La banque centrale américaine (Fed) a relevé mercredi ses taux directeurs de trois quarts de points, la plus forte hausse depuis 1994, et son président a assuré que l'institution restait « déterminée » à lutter contre l'inflation galopante.
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Cette hausse « est inhabituellement importante », a souligné le président de la Fed, Jerome Powell, lors d'une conférence de presse.
Il s'agit de la troisième hausse d'affilée de ces taux, qui se situent désormais dans une fourchette comprise entre 1,50 à 1,75%, et donnent le ton pour les crédits accordés aux particuliers et entreprises.
Mais il faut s'attendre à d'autres relèvements du même ordre dans les mois à venir : « dans la perspective d'aujourd'hui, une augmentation de 50 points de base ou de 75 points de base semble très probable lors de notre prochaine réunion », a-t-il ajouté.
Car faire ramener l'inflation autour de 2% est la priorité. Et la plupart des responsables de l'institution voient les taux grimper, d'ici à la fin de l'année, jusqu'à la fourchette de 3,25 à 3,50%.
Les chiffres de l'inflation en mai, publiés vendredi, avaient fait l'effet d'une douche froide : la hausse des prix n'a pas ralenti, comme cela avait été le cas en avril. Elle a même atteint un nouveau record en 40 ans, à 8,6% sur un an.
La Fed privilégie une autre mesure, l'indice PCE, dont les données pour mai seront publiées à la fin du mois.
Croissance au ralenti
Les responsables de la Réserve fédérale ont également révisé mercredi à la hausse leurs projections d'inflation, tablant désormais sur 5,2% en 2022 et 2,6% en 2023, quand ils prévoyaient, en mars, respectivement 4,3% et 2,7%.
L'inflation demeure « élevée, reflétant les déséquilibres entre l'offre et la demande liés à la pandémie, les prix de l'énergie plus élevés et plus largement les pressions sur les prix », a souligné la Fed.
L'institution rappelle que l'invasion russe en Ukraine et les sanctions contre la Russie ont créé « des pressions supplémentaires à la hausse sur l'inflation et pèsent sur l'activité économique mondiale ».
De plus, les confinements anti-COVID-19 en Chine ont exacerbé les problèmes sur les chaînes d'approvisionnement.
Tout ceci ralentit l'économie américaine.
Aussi, la Fed anticipe-t-elle une croissance économique moins forte que prévu cette année aux États-Unis, à 1,7%, contre 2,8% précédemment.
Elle s'attend par ailleurs à ce que le taux de chômage s'élève à 3,7% fin 2022 et 3,9% en 2023, quand elle le voyait auparavant à 3,5%, son niveau de février 2020, juste avant la crise sanitaire, qui était le plus bas depuis 50 ans.
Crédibilité de la Fed
Contrôler l'inflation sans faire plonger la première économie du monde en récession s'avère particulièrement délicat.
Et les craintes de voir l'économie se contracter sont croissantes.
« Que ce soit clair, nous ne sommes pas en train d'essayer d'induire une récession », a rétorqué Jerome Powell. « Nous essayons de ramener l'inflation à 2%, (et conserver) un marché du travail solide ».
Il avait estimé lors de la précédente réunion en mai, que contrôler l'inflation sans récession restait atteignable, quoique difficile.
Il a plus récemment souligné que cela pourrait s'accompagner d'une hausse du chômage. Le pays fait face à une importante pénurie de main-d'œuvre qui pousse les entreprises à relever les salaires, phénomène qui contribue aussi à alimenter l'inflation.
« Jay » Powell a reconnu qu'il y avait « toujours un risque d'aller trop loin ou pas assez loin », mais que « la pire erreur que nous puissions commettre serait d'échouer (à contrôler l'inflation), ce qui n'est pas une option ».
La Fed se démène d'autant plus pour juguler l'inflation que sa crédibilité est en jeu. Ses responsables ont affirmé pendant des mois que cette hausse des prix ne serait que temporaire, et ont par conséquent commencé seulement en mars à resserrer la vis.
La ministre de l'Économie et des Finances de Joe Biden, Janet Yellen, avait elle aussi reconnu ne pas avoir anticipé une telle hausse des prix.
La Fed est indépendante du gouvernement fédéral, mais Jerome Powell a récemment été reçu par Joe Biden à la Maison-Blanche, avec Janet Yellen, pour une rare entrevue dédiée à l'inflation.
La forte inflation partout dans le monde, et ses effets sur les marchés, inquiètent au point que la Banque centrale européenne (BCE) a tenu mercredi une réunion extraordinaire, à l'issue de laquelle elle a promis d'agir pour calmer les tensions sur la dette souveraine. La semaine passée, elle avait annoncé qu'elle commencerait en juillet à relever ses taux.
Face à l'inflation galopante aux États-Unis, la Fed procède à la plus forte hausse des taux depuis 1994 - Le Journal de Montréal
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