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Saturday, July 23, 2022

Tourisme: l'inflation ne prend pas de vacances - Le Journal de Montréal

Ah, les vacances! Rien de moins reposant pour ceux qui ont de jeunes enfants, à quoi s’ajoute cette année le stress de ne pas en faire assez, pour cause de budget troué par l’inflation. 

Julien McEvoy
Le Journal de Montréal

• À lire aussi: Tourisme: bienvenue dans l’enfer des vacances estivales

Déjà, en juin, les Québécois disaient qu’ils allaient augmenter leur budget vacances de 22 % par rapport à l’an passé, soit de 1323 dollars à 1687 dollars.

S’il s’agit bien sûr d’une moyenne, gracieuseté d’un sondage de CAA-Québec. 

Cela dit, il reste que les chiffres ne mentent pas : tout coûte plus cher, dont les vacances.

Le cap des 1000 $ vite atteint

«Aujourd’hui, tu pars pour deux jours avec une ou deux nuitées, c’est dur pour moins de 1000 dollars même au Québec», lançait d’ailleurs Guillaume Bégin, venu de la Beauce avec sa famille au Parc Safari, à Hemmingford, en Montérégie, la semaine dernière. 

Pas de misère à le croire quand on regarde le prix des chambres d’hôtel : 561 dollars par nuit au simple Hilton de Québec, par exemple. Il s’agit d’une chambre pour quatre personnes avec deux lits queen

À Montréal, surprise, la même chambre au Hilton vaut 268 $ la nuit. 

Tous dans le même bateau

S’ajoute à ça le prix exorbitant de l’essence, qui est d’ailleurs plus chère au Québec qu’à peu près partout ailleurs en Amérique du Nord, notamment chez nos voisins ontariens. 

«Les gens vont faire deux arrêts plutôt que les quatre prévus à l’itinéraire», disait un porte-parole de CAA-Québec plus tôt cette semaine au sujet des vacances 2022.

Encore là, on a aucun mal à le croire quand on regarde le prix à la pompe, qui se maintient à une moyenne de 193,3 $ pour un litre d’essence ordinaire en sol québécois.

Mais qu’on dorme à l’hôtel ou qu’on fasse de la route, tout le monde est dans le même bateau. 

Des revenus qui stagnent

Le revenu annuel médian des familles avec au moins un enfant au Québec en 2019 était de 94 040 $. 

Comparé à l’inflation, le chiffre n’a pas bougé en trois ans. 

Les Québécois doivent donc faire plus avec moins, et jamais autant que lors des sacro-saintes vacances estivales. 

Ne reste qu’à leur souhaiter bonne chance!  

Une visite au Parc Safari qui coûte près de 300 dollars 

Andréanne Richer est une fonctionnaire et mère de famille qui habite Repentigny, dans Lanaudière. Elle a choisi le Parc Safari, à Hemmingford, en Montérégie, pour réduire les dépenses. En effet, il offre plusieurs divertissements en un seul et même lieu.

Photo Francis halin

Andréanne Richer est une fonctionnaire et mère de famille qui habite Repentigny, dans Lanaudière. Elle a choisi le Parc Safari, à Hemmingford, en Montérégie, pour réduire les dépenses. En effet, il offre plusieurs divertissements en un seul et même lieu.

Essence, repas, billets... des familles obligées d’étirer l’élastique de leur budget de 200 $ à 300 $ pour aller voir les animaux du Parc Safari ressentent de plus en plus la pression financière.

Francis Halin
Le Journal de Montréal

«Tout a monté, alors veut veut pas, faut couper quelque part, alors les vacances, faut venir jouer un peu là-dessus», lance Ylanka Moreau, en vacances durant le congé de la garderie de son fils, Jayden.

Repas coûteux

«Juste aller dîner au Parc Safari, ça va coûter 70 $ certain pour deux personnes et un enfant de deux ans et demi», observe-t-elle, sous un soleil de plomb. 

À ses côtés, dans le stationnement bondé du Parc Safari, son conjoint Guillaume Bégin, qui a pris deux jours de congé avec sa petite famille, pense déjà au coucher pour être sûr de ne pas se retrouver le bec à l’eau le soir venu.

Hôtel cher

«Avant on trouvait des chambres à 100 $, 150 $, 179 $, mais maintenant en bas de 200 $, c’est assez rare de trouver quelque chose», souligne-t-il.

Au Parc Safari, les enfants de moins de deux ans peuvent entrer gratuitement, mais il faut payer 14,99 $ pour les bambins (2-3 ans) et 31,99 $ pour les 4 à 12 ans. Pour les adolescents et les adultes, il en coûte 48,99 $ par personne.

«Avec les entrées, l’essence et les repas, on doit être proche du 250 $», partage Andréanne Richer, une fonctionnaire enceinte de Lanaudière, que nous avons abordée à l’entrée du parc près des musiciens.

Pour réduire les dépenses, la mère de famille a opté pour le Parc Safari parce que l’endroit offre plusieurs divertissements à une seule et même place.

«On essaye des endroits payants pour les enfants, comme ici où il y a de l’eau et des activités comme le zoo», partage la mère de famille.

Un peu plus loin, Mohamed Rouissi, accompagné de sa femme et ses trois enfants chiffre aussi sa sortie à plusieurs centaines de dollars.

«Avec la nourriture, le gaz et tout, c’est une sortie de 300 dollars. Ça fait beaucoup d’argent», conclut l’homme, qui dit voir les prix exploser partout. 

Les clopes écopent, mais pas le reste 

Sylvain Rathé, qui est propriétaire d’un marché de la petite ville de Saint-Philippe, n’a pas l’impression que ses clients sont plus près de leurs sous qu’auparavant.

Photo Francis Halin

Sylvain Rathé, qui est propriétaire d’un marché de la petite ville de Saint-Philippe, n’a pas l’impression que ses clients sont plus près de leurs sous qu’auparavant.

Un propriétaire d’un marché de Saint-Philippe, en Montérégie, voit toujours autant de vacanciers qu’avant venir dépenser leur argent chez lui, à l’exception des cigarettes où il constate une baisse ces derniers mois.

Francis Halin
Le Journal de Montréal

«Les gens dépensent comme avant. S’ils ont le goût d’acheter de la bière, ils achètent de la bière», résume Sylvain Rathé, propriétaire du Marché, qui a l’allure d’un magasin général, à Saint-Philippe, dans la MRC de Roussillon.

«Le seul domaine où je ressens une diminution, c’est les cigarettes. Elles sont rendues chères. Les gens font plus attention», partage l’homme qui a un commerce planté en plein cœur de la ville aux cinq campings. 

Tendance qui se confirme

C’est aussi ce qu’a remarqué le géant Couche-Tard, comme l’avait rapporté Le Journal le mois dernier : avec l’inflation, les fumeurs ont tendance à se tourner davantage vers la cigarette de contrebande.

«Au Canada, on a vu un peu plus de pression dans la catégorie cigarette. Il semble y avoir un changement en raison du marché noir», avait noté son chef de la direction financière Claude Tessier. 

D’après Couche-Tard, il pourrait aussi y avoir eu une certaine hausse de la consommation de tabac durant la pandémie, qui s’est aujourd’hui dissipée.

Or, malgré l’essoufflement pour les cigarettes, le marché de Sylvain Rathé de la route Édouard VII, à Saint-Philippe grouille de vacanciers, qui passent vite comme l’éclair acheter des gâteaux McCain, des pâtés et sa «Pizza Québec».

«Je ne vois pas grand monde dire : je vais prendre le moins cher. Ils sont encore sur leur erre d’aller», observe l’homme entre deux commandes.

À la caisse, entre la crème solaire, l’aloès et les casquettes, le propriétaire de l’épicerie de quartier, qui a pris possession du commerce en 2001, n’a aucunement l’impression que les vacanciers ont plus de retenue qu’avant.

Même si les boîtes de conserve, comme les petits pois, ont des 30 cents ou 40 cents d’augmentation, les clients ne se privent pas.

«Ce n’est pas long, un petit achat de 60 $ ou 65 $, du bacon, des œufs, des céréales. Il n’y en a pas d’impact. Je pense que les gens continuent selon leurs habitudes», conclut l’homme d’affaires.

En mai dernier, l’Association des marchands dépanneurs et épiciers du Québec (AMDEQ) s’est dite déçue de voir que le budget du gouvernement Trudeau n’avait rien de concret pour limiter les frais facturés aux commerçants par les grands du crédit lors de transactions par cartes de crédit. 

Des vacances bien moins riches en activités, faute de moyens 

Eric Bernatchez et Audrey Jacques passent la saison estivale avec leurs familles respectives dans un camping en Montérégie. Cette année, ils ont dû changer certaines habitudes, dont réduire la durée des séjours, à cause de l’inflation.

Photo Hélène Schaff

Eric Bernatchez et Audrey Jacques passent la saison estivale avec leurs familles respectives dans un camping en Montérégie. Cette année, ils ont dû changer certaines habitudes, dont réduire la durée des séjours, à cause de l’inflation.

Moins de sorties, moins de restaurants, moins longtemps... Quand tout coûte plus cher et que le budget vacances n’est pas extensible, des familles n’ont pas d’autre choix que d’en faire moins que d’habitude. 

Hélène Schaff
Le Journal de Montréal

Avec le prix de l’essence en forte augmentation, Eric Bernatchez se considère d’autant plus chanceux d’avoir sa place tous les étés dans un camping de Saint-Jean-Baptiste en Montérégie. 

«Ça revient moins cher que de voyager à l’extérieur, nous explique le préposé à l’entretien de la Société des Transports de Montréal. Ici, on est bien, ça évite de faire des week-ends à Pointe-Calumet ou à Saint-Sauveur qui coûteraient plus cher.» 

Moins de restaurants

Cette année, le père de famille de Laval doit couper dans certaines dépenses de vacances alors que les prix sont tous en augmentation. 

«À cinq au restaurant, c’est rendu 150 $. Avant, on faisait deux restaurants par semaine, là c’est plutôt un aux deux semaines», commente le campeur.  

Un sondage de CAA Québec, effectué au printemps pour sonder les intentions de voyage des Québécois, montre qu’Eric Bernatchez et sa famille sont loin d’être seuls dans ce cas : 43 % des Québécois affirmaient que la hausse du prix de l’essence aurait un impact sur leurs vacances. 

Nicolas Ryan, directeur des affaires publiques chez CAA Québec, indique que «l’envie de voyager cette année est forte, mais on note des changements sur la distance de l’itinéraire, les déplacements une fois à destination et les dépenses en restauration et divertissement».

Le reste de l’année aussi

Et pour continuer à s’offrir des vacances, c’est aussi le reste de l’année qu’ils «se priveront un peu». 

Eric Bernatchez affirme que sa famille et lui iront moins souvent au cinéma et feront moins de sorties en famille ou entre amis, pour compenser.

Audrey Jacques, résidente de Laval, passe elle aussi tous les étés au camping. Quand elle entend son ami assis à côté d’elle parler de sorties, la jeune mère de famille lance avec une certaine nostalgie : «Les déjeuners en famille, le dimanche, c’était comme un rituel. Mais on n’y va plus. Qu’on soit en vacances ou pas, tout a augmenté, alors il faut réduire». 

Partir moins longtemps

L’autre tradition familiale dans laquelle l’éducatrice en service de garde a dû sabrer, à regret, c’est la semaine estivale en Gaspésie, région d’origine de son conjoint. 

«On part moins longtemps à cause du prix de l’essence. Avec l’inflation, le budget ne passait pas, il a fallu enlever deux jours. On partira cinq jours au lieu d’une semaine», explique-t-elle.

Ce samedi, ils partiront donc avec leurs bambins de trois et cinq ans pour Carleton-sur-Mer. Huit heures de route sans l’arrêt habituel pour une nuit à Rivière-du-Loup. Ils économiseront ainsi deux nuits d’hôtel et s’offriront, malgré tout, un tour de bateau autour du Rocher Percé.

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