Rechercher dans ce blog

Wednesday, February 1, 2023

L'ex-directeur de McKinsey Dominic Barton nie être un « proche » de Justin Trudeau | L'influence des cabinets-conseils - Radio-Canada.ca

Dominic Barton à l'écoute devant le comité.

Dominic Barton, lors de son témoignage devant le Comité parlementaire des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, le 1er février 2023

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Je ne suis pas un ami proche du premier ministre, a répété M. Barton, qui a dirigé McKinsey de 2009 à 2018, tandis qu'il était questionné par les membres du Comité parlementaire des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Je n'ai pas son numéro de téléphone et je n'ai jamais été seul dans une pièce avec lui.

Je suis choqué par ce que je lis dans les journaux, et il [Justin Trudeau] doit être plutôt choqué aussi, parce que ce n'est pas vrai, a-t-il affirmé, en référence aux différents médias qui l'ont qualifié de proche de Justin Trudeau.

Or, son témoignage contredit quelque peu le portrait qu'avait dépeint Chrystia Freeland, aujourd'hui vice-première ministre du Canada, lors d'un discours prononcé en 2019, au moment où Justin Trudeau avait nommé M. Barton au poste d'ambassadeur du Canada en Chine. Elle avait décrit une grande proximité entre les deux hommes.

M. Barton a finalement quitté son poste d'ambassadeur en 2021, après avoir piloté les négociations pour rapatrier les deux Michael, emprisonnés en Chine pendant près de trois ans.

Les deux hommes s'enlacent sur scène.

Dominic Barton et Justin Trudeau, lors d’une réception en 2017

Photo : La Presse canadienne / Christopher Katsarov

Au-delà de la relation personnelle qui unit – ou non – Justin Trudeau et Dominic Barton, le témoignage de ce dernier est central, notamment en raison de son rôle, à la demande de l'ex-ministre des Finances Bill Morneau en 2016, comme président pro bono du Conseil consultatif en matière de croissance économique.

Quand un ministre ou un premier ministre vous demande de faire quelque chose, vous le faites. Et ç'a été un honneur. J'ai travaillé d'arrache-pied, et ça n'avait rien à voir avec des contrats pour McKinsey, s'est justifié M. Barton mercredi.

À l'époque, ce comité avait recommandé au gouvernement fédéral d'augmenter le nombre d'immigrants accueillis chaque année au Canada à 450 000 d'ici 2021, une cible qui concordait par ailleurs avec les objectifs du groupe de pression The Century Initiative ou Initiative du siècle... fondé en 2011 par M. Barton.

Le ministre de l'Immigration, le libéral John McCallum, avait qualifié d'énorme la cible proposée par le comité. Or, le gouvernement Trudeau a fini par suivre la recommandation – comme le prouve d'ailleurs sa cible d'immigration actuelle.

En août 2018, quelques jours seulement après le départ de Dominic Barton comme directeur de McKinsey, le cabinet-conseil a amorcé son premier contrat avec le ministère de l'Immigration afin de revoir de nombreux aspects liés à sa gestion. Les contrats de ce genre se sont par la suite multipliés, comme l'a montré une enquête de Radio-Canada.

« Je n'ai pas eu la moindre implication dans l'attribution de contrats rémunérés à McKinsey par le gouvernement fédéral depuis mon déménagement en Asie, en 1996. »

— Une citation de  Dominic Barton, ex-directeur mondial de McKinsey

Je sais que ça peut avoir l'air d'une bonne histoire, mais il n'y avait aucun lien entre mon travail [de directeur] et celui de McKinsey [avec les clients], a renchéri l'ex-directeur mondial de la firme. C'est ce que je tente d'expliquer depuis le début de mon témoignage.

Juste pour remettre les choses en perspective : McKinsey est une très grosse entreprise. Le travail qui se fait au Canada n'est qu'une infime portion de tout ce qui se fait. Et ce n'était pas mon objectif de me mêler de ce travail.

McKinsey est un cabinet-conseil basé à New York, mais qui emploie 30 000 consultants dans 130 bureaux répartis dans 65 pays (Nouvelle fenêtre) du monde.

Dominic Barton marche dans la pièce où siège le comité parlementaire devant lequel il doit témoigner.

Dominic Barton a dirigé la firme de consultants McKinsey de 2009 à 2018, puis a été ambassadeur du Canada en Chine de 2019 à 2021.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Influence grandissante et dérangeante

Depuis son arrivée au pouvoir en 2015, le gouvernement de Justin Trudeau a accordé plus de 116 millions de dollars en contrats à la firme McKinsey. C'est environ 45 fois plus que la valeur totale des contrats accordés par le précédent gouvernement conservateur de Stephen Harper, au pouvoir pendant neuf ans, soit de 2006 à 2015.

Devant ce recours massif à un cabinet-conseil privé par le gouvernement, le Comité parlementaire des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, où les libéraux sont minoritaires, a décidé de déclencher une enquête.

Les partis d'opposition s'inquiètent bien sûr des coûts occasionnés par ces contrats, mais également du manque de transparence, d'une sous-traitance qui mine l'expertise de la fonction publique et de l'influence d'une entreprise étrangère jusque dans les orientations politiques du gouvernement.

Le député néo-démocrate Gord Johns, qui siège au comité, a toutefois présenté une motion afin qu'il élargisse son mandat, en incluant d'autres firmes d'experts-conseils qui ont obtenu de lucratifs contrats d'Ottawa, notamment Deloitte, PricewaterhouseCoopers, Accenture, KPMG et Ernst & Young. La motion sera débattue à la prochaine séance du comité.

Lundi, la chercheuse Amanda Clarke, professeure associée à l'École de politiques publiques et d'administration de l'Université Carleton, est venue témoigner devant le comité. Elle a notamment déclaré que l'importance accordée à McKinsey dans cette enquête n'est qu'une distraction.

Selon elle, il faudrait se pencher sur l'externalisation du travail de la fonction publique vers ce type de cabinet-conseil privé de manière plus large, tel que proposé par le député Gord Johns.

Adblock test (Why?)


L'ex-directeur de McKinsey Dominic Barton nie être un « proche » de Justin Trudeau | L'influence des cabinets-conseils - Radio-Canada.ca
Read More

No comments:

Post a Comment

Les agents de bord d'Air Transat rejettent l'entente de principe - Radio-Canada.ca

Les agents de bord d'Air Transat ont rejeté pour une seconde fois une entente de principe qui était intervenue avec leur employeur qu...