Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés, disait Jean de La Fontaine des animaux atteints de la peste. On peut dire la même chose de l’inflation, qui est une sorte de peste des temps modernes que tous les pays du monde essaient d’éradiquer.
Le mal est répandu. Cette année, 33 des 38 principales banques centrales du monde ont relevé leur taux d’intérêt, selon la Banque des règlements internationaux, qui est la banque des banques centrales. La Chine va à contre-courant et a réduit ses taux d’intérêt pour soutenir son économie affaiblie par les restrictions sanitaires extrêmes, qui viennent juste d’être assouplies.
L’offensive groupée des banques centrales, la plus importante depuis 20 ans, est la preuve que l’inflation n’épargne aucun pays. Le mal est répandu, mais il ne frappe pas également. En Europe, tel le village gaulois d’Astérix, la Suisse se plaint d’une hausse de l’inflation, qui atteint… 3 %. À côté, en Belgique, les prix augmentent à un rythme annuel supérieur à 10 %, un taux semblable à celui qui frappe les autres pays de la zone euro.
La Suisse est relativement épargnée par l’inflation surtout parce qu’elle importe peu de pétrole et de gaz naturel. C’est la flambée des prix de l’énergie, causée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui alimente une partie importante de l’inflation dans le monde.
La Suisse est un petit pays qui produit 57 % de l’énergie dont il a besoin avec l’hydroélectricité et qui dépend du nucléaire pour le reste.
Aussi, le franc suisse est une monnaie forte qui s’apprécie encore plus en période d’incertitude comme c’est le cas actuellement dans une Europe en guerre. La vigueur de la devise compense la hausse des prix des biens et services que le pays importe. Le franc suisse s’échange presque à parité avec l’euro, la monnaie des 19 pays et des 340 millions d’habitants de l’union monétaire européenne.
La Suisse et le Japon, où l’inflation est de 3,7 %, mis à part, la plupart des pays souffrent actuellement d’une flambée des prix.
À l’autre bout du spectre, certains affichent même un taux d’inflation à trois chiffres. C’est le cas du Liban et du Venezuela, où le taux d’inflation est respectivement de 162 % et de 156 %, et où les prix étaient déjà hors de contrôle avant la guerre en Ukraine.
Au sein des pays d’Europe, l’inflation frappe aussi de façon très inégale. La Belgique, l’Italie et le Royaume-Uni souffrent davantage que l’Espagne et la Grèce. En France, où le pétrole et le gaz naturel occupent moins de place dans le bilan énergétique, le taux d’inflation est un des plus bas de la zone euro, à 6,2 %.
Le combat des banques centrales pour réduire l’inflation est loin d’être gagné. La moitié des pays du monde affichent un taux d’inflation à deux chiffres. Mais la détente des prix de l’énergie commence à apaiser l’inflation. C’est le cas de ce côté-ci de l’Atlantique, mais encore plus en Europe.
L’inflation dans la zone euro a baissé de 0,6 % en novembre pour s’établir à 10 %, selon Eurostat, l'office européen de statistique. C’est encourageant, dans les circonstances, mais quand un taux d’inflation à deux chiffres, inimaginable il n’y a pas si longtemps, est considéré comme encourageant, c’est que les temps ont bien changé.
La planète économique | L'épidémie mondiale d'inflation - La Presse
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