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Tuesday, August 3, 2021

Chaque client victime du vol chez Desjardins valait 1,50$ - Le Journal de Montréal

Les identités de millions de membres de Desjardins victimes du vol massif de données personnelles pouvaient être revendues pour 1,50 $ chacune à des petites compagnies de prêt sans scrupule avides de nouveaux clients.

Cette information a été découverte par des représentants de l’institution financière lors d’une fouille effectuée le 27 mai 2019 dans le bureau de travail de Sébastien Boulanger-Dorval, un ex-employé considéré comme le principal responsable du vol.

Ce jour-là, Desjardins a trouvé dans le bureau de son ancien employé « des documents traitant d’une base de données de Prêt Argent 500 ».

« Il y avait également des notes manuscrites [...] faisant référence à des taux sur la vente de nom (par exemple, 1,5 $ X tant de noms) », lit-on dans des affidavits policiers dont un juge a permis la diffusion hier.

Ces affidavits ont été rédigés par des policiers de la Sûreté du Québec (SQ) pour obtenir des mandats de perquisition exécutés en février dernier dans les bureaux du Complexe Desjardins, à Montréal.

Millions de victimes

Si 1,50 $ par profil dérobé peut sembler une faible somme, on comprend à la lecture des documents que le marché noir des données financières personnelles peut être extrêmement lucratif, compte tenu du nombre de victimes.

L’institution financière avait d’abord parlé, en juin 2019, de 2,9 millions de clients touchés.

Mais selon un rapport de la Commission d’accès à l’information rendu public en décembre 2020, il y aurait eu en fait 9,7 millions de victimes entre 2017 et 2019, au Canada et à l’étranger, dont presque 7 millions de Québécois.

Sur l’ensemble des victimes, 4 millions qui n’étaient plus membres de Desjardins au moment du vol.

Jean-Loup Leullier Masse

Photo d'archives

Jean-Loup Leullier Masse

La firme « Prêt Argent 500 » est reliée au prêteur privé Jean-Loup Leullier Masse, un ami de Sébastien Boulanger-Dorval. Leullier Masse est également dans la liste des suspects de l’enquête criminelle menée en ce moment par la SQ.

Au total, pas moins de 10 entreprises qui font dans le prêt personnel, la gestion financière ou le télémarketing sont aussi dans la mire des policiers.

En achetant sur le marché noir des informations personnelles dérobées chez Desjardins, ces prêteurs pouvaient identifier des clients potentiels qui semblaient en difficulté financière ou dont un prêt arrivait bientôt à échéance, selon une des thèses de l’enquête policière.

Marché noir

En mai dernier, la syndique adjointe de l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec avait donné un aperçu de la valeur de ces données sur le marché noir.

Mathieu Joncas

Photo d'archives

Mathieu Joncas

Elle avait expliqué qu’un des suspects de l’enquête criminelle, le courtier hypothécaire Mathieu Joncas, avait payé 1 $ par nom pour acheter une liste de 50 000 noms, et 40 cents par nom pour au moins 100 000 profils supplémentaires. 

Un autre employé de Desjardins visé par les enquêteurs  

Un directeur de compte chez Desjardins aurait envoyé des informations confidentielles à des prêteurs privés soupçonnés de s’être échangé les renseignements volés aux clients de l’institution financière.

L’enquête sur le méga vol de données a permis aux responsables de Desjardins de recevoir une dénonciation interne anonyme qui les a menés au cas de Julien Ouellet, présenté comme « directeur corporatif de compte au Centre Des Entreprises (CDE) de La Pocatière ».

Jusqu’ici, seul Sébastien Boulanger-Dorval avait été publiquement identifié au nombre des employés du Mouvement qui auraient potentiellement quelque chose à se reprocher.

« Si seulement ils savaient »

Selon les affidavits policiers rendus publics hier, la direction des enquêtes de Desjardins a découvert que Ouellet communiquait avec le cellulaire de Charles Bernier, un prêteur privé de la région de Québec.

Il lui aurait notamment transféré « une image de document confidentiel appartenant au Mouvement Desjardins ».

Il lui aurait également envoyé le message texte suivant, que nous reproduisons ici sans modification :

« Si seulement ils savaient ne seraisse qu’une infime partie de l’histoire;)$$$ ».

Julien Ouellet était un ancien employé de Mathieu Joncas, un autre prêteur privé. Il détenait également dans son portefeuille de clients chez Desjardins un compte de « Prêt Argent 500 », une compagnie liée à Jean-Loup Leullier Masse (voir autre texte).

Ouellet, Bernier, Joncas et Leullier Masse sont tous sur la liste des 14 personnes visées par l’enquête criminelle de la SQ, en date de février dernier.

Ils ne font l’objet d’aucune accusation à ce jour.

Interrogé par la police

En septembre 2019, Julien Ouellet a fourni une déclaration vidéo aux enquêteurs de la SQ.

Il a reconnu avoir été questionné par les enquêteurs de Desjardins, qui ont d’ailleurs fouillé son téléphone cellulaire pour faire certaines de leurs découvertes.

Ouellet a mentionné n’avoir jamais avantagé son ancien patron Mathieu Joncas dans le cadre de son travail chez Desjardins.

Il a aussi déclaré avoir rencontré Jean-Loup Leullier Masse et Charles Bernier pour l’ouverture d’un compte d’entreprise, à titre professionnel.   

  • Les allégations contenues aux affidavits n’ont pas encore été prouvées devant un tribunal.   

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