Alors qu’Air Transat annonçait vendredi reprendre ses activités après avoir suspendu ses opérations durant plus de six mois en raison de la pandémie de COVID-19, les signaux de la reprise de l’industrie aérienne canadienne demeurent globalement mitigés, selon les experts.
Bien que le nombre d'avions dans le ciel canadien ne cesse d'augmenter un peu plus chaque jour, les compagnies aériennes demeurent confrontées à de nombreux défis durant cette période de redémarrage.
Le Canada entamera sa réouverture des frontières aux voyageurs pleinement vaccinés à compter du 9 août. Cela a permis aux compagnies comme Air Transat, Air Canada, Porter et Westjet de planifier déjà une augmentation du nombre de vols à leur horaire en destination de nos voisins du sud.
Air Transat a notamment annoncé vendredi sa reprise progressive avec trois vols commerciaux : Punta Cana-Montréal, Montréal-Punta Cana et Vancouver. Près de 800 employés étaient ainsi de retour au travail.
Le transporteur aérien avait cessé toute activité depuis l’annulation par Ottawa de tous les vols vers les destinations soleil, le 29 janvier, et avait ensuite prolongé la suspension de ses activités en raison des restrictions sanitaires.
Compte tenu des signes encourageants et du bon avancement des campagnes de vaccination, la compagnie a décidé d'amorcer sa reprise. Celle-ci a notamment promis, au plus fort de la saison, 24 liaisons vers 16 destinations au Canada, aux États-Unis, dans le Sud et en Europe.
Et ce n’est pas un hasard si cette reprise débute avec des destinations vers l’étranger, selon le spécialiste en aviation Mehran Ebrahimi.
Notre vache à lait vient de l’international
, explique-t-il. C’est très différent des États-Unis où le marché intérieur représente près de 300 millions de personnes. Nous en avons 30 millions au Canada et notre marché intérieur est faible.
Par ailleurs, une nouvelle concurrence s'ajoute aux défis qui attendent l’industrie aérienne canadienne. De nouveaux transporteurs s'introduisent sur le marché, tels que Off We Go, de la filiale Nolinor Aviation, qui offrira des liaisons vers le sud dès cet automne, ou encore la compagnie Flair Airlines Manitoba, qui proposera de bas prix sur des vols intérieurs, en plus d’ajouter des vols vers les États-Unis.
Il y a un changement de marché. Les acteurs majeurs, comme Air Canada, ont réduit les prix pendant longtemps parce qu’ils avaient les reins solides financièrement parlant. Mais cette fois-ci, les règles du jeu ont changé
, précise Mehran Ebrahimi.
La requalification des pilotes
Les compagnies doivent désormais concilier une croissance incertaine du volume de leurs vols avec un processus de rappel complexe de leurs mains-d'œuvre.
Des milliers de pilotes mis à pied depuis les restrictions sanitaires doivent notamment suivre une formation de requalification avant de reprendre les commandes d’un appareil. En plus d’examens théoriques, ce sont au moins 25 heures de vols supervisés sur un simulateur qui les attendent avant de passer une évaluation en ligne.
C’est une logistique étourdissante. Il n’y a pas autant de simulateurs qu’on en aurait besoin, il y a deux ou trois simulateurs disponibles. Ils sont utilisés 22 heures par jour jusqu'à l’été prochain pour requalifier nos pilotes.
Et ces pilotes ne savent pas encore quand ils seront rappelés par leur ancien employeur. Certains ont trouvé des emplois temporaires, à l'instar de Hans Obas, qui est employé dans une petite compagnie d’aviation en attendant la reprise.
On n’a pas de garantie de savoir quand ce rappel va arriver
, déplore le pilote. L'industrie pourrait repartir beaucoup plus rapidement qu’on ne le pense, tout comme le variant Delta pourrait bien faire des dommages impactant à nouveau l’industrie.
Cette incertitude pèse lourd quand elle s'ajoute aux problèmes personnels causés par les mises à pied massives dans l’industrie, ajoute-t-il. Hypothèques, dépressions, divorces, On n’a même eu malheureusement un pilote qui s’est suicidé, on en a d’autres qui ont eu des faillites
, illustre M. Obas.
À toutes ces questions de ressources humaines s’ajoutent les défis concernant l’équipement, qui doit être inspecté et entretenu minutieusement avant son retour sur le tarmac. Tout cela a un coût financier élevé.
Une reprise fragile
L’Association internationale du transport aérien dévoilait en outre, mercredi, des résultats décevants quant au volume du trafic aérien recensé en juin : les vols internationaux n’ont récupéré qu’un cinquième de leur niveau prépandémie en 2019.
Le directeur général de l’association, Willie Walsh, s’est notamment dit préoccupé par le reconfinement annoncé en Australie en raison d’une résurgence de la pandémie ainsi que par le maintien des restrictions aux frontières américaines.
Par contre, il note qu’aux États-Unis, le nombre de vols intérieurs continue d’augmenter et le retour à la normale pourrait être plus rapide que prévu.
D'après le reportage de Yessica Chavez
Une reprise du secteur aérien sous le signe de l'incertitude - Radio-Canada.ca
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