Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon affirme que le Québec envoie deux milliards de dollars chaque année en Alberta pour subventionner l'industrie pétrolière et gazière de cette province. Est-ce réellement le cas?
On envoie de nos poches plus de deux milliards de dollars en cadeau à l'Alberta pour des subventions pour des industries pétrolières
, a déclaré le chef péquiste en point de presse mardi.
C’est une affirmation qui mérite des nuances.
Le Parti québécois se fie à la moyenne des dernières années des subventions accordées par Exportation et développement Canada au secteur pétrolier et gazier (notamment des prêts et des garanties de prêts).
Entre 2016 et 2020, cet organisme fédéral a accordé en moyenne 10,7 milliards de dollars par année à cette industrie. Le Parti québécois évalue que la part du Québec atteint 20 % de cette somme annuelle, donc environ 2 G$, en raison de son poids démographique au sein de la fédération canadienne.
Dans les faits, il est très difficile de faire cette démonstration. Comme les subventions proviennent des coffres d’Ottawa, on ne peut pas conclure qu’il s’agit d’une somme versée directement par le Québec.
On cherche un exemple qui plaît sur le plan électoral, mais on ne tient pas compte de l’ensemble du portrait
, estime l’économiste indépendant Jean-Pierre Aubry.
S’il est possible que des sommes prélevées dans la province puissent servir à l’octroi de subventions à l’industrie pétrolière albertaine, il faut cependant retenir que le gouvernement fédéral dépense davantage d’argent qu’il n’en récolte globalement dans la province.
En 2019, Ottawa a engrangé des revenus de 61 G$ au Québec alors qu’il y a effectué des dépenses de près de 80 G$, ce qui inclut notamment les transferts pour la santé et pour d’autres programmes sociaux, les versements de péréquation et les transferts aux ménages, notamment les allocations.
Le Québec a donc retiré près de 19 G$ de plus qu’il n’en a versé dans les coffres fédéraux. Pour l’Alberta, c’est la situation inverse. Cette province des Prairies a versé cette année-là 16 G$ de plus qu’elle n’en a reçu d’Ottawa.
En tenant compte de ces données, il est difficile de conclure que le Québec peut envoyer de l’argent à une autre province par le truchement de ses contributions aux revenus fédéraux, de surcroît l’Alberta.
La péréquation
S’il est hasardeux de prétendre que le Québec finance l’industrie pétrolière de l’Alberta, la même logique s’applique à la péréquation. On ne peut pas dire que l’Alberta paye la facture pour les transferts de péréquation qui sont envoyés au Québec.
Le gouvernement fédéral prévoit verser près de 22 G$ en paiements de péréquation cette année, dont 13,7 G$ au Québec.
Ce programme, qui vise à redistribuer la richesse entre les provinces, est financé avec une partie des impôts prélevés par Ottawa d’un océan à l’autre. Si une portion des revenus récoltés découle de l’activité économique générée par l’industrie pétrolière, il s’agit encore une fois d’une contribution indirecte.
Ce n’est donc ni le Québec qui verse des subventions à l’Alberta, ni l’Alberta qui verse de la péréquation au Québec : ce sont des transactions à travers le gouvernement fédéral
, explique Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.
Une comptabilité exacte est très ardue à faire. La guerre des chiffres est constante et, jusqu’à un certain point, assez vaine
, conclut-il.
Avec la collaboration de Nathalie Lemieux
La Vérif : Le Québec envoie-t-il vraiment 2 G$ à l'industrie pétrolière albertaine? | Élections Québec 2022 - Radio-Canada.ca
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