les mettre en garde à propos des démarches syndicales. La directrice des communications, Yourianne Plante, la responsable des ressources humaines, Alison Pearce, ainsi que deux autres gestionnaires étaient sur place.
« [Mme Plante] a déclaré que la première chose qui se produirait [en cas d’arrivée du syndicat] serait la déduction des cotisations syndicales sur les salaires », souligne la plainte des TUAC.
Les allégations syndicales avancent que Mme Plante aurait également soulevé plusieurs arguments pour tenter de décourager les travailleurs. Par exemple, l’arrivée d’un syndicat empêcherait l’entreprise de discuter des conditions de travail directement avec les employés, aurait indiqué Mme Plante.
De l’avis des TUAC, il s’agit de pratiques antisyndicales. En insinuant que la syndicalisation serait synonyme de « grève » et de perte de flexibilité, l’entreprise d’agriculture urbaine a délibérément tenté de plomber les efforts du syndicat.
« Nous sommes actifs avec des campagnes dans les deux autres serres et le centre de distribution, souligne Nil Ataogul, coordonnatrice à la syndicalisation chez les TUAC, dans un entretien téléphonique. Nous voulons qu’ils comprennent qu’il y a des conséquences à ce qu’ils font et éviter d’autres rencontres du genre dans les autres serres, où l’on veut protéger la liberté d’association. »
Le syndicat a obtenu une injonction provisoire en plaidant l’urgence d’agir afin de mettre fin aux interventions des Fermes Lufa. Selon l’entreprise, la campagne syndicale a été « mal orchestrée » et les évènements évoqués dans la plainte des TUAC « se sont produits dans le brouhaha du début ».
Visiblement, le juge administratif voyait les choses d’un autre œil.
« Le syndicat a démontré qu’en l’absence d’intervention du tribunal, le préjudice que les actions pourraient lui causer est susceptible de mettre en échec la démarche de syndicalisation, est-il écrit dans la décision de sept pages. Il s’agit d’un préjudice grave et irréparable. »
Par courriel, l’entreprise spécialisée en agriculture urbaine a souligné avoir « pris connaissance » de l’ordonnance provisoire et avoir l’intention de la respecter.
D’ici à ce que la plainte du syndicat soit débattue sur le fond, Les Fermes Lufa et leurs représentants devront s’abstenir de « discuter, directement ou indirectement » de la campagne de syndicalisation en cours. L’ordonnance du juge administratif devra également être affichée « bien en vue » dans les locaux de l’entreprise.
Les Fermes Lufa en bref
- Année de fondation : 2010
- Nombre d’employés : entre 400 et 500
- Sites de production : Marché central, Laval, Anjou et Saint-Laurent
En savoir plus
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- 29 mai
- Date à laquelle la requête en accréditation syndicale a été déposée
Source : Tribunal administratif du travail-
- 2011
- Année où le Fonds de solidarité FTQ a commencé à investir dans Les Fermes Lufa. Le fonds de travailleurs y a injecté plusieurs millions de dollars.
Source : Fonds de solidarité FTQ -
Pratiques antisyndicales | Un blâme pour Les Fermes Lufa à Saint-Laurent - La Presse
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