C’est une page qui se tourne pour le Cirque du Soleil. Daniel Lamarre, qui dirigeait la destinée du groupe depuis plus de 20 ans, cède sa place à un comptable de formation, Stéphane Lefebvre, actuel chef de l’exploitation.
« On a travaillé ensemble pendant toute la crise, il a joué un rôle très important dans la restructuration de l’entreprise et dans la relance », a assuré M. Lamarre qui s’est dit impressionné par la maîtrise de son dauphin, lors des heures les plus sombres de la pandémie.
M. Lamarre assure que personne, ni le conseil d’administration ni l’actionnaire principal, le fonds Catalyst Group, ne l’ont poussé vers la sortie. « C’était ma recommandation de passer le flambeau. »
Car pour lui, le moment était bien choisi afin d’assurer « une transition harmonieuse ». M. Lamarre va d’ailleurs demeurer au sein de l’entreprise comme vice-président exécutif au conseil d’administration.
Il avoue qu’il sera au bureau « tous les jours » et qu’il pourra épauler le nouveau dirigeant dans sa périlleuse mission. « Je suis voisin de bureau de Stéphane, on se parle 10 fois par jour », dit celui qui va lancer un livre sur la créativité en janvier.
Photo Olivier Bourque
Stéphane Lefebvre
La fin d’un cycle
À l’évidence, il s’agit de la fin d’un cycle pour le groupe québécois. Depuis sa fondation, l’entreprise de divertissement a été dirigée principalement par des personnalités créatives.
Mais le nouveau dirigeant affirme être un grand admirateur du processus artistique et amorce son mandat « avec beaucoup d’humilité ».
« Je suis passionné des arts du cirque. [...] Et ce que je tiens à dire, c’est que nous avons une équipe de créateurs vraiment extraordinaire. Moi, ce que je veux faire, c’est réaffirmer le leadership créatif du Cirque », a-t-il affirmé.
Pour M. Lamarre, dans le secteur du divertissement, il est important d’avoir des dirigeants capables de chapeauter toutes les activités.
La confiance des actionnaires
« C’est ce que Stéphane peut offrir. [...]Mais il faut préserver notre créativité. Car si on la perd, nous sommes cuits », pense-t-il.
Ce dernier affirme aussi que M. Lefebvre a la confiance de joueurs clés de l’entreprise, notamment Gabriel de Alba, dirigeant du fonds torontois Catalyst Group, et Jim Moran, ancien patron de MGM, qui est aussi sur le conseil d’administration.
« On a développé une énorme complicité. [...] À quatre, on a créé un exécutif, on a vraiment leur appui, ça se passe très bien », assure M. Lamarre qui affirme ne pas ressentir de pression de rentabilité de la part des actionnaires.
Le dirigeant tenait aussi à nommer un patron québécois francophone. « Je le redis, le siège social est ici pour rester et la nomination de Stéphane est une illustration spectaculaire de cela. »
Photo AFP
Daniel Lamarre
Encore peu d’employés
Le nouveau patron va mettre toute son attention sur la relance du groupe et des spectacles dans les marchés porteurs comme Las Vegas, Montréal, Londres, Toronto ou Vancouver.
« On relance au fur et à mesure que les marchés s’ouvrent. Et les résultats sont spectaculaires », assure-t-il.
Selon le Cirque, les ventes dans la ville du jeu « sont meilleures qu’avant la pandémie ». Le groupe a aussi redémarré la machine à Miami et à Houston.
Malgré tout, l’entreprise ne fonctionne pas à plein régime. Au pire de la crise, il y avait une centaine d’employés actifs pour le Cirque. Ce nombre atteint maintenant 400, mais on est encore loin des 2500 employés d’avant la crise.
Le groupe assure aussi que sa situation financière s’est améliorée. Du jour au lendemain, le groupe était passé de revenus de 1 milliard à zéro. « On est vraiment en bonne position aujourd’hui. Je ne suis pas inquiet pour la santé financière de l’entreprise », dit-il.
Le Cirque du Soleil
Le nouveau dirigeant, Stéphane Lefebvre, est à l’emploi du Cirque depuis cinq ans
Il y a actuellement 400 employés (2500 avant la pandémie)
L’entreprise avait des revenus de 1 G$ avant la pandémie mondiale
Les six spectacles à Las Vegas, son principal marché, sont maintenant relancés
Stéphane Lefebvre entrera dans ses nouvelles fonctions à compter du 1er décembre.
Photo : Radio-Canada
Maud Cucchi
Stéphane Lefebvre devient le nouveau président et chef de la direction du Cirque du Soleil. Désireux de poursuivre la relance des spectacles, ce dirigeant financier chevronné évoque « un nouveau cirque à bâtir ».
Après des mois de confinement et de mesures sanitaires qui ont miné le spectacle sur scène, une situation pandémique encore périlleuse, M. Lefebvre dit vouloir réaffirmer le leadership créatif du Cirque du Soleil, autant sur scène que hors scène.
Sa tâche ne sera pas mince, d'autant qu'il succède à Daniel Lamarre, à la tête du Cirque du Soleil pendant plus 20 ans. Ce dernier assumera pour sa part le rôle de vice-président exécutif du conseil d'administration.
« C'est tout un honneur et un privilège de diriger une entreprise aussi iconique. »
Au service de l'entreprise depuis 2016, M. Lefebvre occupait les fonctions de chef de l'exploitation.
Ce gars de finances, comme le présente son prédécesseur, a entamé sa carrière chez PricewaterhouseCoopers où il s'est spécialisé en fusion-acquisition et insolvabilité. Avant de rejoindre le Cirque, le haut dirigeant travaillait pour la multinationale CAE, où il a gravi les échelons jusqu'au poste de vice-président, finances et chef de la direction financière.
Il a ensuite osé le grand écart entre l'industrie aéronautique et celle du spectacle, une gageure, se souvient Daniel Lamarre.
À l'époque, j'avais les genoux en sang, parce que ça m'a pris beaucoup de conviction pour le convaincre de quitter cette entreprise-là, reconnaît sans ambages M. Lamarre, heureux que sa recrue ait évolué à un rythme exponentiel au sein du Cirque.
« Il fait l'unanimité auprès de nos gestionnaires et de nos employés. »
Stimuler la reprise
L'annonce de sa nomination, mardi, survient dans une période tourmentée, car l’entreprise établie à Montréal a traversé la pire crise de son histoire avec une quarantaine de spectacles annulés et la mise à pied de 95 % de son personnel en mars 2020.
Mais c'est justement son habile gestion de la crise qui a convaincu Daniel Lamarre de lui confier les rênes de cette multinationale du divertissement. On a développé une complicité qui ne s'est pas démentie et qui facilitait le plan de transition, assure le président sortant.
Les spectacles en résidence à Las Vegas et à Orlando ont repris l'affiche cet été, tandis que la production phare Alegria a retrouvé le chemin des tournées depuis deux semaines.
À date, les choses vont franchement très bien, autant d’un point de vue de la réaction du public, des ventes de billets que la façon dont la relance s’est opérationnalisée, s'est félicité le nouveau grand parton, en citant la toute nouvelle production Drawn to Life, en partenariat avec Disney.
« Les employés ont travaillé très fort et souvent avec très peu de ressources pour relancer les activités. »
Le Cirque du Soleil employait environ 4900 personnes dans plusieurs pays avant la pandémie et ne fonctionne présentement qu'avec environ la moitié de ces effectifs. Une centaine de postes devraient toutefois être affichés dans les prochaines semaines, a indiqué le nouveau patron.
Après 21 ans comme président et chef de la direction du Cirque du Soleil, Daniel Lamarre passera dès mercredi le flambeau à celui qui a été son bras droit pendant la pandémie, Stéphane Lefebvre. Mais le flamboyant président ne quitte pas les bureaux de l’entreprise pour autant, puisqu’il y restera à titre de vice-président exécutif du conseil d’administration.
Josée LapointeLa Presse
« Plus tard, si on me le demande, je dirai que l’accomplissement dont je suis le plus fier, c’est d’avoir assuré la relève », dit Daniel Lamarre, qui a travaillé aux côtés de Guy Laliberté pendant plus de 15 ans.
Homme de vision, il a piloté au cours de deux décennies les nombreux projets d’expansion du Cirque, souvent avec succès, parfois moins. S’il a consolidé la présence du Cirque à Las Vegas et réussi à créer un spectacle permanent en Chine, ses tentatives d’implanter le fleuron québécois à New York sont par exemple restées infructueuses.
Alors que l’entreprise établie à Montréal vient de traverser la pire crise de son histoire – 44 spectacles annulés et 95 % du personnel mis à pied en mars 2020 –, Daniel Lamarre a senti le besoin de lui assurer une transition douce et harmonieuse. L’annonce a été faite officiellement mardi après-midi, mais nous avons pu le rencontrer dans les bureaux du siège social du Cirque du Soleil lundi.
« Vous parlez à un gars très heureux aujourd’hui », nous a dit l’homme de 68 ans, qui a activement préparé le terrain pour son successeur.
Je passe le flambeau parce que je pense au long terme. Il y a juste une façon d’apprendre la job de CEO, c’est de l’être. Pour assurer l’avenir du Cirque pour au minimum les 10 prochaines années, ça prenait quelqu’un pour prendre la pôle. Et je l’avais sous la main.
Daniel Lamarre
Embauché par le Cirque du Soleil en 2016 comme chef de la direction financière, après avoir occupé ce poste chez CAE où il a travaillé pendant 20 ans, Stéphane Lefebvre a travaillé étroitement avec Daniel Lamarre pour naviguer dans les eaux houleuses de la pandémie.
« On est allés à la guerre ensemble, illustre Daniel Lamarre. On a vécu les tranchées pendant des mois. »
Il y a un an, le patron a recommandé que Stéphane Lefebvre soit nommé chef de l’exploitation, ce qui envoyait « un message clair » au conseil d’administration quant à la « transition de leadership » à laquelle il réfléchissait déjà.
« Et il s’est vraiment démarqué. Alors à la dernière réunion du C. A., j’ai recommandé qu’il devienne le président et chef de la direction du Cirque du Soleil, recommandation qui a été acceptée. On a aussi convenu, à leur demande, que je resterais comme vice-président exécutif du conseil. Ce qui signifie que je demeure à temps plein pour le Cirque, et que mon rôle va servir à faciliter la transition. »
Le meilleur des deux mondes
L’entreprise se retrouve ainsi avec « le meilleur des deux mondes », estime Daniel Lamarre, « parce qu’ils vont avoir un nouveau président et chef de la direction énergique pour plusieurs années à venir, et en même temps je serai là pour l’appuyer ».
Daniel Lamarre mettra encore à profit son carnet de contacts bien garni partout dans le monde, et son sens de la créativité toujours aiguisé. Bref, on est loin d’une retraite.
« Je demeure là, dans le bureau voisin, et je serai toujours disponible pour Stéphane. »
« Daniel, il n’arrêtera jamais de bouger », laisse tomber Stéphane Lefebvre. « Le processus est clair, comme CEO, tu deviens responsable de la business, ajoute-t-il. Mais ça va être facile de traverser dans son bureau, comme je l’ai fait 1000 fois dans la dernière année, pour lui demander conseil. Je suis super content, je me sens choyé, c’est un honneur et un privilège de devenir le président d’une compagnie comme le cirque. Et une chance incroyable d’avoir Daniel Lamarre qui reste pour m’aider. »
« Nous avons la chance d’avoir mis en place un plan de transition harmonieux qui assure le succès à long terme de l’entreprise, », a déclaré dans un communiqué Gabriel de Alba, directeur général et associé de The Catalyst Capital Group inc. et coprésident avec Jim Murren du conseil d’administration du Groupe Cirque du Soleil.
« Stéphane Lefebvre, qui travaille au Cirque du Soleil depuis 2016, a fait preuve de solides connaissances et d’un grand leadership tout au long du processus de transition et de l’acquisition par notre groupe d’actionnaires. Il assume maintenant la direction de l’entreprise, avec le soutien de Daniel Lamarre, et a l’entière confiance du conseil dans sa capacité à diriger l’organisation. […] Nous sommes heureux que cette nouvelle ère de croissance soit dirigée par une personne déjà bien positionnée au sein de l’organisation, qui croit en l’extraordinaire vision artistique du Cirque du Soleil, et qui saura nourrir cette vision et la porter vers de nouveaux sommets. »
La suite
Une transition sans animosité « comme souvent ça arrive » dans ce genre de situation, menée par « deux gars qui ont une belle complémentarité » : Daniel Lamarre ne peut demander mieux. Et elle assure même, selon lui, le maintien du siège social à Montréal.
« Non seulement il est maintenu, mais réaffirmé par cette nomination, précise-t-il. C’est important de lancer le bon signal. Moi, je n’ai jamais eu de doutes là-dessus, et je trouve le fun d’envoyer un autre message de stabilité. »
Mais c’est maintenant le temps de « passer à la prochaine étape », dit Daniel Lamarre. Alors que la machine du Cirque est repartie et qu’environ 2000 employés ont recommencé à travailler, 2022 sera consacrée à la « suite de la relance ».
« Il y a encore beaucoup de spectacles à relancer et c’est notre priorité numéro un, dit Stéphane Lefebvre. Ça, c’est à très court terme. Mais nous voulons aussi réaffirmer le leadership créatif du Cirque du Soleil, qui est son essence, et il faut déjà commencer à préparer des créations pour 2023, 2024. »
Par exemple, on présentera l’été prochain sous le chapiteau du Vieux-Port le spectacle Kooza, qui avait été créé en 2007, puis on « reprendra la cadence des nouveaux spectacles à Montréal à partir de 2023 ».
Ce qui est clair pour Daniel Lamarre, c’est qu’après avoir été « fragilisé par la pire crise de son histoire », le Cirque du Soleil en est maintenant sorti.
« On n’est plus fragiles, et aujourd’hui on a l’appui de nos actionnaires, et les ressources financières. On a une belle solidité qui nous permet de voir l’avenir de façon optimiste. »
C’est quand même une page d’histoire qui se tourne, mais pour lui, par question de regarder en arrière.
« Je ne suis pas un nostalgique, je regarde plus vers l’avenir, et quand je dis ça, je regarde mon collègue. J’ai eu la chance de le trouver, de le choisir, de l’appuyer dans cette nouvelle page d’histoire, et en plus l’entreprise veut que je continue à contribuer. C’est formidable. »
Cinq réussites
Nous avons demandé à Daniel Lamarre de nommer et commenter cinq réalisations dont il est particulièrement fier. Voici ce qu’il nous a répondu.
Création de Varekai
« C’était le premier nouveau spectacle depuis mon arrivée. J’avais la chance d’observer aux premières loges le processus de création et d’apprendre du maître Guy Laliberté. C’était également le premier grand succès du Cirque du Soleil après le départ de Franco Dragone. Mise en scène de Dominique Champagne. »
Négociation avec les Beatles
« Ce long processus avec Guy et mon collègue Robert Blain m’a appris à ne jamais lâcher pour atteindre les plus grands. Une belle réussite ! »
La création de KÀ sous la direction de Robert Lepage
« Un théâtre et une production qui dépassent l’imaginaire. Plein d’obstacles à franchir pour atteindre de nouveaux sommets. »
Ma rencontre avec James Cameron
« Avoir la chance de travailler avec James Cameron, l’un des plus grands artistes de la planète, pour la production du spectacle Toruk inspiré par le film Avatar. »
L’ouverture du nouveau spectacle Drawn to Life
« Notre toute dernière production, Drawn to Life, à Disney Springs à Orlando, symbolise pour moi le retour sur scène retentissant du Cirque du Soleil. Quelle œuvre exceptionnelle réalisée par Michel Laprise ! »
Le salaire global des employés de l'État québécois est inférieur de 27,5 % à celui de le leurs confrères des sociétés d’État, des universités, des municipalités et du fédéral, selon l'Institut de la statistique du Québec.
Photo : Radio-Canada / Pierre-Paul Couture
Une analyse de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) révèle que le secteur privé a rattrapé le retard salarial qu'il accusait avec les fonctionnaires québécois. Les employés de l'État québécois gagnent 27,5 % de moins que leurs confrères des sociétés d’État, des universités, des municipalités et des institutions fédérales.
Le calcul de la rémunération globale tient compte des salaires, des avantages sociaux et des heures de présence au travail (les heures normales de travail moins les heures chômées payées), précise l’ISQ.
Quand on la compare à l’ensemble des autres salariés québécois travaillant dans les entreprises et organisations de 200 employés et plus, la rémunération globale des employés de l’État québécois affiche un retard de 9,4 % pour l’année 2021.
Si cet écart est demeuré somme toute assez stable depuis 2020, les chercheurs de l’ISQ constatent que la situation salariale des fonctionnaires québécois s’est affaiblie entre 2012 et 2021.
Au cours de la dernière décennie, l’écart du salaire global des fonctionnaires québécois avec les travailleurs d’entreprises et d’organisations de 200 employés et plus est passé de 6,3 % en 2012 à 9,4 % en 2021.
Avec les employés du secteur privé, l’écart est passé de +3,3 % en 2012 à -1,6 % en 2021. Le secteur privé a donc rattrapé et même dépassé ces dix dernières années le salaire global offert aux fonctionnaires du Québec.
Enfin, en 2012, le salaire des employés des autres administrations publiques (villes, fédéral, universités, etc.) était quant à lui de 26,2 % plus élevé que celui des fonctionnaires du Québec, alors qu’il est aujourd’hui de 27,5 %.
Si on ne tient compte que du salaire…
À la lumière des données consultées, les chercheurs de l’Institut de la statistique ont aussi constaté que même en ne considérant que le salaire – sans tenir compte des autres avantages monnayables – les employés de l’administration québécoise sont encore sous-payés.
Les salaires versés dans le secteur privé pour des emplois similaires égalent ou dépassent désormais ceux qui sont offerts aux fonctionnaires québécois.
Photo : Radio-Canada
En analysant uniquement le salaire, on constate que l’administration québécoise présente une moyenne salariale inférieure à celle qu’affichent l’ensemble des autres salariés québécois (–17,6 %) et le secteur privé (–14,9 %) en 2021, peut-on lire dans le rapport de l’ISQ.
« Par rapport aux salariés des autres secteurs publics, ceux de l’administration québécoise affichent un retard de 24,5 % en 2021. »
Pour expliquer la différence entre les écarts notés entre le salaire et le salaire global, l’ISQ explique qu'ils sont attribuables au fait que les fonctionnaires du Québec ont des semaines de travail de 35,8 heures, alors que les autres travailleurs québécois font en moyenne des semaines de 37,4 heures.
De plus, souligne l’ISQ, les congés (heures chômées payées) représentent plus de dépenses pour l’administration québécoise (15,7 % du salaire) que pour les employeurs des autres salariés québécois (14,6 %) et pour les employeurs du secteur privé (13,2 %).
Rien pour améliorer la pénurie de main-d'œuvre
La publication de ces données fait réagir les organisations syndicales qui représentent les centaines de milliers de salariés de l’État québécois.
Au Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), on estime que le maintien de ces écarts salariaux ne peut qu’accentuer la pénurie de main-d’œuvre qui affecte déjà la fonction publique québécoise.
Selon la centrale syndicale qui négocie depuis deux ans avec le gouvernement du Québec pour renouveler les conventions collectives de ses 40 000 membres, le personnel technique accuse un retard de 19,6 % par rapport aux autres salariés et le personnel de bureau un retard de 21,7 %. Chez le personnel ouvrier, l’écart atteint 36,4 %, selon un communiqué du syndicat.
« Le personnel de l’État québécois, comme les personnes agentes de bureau, inspectrices et techniciennes, pour ne nommer que celles-là, sont loin d’être des privilégiées comme certains le prétendent. »
La ministre responsable de l’Administration gouvernementale et présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, doit donner un coup de barre rapidement à la table de négociation, car l'absence de conditions attractives accentue la pénurie de main-d’œuvre et affecte inévitablement le bon fonctionnement des services à la population, explique le président général du SFPQ, Christian Daigle.
Les vaccins existants contre la COVID-19 seront moins efficaces contre le variant Omicron et il faudra plusieurs mois pour mettre au point un nouveau vaccin, a déclaré le patron de l'entreprise pharmaceutique américaine Moderna dans une entrevue publiée mardi dans le «Financial Times».
Stéphane Bancel estime qu'il y aura une «baisse significative» de l'efficacité des vaccins. «Tous les scientifiques à qui j'ai parlé (...) disent "cela ne va pas le faire"», selon lui.
Il a indiqué au quotidien que des données sur l'efficacité des vaccins actuels seront disponibles dans les deux prochaines semaines.
Cette mise en garde de M. Bancel intervient alors que les ministres de la Santé du G7 se sont réunis en urgence pour évoquer ce nouveau variant qui se propage à travers la planète et que de nouveaux pays ont décidé de fermer à nouveau leurs frontières.
Écoutez l'entrevue du V.P sciences et vaccins chez Nexelis, Luc Gagnon, avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que ce nouveau variant du coronavirus présente «un risque très élevé» au niveau mondial.
M. Bancel a expliqué que les chercheurs sont inquiets car 32 des 50 mutations trouvées dans le variant Omicron se trouvent dans la protéine spike, clef d'entrée du virus dans l'organisme.
Selon lui, le vaccin actuel n'aura pas «le même niveau d'efficacité que celui que nous avions contre le variant Delta».
Moderna a déjà annoncé son intention de développer une dose de rappel spécifique pour ce nouveau variant, tout comme le laboratoire américain Pfizer.
Le patron de laboratoire a estimé que son entreprise est en mesure de fournir entre 2 et 3 milliards de doses en 2022, mais qu'il serait dangereux d'orienter toute la production vers un vaccin spécifique au variant Omicron alors que d'autres souches du virus circulent toujours.
(Washington) Victime brutale de la pandémie, l’économie mondiale, en pleine convalescence, est déjà affectée par le variant Omicron qui s’accompagne de mesures de restriction, notamment dans le secteur du transport aérien.
Delphine TOUITOUAgence France-Presse
Signalée pour la première fois il y a moins d’une semaine à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Afrique du Sud, cette nouvelle souche a été depuis identifiée, du Pacifique à l’Europe, en passant par le Canada, amenant une quarantaine de pays à annoncer des restrictions de voyage.
La gravité de l’impact économique dépendra de la dangerosité avérée de ce nouveau variant, de la couverture vaccinale de la population mondiale ainsi que de la résistance d’Omicron aux vaccins disponibles.
Prévisions abaissées
Mais, du scénario le plus favorable aux hypothèses les plus sombres, les économistes planchent déjà sur de nouvelles prévisions 2022, toutes revues à la baisse.
Le Fonds monétaire international martèle depuis des mois que la COVID-19 reste le principal risque pour l’économie mondiale et exhorte à accélérer la vaccination. En octobre, il tablait sur une croissance de 4,9 % pour l’an prochain.
L’impact économique pourrait être « modeste » de l’ordre de 0,25 point de pourcentage sur la croissance mondiale 2022 si Omicron provoque « des symptômes relativement modérés » et que les vaccins sont « efficaces », souligne Gregory Daco, chef économiste chez Oxford Economics.
Dans le scénario du pire où ce variant s’avérait extrêmement meurtrier avec l’obligation de confiner une large partie de la population mondiale, la croissance 2022 pourrait être amputée de près de la moitié, tombant à 2,3 % contre 4,5 % estimés par Oxford Economics avant l’apparition de ce variant.
Et, dans un tel scénario, il n’est pas sûr que les gouvernements, qui ont déversé des milliers de milliards de dollars d’aide depuis le début de la pandémie, soient disposés à prendre de nouvelles mesures de relance fiscale surtout si les vaccins sont disponibles, observe Gregory Daco.
« Ces aspects seront clés pour déterminer dans quelle mesure cela va affecter l’économie mondiale et le comportement des gens », souligne également Erik Lundh, économiste au Conference Board.
Autorestriction et pénuries
Au-delà des mesures prises par les gouvernements pour contenir la propagation d’Omicron, la peur d’être infectée pourrait conduire la population à s’imposer elle-même des restrictions sur les voyages ou les sorties aux restaurants, par exemple, réduisant la consommation et donc la croissance, poursuit-il.
Autre risque : l’exacerbation des problèmes sur les chaînes d’approvisionnement mondiales et des pressions inflationnistes.
Car « une grande partie du fret aérien transite par les vols transportant les passagers », rappelle Erik Lundh.
« S’il y a des annulations de vols, une interruption de la demande de vols commerciaux pour les passagers, cela risque de limiter […] le fret aérien », dit-il.
De plus, une vague d’infections par Omicron « pourrait amener certains travailleurs à quitter temporairement le marché du travail et dissuader d’autres d’y revenir, aggravant les pénuries de main-d’œuvre actuelles », a commenté Neil Shearing, chef économiste de Capital Economics dans une note.
Jamais un variant de la COVID-19 n’avait provoqué autant d’inquiétude depuis l’émergence de Delta, déjà très contagieux.
Le président américain Joe Biden a toutefois estimé lundi qu’il n’y avait « pas de raison de paniquer », même si les États-Unis sont en « état d’alerte avancée ».
Du côté des fabricants de vaccins, AstraZeneca comme Pfizer/BioNTech, Moderna et Novavax se sont dits confiants dans leur capacité à combattre ce variant.
Hausse des taux d’intérêt compromise ?
Pour autant, la menace d’un nouveau variant, potentiellement plus grave, va compliquer la tâche des banques centrales qui pourraient « reporter leurs plans d’augmentation des taux d’intérêt jusqu’à ce que la situation soit plus claire », avance Neil Shearing.
La Réserve fédérale (Fed) doit se réunir le 15 décembre, plusieurs autres dont la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre le lendemain.
« Nous saurons l’essentiel de ce qu’il y a à savoir (sur Omicron) d’ici quelques semaines », a assuré lundi le PDG de Pfizer, Albert Bourla, sur la chaîne américaine CNBC.
En attendant, « l’incertitude est dommageable », note Gregory Daco. « Chaque fois que l’on revient dans un climat d’incertitude et de peur, cela ralentit le rétablissement de l’économie mondiale ».
Lundi, le président de la Fed Jerome Powell a lui-même prévenu : Omicron est un risque pour l’économie américaine, un des moteurs avec la Chine et l’Europe de l’activité mondiale.
Le PDG d'EVLO, Guillaume Hayet, a présenté le nouveau système de stockage de l'entreprise, d'une capacité d'un mégawattheure.
Photo : Radio-Canada
La filiale d'Hydro-Québec EVLO veut profiter de la transition énergétique pour s'imposer. Moins d'un an après sa création, elle a mis au point son troisième système de stockage d'énergie, d'une capacité d'un mégawattheure.
Baptisé EVLO 1000, il sera notamment vendu aux producteurs et aux distributeurs d'électricité qui œuvrent dans le secteur des énergies renouvelables et pour qui l'enjeu du stockage est primordial.
C'est important de capter l'énergie quand elle est produite, que ce soit de l'éolien, de l'hydroélectricité ou du vent pour pouvoir la libérer au consommateur quand il y a un besoin de consommation. La batterie sert à ça. C'est la clé dans la transition énergétique, explique le PDG d'EVLO, Guillaume Hayet.
Grâce à cette nouvelle batterie plus puissante, la filiale d'Hydro-Québec espère se tailler une place enviable dans ce créneau. On attaque un marché en très forte croissance, 30 % d'augmentation année après année. Si on regarde le marché visé, on parle de plus de 10 G$ US en 2030, et nous on veut capter pas moins de 10 % de ce marché-là, poursuit M. Hayet.
Le grand patron d'EVLO affirme que l'entreprise a soumis sa candidature dans le cadre de plusieurs appels d'offres au Canada, aux États-Unis et en Europe. Dès mercredi, elle présentera son nouveau produit au congrès de l'association américaine du stockage d'énergie (ESA), à Phoenix, en Arizona.
Avec une capacité d'un mégawattheure, le système peut alimenter en électricité l'équivalent de 200 maisons pendant une heure. Outre le stockage de l'énergie renouvelable, il permet aussi d'emmagasiner de l'énergie pour la redistribuer lors des périodes de pointe, ou encore de remplacer des génératrices à essence lorsque des travaux sont effectués sur le réseau électrique.
Hydro-Québec utilisera d'ailleurs les premiers systèmes EVLO 1000 au cours des prochains mois dans le secteur de Parent, en Haute-Mauricie, pour alimenter ses abonnés de la région lors de travaux sur une ligne de transport à haute tension.
Une technologie sécuritaire et écoperformante
Pour atteindre ses objectifs ambitieux, EVLO tentera de convaincre ses clients potentiels que sa batterie est plus sécuritaire et plus verte que celles vendues par certains de ses concurrents.
L'entreprise utilise des batteries au phosphate de fer lithié (LFP), réputées pour avoir une stabilité chimique et thermique supérieure à celle d'autres types de batteries, ce qui réduirait notamment les risques d'incendie.
Le système EVLO 1000 est muni de plus de 200 capteurs pour évaluer la température interne, ainsi que d'un système de détection des émissions d'hydrogène.
EVLO affirme que la durée de vie de sa nouvelle batterie peut atteindre jusqu'à 20 ans, et qu'elle est recyclable à 99 %. C'est écoperformant, il n'y a pas de métaux rares comme le cobalt, comme dans d'autres batteries, souligne Guillaume Hayet.
Le système de stockage peut aussi être contrôlé au moyen d'un logiciel qui peut être installé sur un téléphone cellulaire. Ça permet de donner des commandes à distance, comme arrêter et démarrer, et de superviser toutes les données d'opération, indique le vice-président au développement des affaires chez EVLO, Martin Rheault.
Les batteries développées par EVLO sont présentement usinées en Asie. L'armature du système de stockage et l'assemblage final sont, quant à eux, effectués dans les installations de CMP, à Châteauguay.
C'est d'ailleurs à EVLO que l'entreprise doit sa croissance récente. Selon le vice-président qualité et amélioration continue, Martin Prévost, les commandes passées par la filiale d'Hydro-Québec pourraient bientôt représenter 15 % de son chiffre d'affaires. Le stockage d'énergie, c'est la direction que CMP a décidé de prendre pour poursuivre sa croissance.
La centrale solaire Gabrielle-Bodis d'Hydro-Québec, à La Prairie, au Québec
Photo : Hydro-Québec
Des systèmes au Québec et en France
Depuis sa naissance, EVLO a déjà commercialisé deux autres systèmes de stockage, d'une capacité de 125 et de 500 kilowattheures. Hydro-Québec procède présentement à l'installation de huit unités de 500 kWh à sa centrale solaire de La Prairie, en Montérégie.
Coupler des batteries à une centrale solaire sert à capter un maximum d'énergie le jour quand le soleil brille, et de pouvoir la redistribuer quand le soleil est couché, explique M. Rheault.
Des unités de stockage ont aussi déjà atterri en France, dans le cadre du projet Tonnerre, qui permettra d'emmagasiner 9 mégawattheures d'électricité provenant d'un parc éolien détenu par la société québécoise Innergex en Bourgogne-Franche-Comté.
(Montréal) L’association des producteurs de sirop d’érable du Québec libère la moitié de sa « réserve stratégique » dans le but de faire face à une pénurie mondiale de « l’or blond » québécois.
Virginie AnnLa Presse Canadienne
Hélène Normandin, directrice des communications pour les Producteurs et productrices acéricoles du Québec, a indiqué lundi que l’organisation mettrait sur le marché mondial d’ici février 23 millions de kilogrammes de sirop d’érable – une valeur d’environ 150 millions $.
« Ce n’est pas inquiétant, parce qu’on a une réserve. Si on n’en avait pas une, on serait dans le trouble. La réserve, c’est justement pour ça », a expliqué Mme Normandin, qui affirme que la demande de sirop d’érable dépasse l’offre cette année.
Elle explique que les exportations de sirop d’érable canadien – essentiellement du Québec – ont augmenté de 20 % depuis janvier 2020.
Par ailleurs, l’hiver particulièrement clément l’année dernière a fait baisser la production d’environ 18 millions de kilogrammes de sirop par rapport à l’année précédente, pour se chiffrer à 60 millions de kilogrammes.
« On travaille avec la nature, on sait que c’est normal et que toutes les saisons ne sont pas pareilles », a indiqué Hélène Normandin.
Elle a mentionné que l’augmentation de la demande s’explique notamment par le fait que les États-Unis ne disposent pas de leur propre réserve de sirop.
« L’année en cours ne suffit pas. Leur sirop qui a été produit en 2021 a tout été vendu et ils pigent davantage chez nous », a-t-elle déclaré.
Mme Normandin assure que les consommateurs ne devraient pas s’inquiéter parce que son organisation a créé justement une réserve stratégique pour faire face à de telles pénuries saisonnières. Cette réserve, créée en 2000, peut contenir jusqu’à 45 millions de kilogrammes de sirop d’érable.
« Ça stabilise l’offre, dans des situations où on produit un peu moins ou alors que la demande augmente. On est en mesure de toujours répondre, ce n’est pas uniquement la production annuelle qui va permettre de répondre à la demande de sirop d’érable cette année, mais du fait qu’on a une réserve pour piger et combler », a ajouté Hélène Normandin.
Le Québec produit près des trois quarts de l’approvisionnement mondial en sirop d’érable et exporte ce produit dans plus de 60 pays.
La directrice des communications pour les Producteurs et productrices acéricoles du Québec a déclaré que pour éviter de futures pénuries, sept millions d’arbres supplémentaires au cours des trois prochaines années s’ajouteront aux 50 millions qui sont entaillés chaque année dans la province.
« Peut-être que nous en ajouterons encore plus (des arbres) – il y a encore de la place si tout le monde commence à consommer du sirop d’érable dans le monde ! »
De nombreux amateurs de vin pourront amorcer la semaine du bon pied. Une entente a été conclue entre la Société des alcools du Québec (SAQ) et le syndicat des employés des centres de distribution de Québec et de Montréal.
Il n'y aura donc pas de nouvelle grève lundi matin.
La SAQ et les employés avaient conclu une trêve la semaine dernière pour permettre aux négociations d'avancer. Selon le Syndicat canadien de la fonction publique, c'est la décision de la SAQ de ne pas recourir à des briseurs de grève qui a fait évoluer le climat des négociations.
L'entente de principe a été conclue vers 4h30 lundi matin, confirme le conseiller syndical Michel Gratton.
L'offre sera présentée au membre dans les plus brefs délais et soumise au vote dans les 8 prochains jours.
[On a appelé les gens] pour leur recommander de revenir au travail et de ne pas faire de piquet de grève ce matin, ajoute le syndicaliste.
Les détails de l'entente sont inconnus pour le moment.
Les tablettes des succursales de la SAQ étaient plus dégarnies qu'à l'habitude dans les derniers jours en raison de ce conflit de travail.